[4,3,3] 3. Τὴν δ' ἐπὶ τῷ Ῥήνῳ πρῶτοι τῶν ἁπάντων οἰκοῦσιν Ἐλουήττιοι, παρ' οἷς εἰσιν
αἱ πηγαὶ τοῦ ποταμοῦ ἐν τῷ Ἀδούλᾳ ὄρει. Τοῦτο δ' ἐστὶ μέρος τῶν Ἄλπεων,
ὅθεν καὶ ὁ Ἀδούας εἰς τἀναντία μέρη ῥεῖ τὰ πρὸς τὴν ἐντὸς Κελτικὴν καὶ
πληροῖ τὴν Λάριον λίμνην, πρὸς ᾗ ἔκτισται τὸ Κῶμον, εἶτ' ἐνθένδε εἰς τὸν
Πάδον συμβάλλει, περὶ ὧν ὕστερον ἐροῦμεν. Καὶ ὁ Ῥῆνος δὲ εἰς ἕλη μεγάλα
καὶ λίμνην ἀναχεῖται μεγάλην, ἧς ἐφάπτονται καὶ Ῥαιτοὶ καὶ Ὀυινδολικοὶ τῶν
Ἀλπείων τινὲς καὶ τῶν ὑπεραλπείων. Φησὶ δὲ τὸ μῆκος αὐτοῦ σταδίων
ἑξακισχιλίων Ἀσίνιος, οὐκ ἔστι δέ· ἀλλ' ἐπ' εὐθείας μὲν τοῦ ἡμίσους ὀλίγον ἂν
ὑπερβάλλοι, τοῖς δὲ σκολιώμασι καὶ χίλιοι προστεθέντες ἱκανῶς ἂν ἔχοιεν· καὶ
γὰρ ὀξύς ἐστι, διὰ τοῦτο δὲ καὶ δυσγεφύρωτος καὶ διὰ πεδίων ὕπτιος φέρεται
τὸ λοιπὸν καταβὰς ἀπὸ τῶν ὀρῶν· πῶς οὖν οἷόν τε μένειν ὀξὺν καὶ βίαιον, εἰ
τῷ ὑπτιασμῷ προσδοίημεν καὶ σκολιότητας πολλὰς καὶ μακράς; Φησὶ δὲ καὶ
δίστομον εἶναι, μεμψάμενος τοὺς πλείω λέγοντας· ἐγκυκλοῦνται μὲν δή τινα
χώραν ταῖς σκολιότησι καὶ οὗτος καὶ ὁ Σηκοάνας, οὐ τοσαύτην {δέ}.
Ἀμφότεροι δὲ ῥέουσιν ἐπὶ τὰς ἄρκτους ἀπὸ τῶν νοτίων μερῶν· πρόκειται δ'
αὐτῶν ἡ Βρεττανική, τοῦ μὲν Ῥήνου καὶ ἐγγύθεν, ὥστε καθορᾶσθαι τὸ
Κάντιον, ὅπερ ἐστὶ τὸ ἑῷον ἄκρον τῆς νήσου, τοῦ δὲ Σηκοάνα μικρὸν
ἀπωτέρω· ἐνταῦθα δὲ καὶ τὸ ναυπήγιον συνεστήσατο Καῖσαρ ὁ θεὸς πλέων εἰς
τὴν Βρεττανικήν. Τοῦ δὲ Σηκοάνα τὸ πλεόμενον ὑπὸ τῶν ἐκ τοῦ Ἄραρος
δεχομένων τὰ φορτία μικρῷ πλέον ἐστὶν ἢ τὸ τοῦ Λίγηρος καὶ τὸ τοῦ Γαρούνα·
τὸ δὲ ἀπὸ Λουγδούνου μέχρι τοῦ Σηκοάνα (ἢ) χιλίων σταδίων ἐστίν, ἔλαττον
{δ'} ἢ διπλάσιον τούτου {τὸ} ἀπὸ τῶν εἰσβολῶν τοῦ Ῥοδανοῦ μέχρι
Λουγδούνου. Φασὶ δὲ καὶ πολυχρύσους τοὺς Ἐλουηττίους, μηδὲν μέντοι ἧττον
ἐπὶ λῃστείαν τραπέσθαι τὰς τῶν Κίμβρων εὐπορίας ἰδόντας· ἀφανισθῆναι δ'
αὐτῶν τὰ δύο φῦλα, τριῶν ὄντων κατὰ στρατείας. Ὅμως δ' ἐκ τῶν λοιπῶν
(τόπων) τὸ τῶν ἐπιγόνων πλῆθος ἐδήλωσεν ὁ πρὸς Καίσαρα τὸν θεὸν
πόλεμος, ἐν ᾧ περὶ τετταράκοντα μυριάδες σωμάτων διεφθάρησαν, τοὺς δὲ
λοιποὺς σώζεσθαι μεθῆκεν εἰς ὀκτακισχιλίους, ὅπως μὴ τοῖς Γερμανοῖς,
ὁμόροις οὖσιν ἔρημον τὴν χώραν ἀφῇ.
| [4,3,3] 3. Des différents peuples, maintenant, qui bordent le Rhin, les Helvètes
se présentent à nous les premiers: c'est sur leur territoire, en effet,
au mont Adulas, que se trouvent les sources du fleuve. De la
même montagne, laquelle fait partie des Alpes, descend, mais dans
une direction opposée, c'est-à-dire dans la direction de la Gaule
cisalpine, le fleuve Adduas qui, après avoir formé le lac Larius, sur
les bords duquel s'élève Côme, s'en va s'unir au Padus. Nous
parlerons plus loin de ce dernier fleuve et de ses affluents : pour le
Rhin, il forme également dans son cours, et de vastes marais, et un
grand lac qui marque la limite extrême des possessions des Rhoetiens
et des Vindoliciens, peuples établis en partie dans les Alpes, en partie
au-dessus des Alpes. Asinius affirme que la longueur du cours du Rhin
est de 6000 stades; cependant il n'en est rien. Mettons en effet que ce
fleuve puisse avoir en ligne droite un peu plus de la moitié de cette
longueur; assurément ce sera assez d'ajouter mille stades pour les
sinuosités qu'il décrit. On sait quelle est sa rapidité, bien qu'il coule dès
sa sortie des montagnes dans des plaines presque sans pente, et
combien il est difficile à cause de cette rapidité même d'y établir des
ponts; or, je le demande, se pourrait-il qu'il conservât cette rapidité et
cette force de courant, si, avec le peu de pente qu'il a, nous lui faisions
décrire encore une infinité de longs détours? Asinius veut aussi que le
Rhin n'ait que deux bouches, et il taxe d'ignorance ceux qui lui en
prêtent davantage. Comme le Rhin, le Sequanas embrasse une
certaine étendue de pays dans ses sinuosités, mais il s'en faut bien
aussi que ces sinuosités aient le développement qu'on a dit. Les
deux fleuves coulent du sud au nord et débouchent l'un et l'autre en
face de la Bretagne, le Rhin assez près pour que de son embouchure
on aperçoive distinctement le cap Cantium, extrémité orientale de l'île,
le Sequanas un peu moins près : aussi est-ce dans le voisinage de
l'embouchure du Rhin que le divin César établit le rendez-vous de sa
flotte, quand il fut pour passer en Bretagne. Ajoutons que le trajet
qu'ont à faire par le Sequanas les bateaux qui ont reçu les
marchandises venues de l'Arar est un peu plus long que le trajet par le
Liger ou par le Garounas, sans compter qu'il y a bien 1000 stades de
Lugdunum au Sequanas et le double ou peu s'en faut des bouches du
Rhône à Lugdunum. Fort riches eux-mêmes, à ce qu'on prétend, les
Helvètes ne s'en étaient pas moins laissé tenter par la vue des
richesses des Cimbres, et c'est ainsi qu'ils se tournèrent vers le
brigandage : ils eurent dans la guerre des Cimbres deux de leurs
tribus, sur trois, exterminées; mais on put voir, lors de la guerre contre
le divin César, qu'une grande nation s'était déjà reformée des débris
de l'ancienne, puisque les Helvètes perdirent 400.000 hommes dans
cette guerre, et que César en épargna encore 8000, pour éviter que
leur pays, une fois dépeuplé, ne tombât au pouvoir des Germains,
leurs voisins.
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