[4,6,6] 6. Ἐπὶ δὲ θάτερα μέρη τὰ πρὸς τὴν Ἰταλίαν κεκλιμένα τῆς λεχθείσης ὀρεινῆς
Ταυρῖνοί τε οἰκοῦσι Λιγυστικὸν ἔθνος καὶ ἄλλοι Λίγυες. Τούτων δ' ἐστὶ καὶ ἡ
τοῦ Δόννου λεγομένη γῆ καὶ {ἡ} τοῦ Κοττίου. Μετὰ δὲ τούτους καὶ τὸν Πάδον
Σαλασσοί· ὑπὲρ δὲ τούτων ἐν ταῖς κορυφαῖς Κέντρωνες καὶ Κατόριγες καὶ
Ὀυάραγροι καὶ Ναντουᾶται καὶ ἡ Λημέννα λίμνη, δι' ἧς ὁ Ῥοδανὸς φέρεται,
καὶ ἡ πηγὴ τοῦ ποταμοῦ. Οὐκ ἄπωθεν δὲ τούτων οὐδὲ τοῦ Ῥήνου αἱ πηγαί,
οὐδ' ὁ Ἀδούλας τὸ ὄρος, ἐξ οὗ ῥεῖ καὶ ὁ Ῥῆνος ἐπὶ τὰς ἄρκτους καὶ ὁ Ἀδούας εἰς
τἀναντία ἐμβάλλων εἰς τὴν Λάριον λίμνην τὴν πρὸς τῷ Κώμῳ. Ὑπέρκεινται δὲ
τοῦ Κώμου πρὸς τῇ ῥίζῃ τῶν Ἄλπεων ἱδρυμένου τῇ μὲν Ῥαιτοὶ καὶ Ὀυέννωνες
ἐπὶ τὴν ἕω κεκλιμένοι, τῇ δὲ Ληπόντιοι καὶ Τριδεντῖνοι καὶ Στόνοι καὶ ἄλλα
πλείω μικρὰ ἔθνη κατέχοντα τὴν Ἰταλίαν ἐν τοῖς πρόσθεν χρόνοις, λῃστρικὰ
καὶ ἄπορα· νυνὶ δὲ τὰ μὲν ἐξέφθαρται, τὰ δ' ἡμέρωται τελέως, ὥστε τὰς δι'
αὐτῶν ὑπερβολὰς τοῦ ὄρους, πρότερον οὔσας ὀλίγας καὶ δυσπεράτους, νυνὶ
πολλαχόθεν εἶναι καὶ ἀσφαλεῖς ἀπὸ τῶν ἀνθρώπων καὶ εὐβάτους, ὡς ἔνεστι,
διὰ τὴν κατασκευήν. Προσέθηκε γὰρ ὁ Σεβαστὸς Καῖσαρ τῇ καταλύσει τῶν
λῃστῶν τὴν κατασκευὴν τῶν ὁδῶν, ὅσην οἷόν τ' ἦν· οὐ γὰρ δυνατὸν πανταχοῦ
βιάσασθαι τὴν φύσιν διὰ πετρῶν καὶ κρημνῶν ἐξαισίων, τῶν μὲν
ὑπερκειμένων τῆς ὁδοῦ, τῶν δ' ὑποπιπτόντων, ὥστε καὶ μικρὸν ἐκβᾶσιν
ἄφυκτον εἶναι τὸν κίνδυνον, εἰς φάραγγας ἀβύσσους τοῦ πτώματος ὄντος.
Οὕτω δέ ἐστι στενὴ κατά τι{να} αὐτοῦ ἡ ὁδός, ὥστ' ἴλιγγον φέρειν τοῖς πεζῇ
βαδίζουσι καὶ αὐτοῖς καὶ ὑποζυγίοις τοῖς ἀήθεσι· τὰ δ' ἐπιχώρια κομίζει τοὺς
φόρτους ἀσφαλῶς. Οὔτ' οὖν ταῦτα ἰάσιμα οὔθ' αἱ κατολισθάνουσαι πλάκες
τῶν κρυστάλλων ἄνωθεν ἐξαίσιοι, συνοδίαν ὅλην ἀπολαμβάνειν δυνάμεναι
καὶ συνεξωθεῖν εἰς τὰς ὑποπιπτούσας φάραγγας. Πολλαὶ γὰρ ἀλλήλαις
ἐπίκεινται πλάκες, πάγων ἐπὶ πάγοις γενομένων τῆς χιόνος κρυσταλλωδῶν,
καὶ τῶν ἐπιπολῆς ἀεὶ ῥᾳδίως ἀπολυομένων ἀπὸ τῶν ἐντός, πρὶν διαλυθῆναι
τελέως ἐν τοῖς ἡλίοις.
| [4,6,6] 6. Du côté opposé, c'est-à-dire sur le versant italien de la chaîne des
Alpes, habitent les Taurins, nation ligystique, et, avec les Taurins,
maintes autres tribus de même origine, celles-là notamment qui
forment la population des deux districts connus sous les noms de terre
de Donnas et de terre de Cottius. Immédiatement après ces tribus
ligyennes, de l'autre côté du Padus, commence le territoire des
Salasses; puis, au-dessus des Salasses, sur la crête même des Alpes,
on rencontre successivement les Centrons, les Catoriges, les
Varagres, les Nantuates, le lac Lemenna que traverse le Rhône et
finalement la source de ce fleuve. Les sources du Rhin ne sont guère
loin de là, non plus que le mont Adulas, des flancs duquel descend, en
même temps que le Rhin qui coule au nord, l'Aduas, qui se dirige juste
à l'opposite et va se jeter dans le lac Larius : on nomme ainsi le lac
voisin de Côme. Au-dessus de Côme, ville bâtie au pied même des
Alpes, habitent, d'un côté (du côté de l'est), les Rhaetiens et les
Vennons, et, du côté opposé, les Lépontiens, les Tridentins, les Stones
et maintes autres petites peuplades qui, réduites par la misère à vivre
de brigandage, inquiétaient autrefois l'Italie, mais qui sont aujourd'hui
ou à peu près détruites ou complètement domptées, de sorte qu'on voit
les passages dans la montagne, si peu nombreux naguère et si peu
praticables, se multiplier sur leurs terres et offrir au voyageur, avec la
plus complète sécurité contre les dangers venant des hommes, tout ce
que l'art a pu faire pour prévenir les accidents. On doit en effet à César
Auguste, outre l'extermination des brigands, la construction de routes
aussi bonnes en vérité que le comportait l'état des lieux. Seulement il
eût été impossible de forcer partout la nature, {impossible, par
exemple, de frayer un passage sûr} entre des rochers à pic et
d'effroyables précipices ouverts sous les pieds, abîmes sans fond où
l'en tombe infailliblement pour peu qu'on s'écarte du sentier tracé; or,
notez qu'en certains endroits la route est tellement étroite qu'elle
donne le vertige aux piétons, voire même aux bêtes de somme qui ne
la connaissent point, car, pour celles du pays, elles y passent sans
broncher et cela avec les plus lourdes charges. A cet inconvénient, on
le voit, il n'y avait nul remède, non plus qu'aux éboulements de ces
masses énormes de neige qui forment la couche supérieure des
glaciers, éboulements capables d'enlever des convois tout entiers et
de les entraîner au fond des précipices qui bordent la route. Il y a, on le
sait, dans un glacier beaucoup de couches différentes et superposées
horizontalement les unes aux autres par la raison que la neige durcit et
se cristallise à mesure qu'elle tombe et s'amasse ; or il arrive
incessamment, et la plupart du temps pour un rien, que les couches
supérieures se détachent de celles qu'elles recouvrent avant que les
rayons du soleil aient eu le temps de les faire fondre entièrement.
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