[4,1,14] 14. Ἵδρυται δ' ἡ Τολῶσσα κατὰ τὸ στενώτατον τοῦ ἰσθμοῦ τοῦ διείργοντος ἀπὸ
τῆς κατὰ Νάρβωνα θαλάττης τὸν ὠκεανόν, ὅν φησι Ποσειδώνιος ἐλάττω τῶν
τρισχιλίων σταδίων. Ἄξιον δ' ἀντὶ πάντων ἐπισημήνασθαι πάλιν, ὅπερ
εἴπομεν πρότερον, τὴν ὁμολογίαν τῆς χώρας πρός τε τοὺς ποταμοὺς καὶ τὴν
θάλατταν τήν τ' ἐκτὸς ὁμοίως καὶ τὴν ἐντός· εὕροι γὰρ ἄν τις ἐπιστήσας οὐκ
ἐλάχιστον μέρος τοῦθ' ὑπάρχον τῆς τῶν τόπων ἀρετῆς, λέγω δὲ τὸ τὰς χρείας
ἐπιπλέκεσθαι τὰς τοῦ βίου μετὰ ῥᾳστώνης ἅπασι πρὸς ἅπαντας καὶ τὰς
ὠφελείας ἀνεῖσθαι κοινάς, μάλιστα δὲ νῦν, ἡνίκα ἄγοντες σχολὴν ἀπὸ τῶν
ὅπλων ἐργάζονται τὴν χώραν ἐπιμελῶς, καὶ τοὺς βίους κατασκευάζονται
πολιτικούς· ὥστε ἐπὶ τῶν τοιούτων κἂν τὸ τῆς προνοίας ἔργον
ἐπιμαρτυρεῖσθαί τις ἂν δόξειεν, οὐχ ὅπως ἔτυχεν, ἀλλ' ὡς ἂν μετὰ λογισμοῦ
τινος διακειμένων τῶν τόπων. Ὁ μέν γε Ῥοδανὸς πολύν τε ἔχει τὸν ἀνάπλουν
καὶ μεγάλοις φορτίοις καὶ ἐπὶ πολλὰ μέρη τῆς χώρας διὰ τὸ τοὺς ἐμπίπτοντας
εἰς αὐτὸν ποταμοὺς ὑπάρχειν πλωτοὺς καὶ διαδέχεσθαι τὸν φόρτον πλεῖστον.
Ὁ δ' Ἄραρ ἐκδέχεται καὶ ὁ Δοῦβις ὁ εἰς τοῦτον ἐμβάλλων, εἶτα πεζεύεται μέχρι
τοῦ Σηκοάνα ποταμοῦ, κἀντεῦθεν ἤδη καταφέρεται εἰς τὸν ὠκεανὸν καὶ τοὺς
Ληξοβίους καὶ Καλέτους, ἐκ δὲ τούτων εἰς τὴν Βρεττανικὴν ἐλάττων ἢ
ἡμερήσιος δρόμος ἐστίν. Ἐπεὶ δ' ἐστὶν ὀξὺς καὶ δυσανάπλους ὁ Ῥοδανός, τινὰ
τῶν ἐντεῦθεν φορτίων πεζεύεται μᾶλλον ταῖς ἁρμαμάξαις, ὅσα εἰς
Ἀρουέρνους κομίζεται καὶ τὸν Λίγηρα ποταμόν, καίπερ τοῦ Ῥοδανοῦ καὶ
τούτοις πλησιάζοντος ἐκ μέρους· ἀλλ' ἡ ὁδὸς πεδιὰς οὖσα καὶ οὐ πολλή, περὶ
ὀκτακοσίους σταδίους, ἐπάγεται μὴ χρήσασθαι τῷ ἀνάπλῳ διὰ τὸ πεζεύεσθαι
ῥᾷον· ἐντεῦθεν δ' ὁ Λίγηρ εὐφυῶς ἐκδέχεται· ῥεῖ δὲ ἐκ τῶν Κεμμένων εἰς τὸν
ὠκεανόν. Ἐκ δὲ Νάρβωνος ἀναπλεῖται μὲν ἐπὶ μικρὸν τῷ Ἄτακι, πεζεύεται δὲ
πλέον ἐπὶ τὸν Γαρούναν ποταμόν, καὶ τοῦθ' ὅσον ὀκτακοσίων ἢ ἑπτακοσίων
σταδίων· ῥεῖ δὲ καὶ ὁ Γαρούνας εἰς τὸν ὠκεανόν. Ταῦτα μὲν ὑπὲρ τῶν
νεμομένων τὴν Ναρβωνῖτιν ἐπικράτειαν λέγομεν, οὓς οἱ πρότερον Κέλτας
ὠνόμαζον· ἀπὸ τούτων δ' οἶμαι καὶ τοὺς σύμπαντας Γαλάτας Κελτοὺς ὑπὸ τῶν
Ἑλλήνων προσαγορευθῆναι διὰ τὴν ἐπιφάνειαν, ἢ καὶ προσλαβόντων πρὸς
τοῦτο καὶ τῶν Μασσαλιωτῶν διὰ τὸ πλησιόχωρον.
| [4,1,14] 14. Tolossa est située dans la partie la plus étroite de l'isthme compris
entre l'Océan et la mer de Narbonne, lequel mesure, au dire de
Posidonius, moins de 3000 stades de largeur. Mais à ce propos-là
revenons encore (la chose en vaut la peine) sur ce que nous avons dit
plus haut de la correspondance, en quelque sorte symétrique, qui
existe entre les différents fleuves de la Gaule et par suite entre les
deux mers Intérieure et Extérieure. On trouve, en effet, pour peu qu'on
y réfléchisse , que cette circonstance constitue le principal élément de
prospérité du pays, en ce qu'elle facilite entre les différents peuples qui
l'habitent l'échange des denrées et des autres produits nécessaires à
la vie, et quelle établit entre eux une communauté d'intérêts d'autant
plus profitable, qu'aujourd'hui, libres de toute guerre, ces peuples
s'appliquent avec plus de soin à l'agriculture et se façonnent
davantage au genre de vie des nations civilisées. On serait même
tenté de croire ici à une action directe de la Providence, en voyant les
lieux disposés, non pas au hasard, mais d'après un plan en quelque
sorte raisonné. Ainsi, le Rhône, qui peut déjà lui-même être remonté
très haut, et l'être par des embarcations pesamment chargées, donne,
en outre, indirectement accès dans beaucoup de cantons, par la raison
que ses affluents sont également navigables et peuvent aussi
transporter les plus lourds fardeaux : les marchandises reçues d'abord
par l'Arar passent ensuite dans le Dubis, affluent de l'Arar; puis on les
transporte par terre jusqu'au Sequanas, dont elles descendent le
cours, et ce fleuve les amène au pays des Lexoviens et des Calètes,
sur les côtes mêmes de l'Océan, d'où elles gagnent enfin la Bretagne
en moins d'une journée. Seulement, comme le Rhône est rapide et
difficile à remonter, il y a telles marchandises de ces cantons (toutes
celles notamment qu'on expédie de chez les Arvernes pour être
embarquées sur le Liger), qu'on aime mieux envoyer par terre sur des
chariots. Ce n'est pas que le Rhône, en certains points de son cours,
ne se rapproche sensiblement de l'autre fleuve, mais, la route de terre
étant toute en plaine et peu longue elle-même (elle n'est guère que de
800 stades) invite à ne pas remonter le Rhône, d'autant qu'il est
toujours plus facile de voyager par terre. A cette route succède la voie
commode du Liger, fleuve qui descend des monts Cemmènes et va se
jeter dans l'Océan. Si c'est de Narbonne qu'on part, on commence par
remonter le cours de l'Atax, mais sur un espace peu étendu; le trajet
qu'on fait ensuite par terre jusqu'au Garounas est plus long, mesurant
à peu près 7 à 800 stades ; après quoi, par le Garounas, comme par le
Liger, on atteint l'Océan. - Ici finit ce qui se rapporte aux peuples de la
Province narbonnaise, autrement dit aux Celtes, pour nous servir de
l'ancienne dénomination : car j'ai idée que c'est aux habitants de ladite
province que les Grecs ont emprunté ce nom de Celtes qu'ils ont
ensuite étendu à l'ensemble des populations de la Gaule, soit que ce
nom leur ait paru plus illustre que les autres, soit que l'avantage
qu'avait le peuple qui le portait d'être si proche voisin des Massaliotes
ait contribué surtout à le leur faire choisir.
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