[4,6,7] 7. Ἡ δὲ τῶν Σαλασσῶν πολλὴ μέν ἐστιν ἐν αὐλῶνι βαθεῖ, τῶν ὀρῶν
ἀμφοτέρωθεν κλειόντων τὸ χωρίον, μέρος δέ τι αὐτῶν ἀνατείνει καὶ πρὸς τὰς
ὑπερκειμένας κορυφάς. Τοῖς οὖν ἐκ τῆς Ἰταλίας ὑπερτιθεῖσι τὰ ὄρη διὰ τοῦ
λεχθέντος αὐλῶνός ἐστιν ἡ ὁδός. Εἶτα σχίζεται δίχα· καὶ ἡ μὲν διὰ τοῦ
Ποινίνου λεγομένου φέρεται, ζεύγεσιν οὐ βατὴ κατὰ τὰ ἄκρα τῶν Ἄλπεων, ἡ
δὲ διὰ Κεντρώνων δυσμικωτέρα. Ἔχει δὲ καὶ χρυσεῖα ἡ τῶν Σαλασσῶν, ἃ
κατεῖχον ἰσχύοντες οἱ Σαλασσοὶ πρότερον, καθάπερ καὶ τῶν παρόδων ἦσαν
κύριοι. Προσελάμβανε δὲ πλεῖστον εἰς τὴν μεταλλείαν αὐτοῖς ὁ Δουρίας
ποταμὸς εἰς τὰ χρυσοπλύσια, διόπερ ἐπὶ πολλοὺς τόπους σχίζοντες {εἰς} τὰς
ἐξοχετείας τὸ ὕδωρ τὸ κοινὸν ῥεῖθρον ἐξεκένουν. Τοῦτο δ' ἐκείνοις μὲν
συνέφερε πρὸς τὴν τοῦ χρυσοῦ θήραν, τοὺς δὲ γεωργοῦντας τὰ ὑπ' αὐτοῖς
πεδία, τῆς ἀρδείας στερομένους, ἐλύπει, τοῦ ποταμοῦ δυναμένου ποτίζειν τὴν
χώραν διὰ τὸ ὑπερδέξιον ἔχειν τὸ ῥεῖθρον. Ἐκ δὲ ταύτης τῆς αἰτίας πόλεμοι
συνεχεῖς ἦσαν πρὸς ἀλλήλους ἀμφοτέροις τοῖς ἔθνεσι. Κρατησάντων δὲ
Ῥωμαίων, τῶν μὲν χρυσουργείων ἐξέπεσον καὶ τῆς χώρας οἱ Σαλασσοί, τὰ δ'
ὄρη κατέχοντες ἀκμὴν τὸ ὕδωρ ἐπώλουν τοῖς δημοσιώναις τοῖς ἐργολαβήσασι
τὰ χρυσεῖα· καὶ πρὸς τούτους δ' ἦσαν ἀεὶ διαφοραὶ διὰ τὴν πλεονεξίαν τῶν
δημοσιωνῶν. Οὕτω δὲ συνέβαινε τοὺς στρατηγιῶντας ἀεὶ τῶν Ῥωμαίων καὶ
πεμπομένους ἐπὶ τοὺς τόπους εὐπορεῖν προφάσεων, ἀφ' ὧν πολεμήσουσι.
Μέχρι μὲν δὴ τῶν νεωστὶ χρόνων τοτὲ μὲν πολεμούμενοι, τοτὲ δὲ
καταλυόμενοι τὸν πρὸς τοὺς Ῥωμαίους πόλεμον ἴσχυον ὅμως, καὶ πολλὰ
κατέβλαπτον τοὺς δι' αὐτῶν ὑπερβάλλοντας τὰ ὄρη κατὰ τὸ λῃστρικὸν ἔθος·
οἵ γε καὶ Δέκιμον Βροῦτον φυγόντα ἐκ Μουτίνης ἐπράξαντο δραχμὴν κατ'
ἄνδρα· Μεσσάλας δὲ πλησίον αὐτῶν χειμαδεύων τιμὴν ξύλων κατέβαλε τῶν
τε καυσίμων καὶ τῶν πτελείίνων ἀκοντισμάτων τῶν γυμναστικῶν. Ἐσύλησαν
δέ ποτε καὶ χρήματα Καίσαρος οἱ ἄνδρες οὗτοι καὶ ἐπέβαλον κρημνοὺς
στρατοπέδοις, πρόφασιν ὡς ὁδοποιοῦντες ἢ γεφυροῦντες ποταμούς. Ὕστερον
μέντοι κατεστρέψατο αὐτοὺς ἄρδην ὁ Σεβαστὸς καὶ πάντας ἐλαφυροπώλησε,
κομισθέντας εἰς Ἐπορεδίαν, Ῥωμαίων ἀποικίαν, ἣν συνῴκισαν μέν, φρουρὰν
εἶναι βουλόμενοι τοῖς Σαλασσοῖς· ὀλίγον δ' ἀντέχειν ἐδύ ναντο οἱ αὐτόθι, ἕως
ἠφανίσθη τὸ ἔθνος. Τῶν μὲν οὖν ἄλλων σωμάτων τρεῖς μυριάδες
ἐξητάσθησαν ἐπὶ τοῖς ἑξακισχιλίοις, τῶν δὲ μαχίμων ἀνδρῶν ὀκτακισχίλιοι·
πάντας δ' ἐπώλησε Τερέντιος Ὀυάρρων ὑπὸ δόρυ, καταστρεψάμενος αὐτοὺς
στρατηγός· τρισχιλίους δὲ Ῥωμαίων πέμψας ᾤκισε τὴν πόλιν Αὐγοῦσταν ὁ
Καῖσαρ, ἐν ᾧ ἐστρατοπέδευσε χωρίῳ ὁ Ὀυάρρων, καὶ νῦν εἰρήνην ἄγει πᾶσα ἡ
πλησιόχωρος μέχρι τῶν ἄκρων ὑπερβολῶν τοῦ ὄρους.
| [4,6,7] 7. Le territoire des Salasses se compose pour la majeure partie d'une
vallée profonde enfermée entre deux montagnes ; mais il y a aussi
telles de leurs possessions qui atteignent en s'élevant la crête même
des Alpes. On peut donc, quand on vient d'Italie et qu'on veut franchir
les Alpes, prendre la route qui suit ladite vallée. Une fois au bout de la
vallée on voit la route qui se bifurque ; l'une des branches se dirige sur
le mont Poeninus, mais devient impraticable aux chariots vers le point
culminant du passage ; quant à l'autre branche, qui est la plus
occidentale des deux, elle traverse le pays des Centrons. Le territoire
des Salasses a un autre avantage, celui de contenir des mines d'or :
anciennement, au temps de leur puissance, les Salasses avaient la
propriété pleine et entière de ces mines, de même qu'ils étaient les
seuls maîtres des passages dans cette partie des Alpes. La proximité
du Durias contribuait singulièrement à faciliter leur exploitation en leur
fournissant l'eau nécessaire au lavage des terrains aurifères, d'autant
qu'ils avaient multiplié en tous sens les canaux de dérivation jusqu'à
épuiser même le courant commun. Seulement, ce qui les aidait, eux, à
chercher et à trouver l'or gênait beaucoup les populations agricoles
des plaines situées plus bas, en privant celles-ci de la faculté d'arroser
leurs terres, que le fleuve autrement n'eût pas manqué de fertiliser,
puisqu'elles se trouvent placées juste en aval de ses sources, et il
s'ensuivait naturellement un état de guerre perpétuel entre les
Salasses et leurs voisins. Vint l'époque des conquêtes romaines: les
Salasses ne purent rester en possession de leurs mines ni de leur
vallée; mais, comme ils occupaient toujours la montagne, ils eurent
encore la ressource de vendre l'eau aux publicains qui avaient affermé
lesdites mines. Par malheur, l'avarice des publicains donnait lieu à de
fréquents démêlés, et ces démêlés fournissaient aux légats romains, si
avides en général de succès militaires, autant de prétextes pour faire
renaître la guerre. Jusque dans ces derniers temps les Salasses ont
donc vécu avec les Romains dans une alternative continuelle
d'hostilités et de trêves, conservant néanmoins une certaine puissance
et continuant à faire par leurs brigandages beaucoup de mal à ceux
qui, pour franchir les Alpes, avaient à passer sur leurs terres. Ainsi,
quand Decimus Brutus s'enfuit de Mutine, il dut leur payer, pour lui et
ses gens, une drachme par tête ; et, quand Messala prit ses quartiers
d'hiver dans leur voisinage, il ne put obtenir d'eux qu'à prix d'or le bois
dont il avait besoin, tant le bois à brûler que le bois d'orme pour faire
les hampes des javelots et les armes à exercer le soldat. Ils osèrent,
qui plus est, un certain jour, enlever l'argent du fisc, et, plus d'une fois,
en feignant de travailler soit à réparer leurs routes, soit à jeter des
ponts sur les torrents des Alpes, il leur arriva de faire rouler d'énormes
quartiers de roche sur des détachements en marche. Enfin Auguste
réussit à les réduire complètement : il les fit alors transporter en masse
à Eporedia, et donna ordre qu'on les vendît comme esclaves sur le
marché de cette ville, colonie romaine fondée naguère justement pour
servir de boulevard contre les incursions des Salasses, mais qui avait
eu grande peine à se maintenir, tant que la nation n'avait pas été
anéantie. Il y avait en tout 36.000 captifs et dans le nombre 8000
guerriers valides. Terentius Varron, le même général qui les avait
vaincus, les vendit tous à l'encan ; puis César ayant fait partir pour ces
pays 3000 Romains y fonda la ville d'Augusta sur l'emplacement
même du camp de Varron. Aujourd'hui toute la contrée environnante
jusqu'aux cols les plus élevés des Alpes se trouve absolument pacifiée.
|