[4,1,8] 8. Περὶ δὲ τῶν τοῦ Ῥοδανοῦ στομάτων Πολύβιος μὲν ἐπιτιμᾷ Τιμαίῳ, φήσας
εἶναι μὴ πεντάστομον, ἀλλὰ δίστομον· Ἀρτεμίδωρος δὲ τρίστομον λέγει.
Μάριος δὲ ὕστερον, ὁρῶν τυφλόστομον γινόμενον ἐκ τῆς προς χώσεως καὶ
δυσείσβολον καινὴν ἔτεμε διώρυχα, καὶ ταύτῃ δεξάμενος τὸ πλέον τοῦ
ποταμοῦ Μασσαλιώταις ἔδωκεν ἀριστεῖον κατὰ τὸν πρὸς Ἄμβρωνας καὶ
Τωυγενοὺς πόλεμον· ἐξ οὗ πλοῦτον ἠνέγκαντο πολύν, τέλη πραττόμενοι τοὺς
ἀναπλέοντας καὶ τοὺς καταγομένους· ὅμως οὖν ἔτι μένει δυσείσπλοα διά τε
τὴν λαβρότητα καὶ τὴν πρόσχωσιν καὶ τὴν ταπεινότητα τῆς χώρας, ὥστε μὴ
καθορᾶσθαι μηδ' ἐγγὺς ἐν ταῖς δυσαερίαις. Διόπερ οἱ Μασσαλιῶται πύργους
ἀνέστησαν σημεῖα, ἐξοικειούμενοι πάντα τρόπον τὴν χώραν· καὶ δὴ καὶ τῆς
Ἐφεσίας Ἀρτέμιδος κἀνταῦθα ἱδρύσαντο ἱερόν, χωρίον ἀπολαβόντες ὃ ποιεῖ
νῆσον τὰ στόματα τοῦ ποταμοῦ. Ὑπέρκειται δὲ τῶν ἐκβολῶν τοῦ Ῥοδανοῦ
λιμνοθάλαττα, καλοῦσι δὲ στομαλίμνην, ὀστράκια δ' ἔχει πάμπολλα καὶ
ἄλλως εὐοψεῖ. Ταύτην δ' ἔνιοι συγκατηρίθμησαν τοῖς στόμασι τοῦ Ῥοδανοῦ,
καὶ μάλιστα οἱ φήσαντες ἑπτάστομον αὐτόν, οὔτε τοῦτ' εὖ λέγοντες οὔτ'
ἐκεῖνο· ὄρος γάρ ἐστι μεταξὺ τὸ διεῖργον ἀπὸ τοῦ ποταμοῦ τὴν λίμνην. Ἡ μὲν
οὖν ἀπὸ τῆς Πυρήνης ἐπὶ Μασσαλίαν παραλία τοιαύτη καὶ τοσαύτη τις.
| [4,1,8] 8. Au sujet des bouches du Rhône, Polybe taxe formellement Timée
d'ignorance : il affirme que ce fleuve n'a pas les cinq bouches que
Timée lui prête, et qu'il n'en compte que deux en tout. Artémidore, lui,
en distingue trois. Ce qu'il y a de sûr c'est que plus tard Marius
s'aperçut que, par le fait des atterrissements, l'entrée du fleuve tendait
à s'oblitérer et devenait difficile, et qu'il fit creuser un nouveau canal où
il dériva la plus forte partie des eaux du Rhône. Il en concéda la
propriété aux Massaliotes, pour les récompenser de la bravoure qu'ils
avaient déployée pendant sa campagne contre les Ambrons et les
Toygènes, et cette concession devint pour eux une source de grands
profits, en leur permettant de lever des droits sur tous les vaisseaux
qui remontent ou descendent le fleuve. Aujourd'hui, du reste, l'entrée
du Rhône se trouve être tout aussi difficile à cause de la violence du
courant, et par le fait des atterrissements et du peu d'élévation de la
côte, qu'on a peine à apercevoir même de près par les temps couverts,
ce qui a donné l'idée aux Massaliotes d'y bâtir des tours en guise de
signaux. Les Massaliotes, on le voit, ont pris de toute manière
possession du pays, et ce temple de Diane Éphésienne, érigé par eux
aux mêmes lieux, sur un terrain choisi exprès, et dont les bouches du
fleuve font une espèce d'île, est là encore pour l'attester. Signalons
enfin au-dessus des bouches du Rhône un étang salé, qu'on nomme le
Stomalimné, et qui abonde en coquillages de toute espèce, ainsi qu'en
excellents poissons. Quelques auteurs, ceux-là surtout qui veulent que
le fleuve ait sept bouches, comptent cet étang pour une, mais c'est là
une double erreur ; car une montagne s'élève entre deux, qui sépare
absolument l'étang du fleuve. - Ici se termine ce que nous avions à dire
de l'aspect et de l'étendue de la côte comprise entre le mont Pyréné et
Massalia.
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