[4,1,13] 13. Οἱ δὲ Τεκτόσαγες καλούμενοι τῇ Πυρήνῃ πλησιάζουσιν, ἐφάπτονται δὲ
μικρὰ καὶ τοῦ προσαρκτίου πλευροῦ τῶν Κεμμένων, πολύχρυσόν τε νέμονται
γῆν. Ἐοίκασι δὲ καὶ δυναστεῦσαί ποτε καὶ εὐανδρῆσαι τοσοῦτον, ὥστε
στάσεως ἐμπεσούσης ἐξελάσαι πολὺ πλῆθος ἐξ ἑαυτῶν ἐκ τῆς οἰκείας·
κοινωνῆσαι δὲ τούτοις καὶ ἄλλους ἐξ ἄλλων ἐθνῶν· τούτων δ' εἶναι καὶ τοὺς
κατασχόντας τὴν Φρυγίαν τὴν ὅμορον τῇ Καππαδοκίᾳ καὶ τοῖς Παφλαγόσι·
τούτου μὲν οὖν ἔχομεν τεκμήριον τοὺς ἔτι καὶ νῦν λεγομένους Τεκτόσαγας.
Τριῶν γὰρ ὄντων ἐθνῶν, ἓν ἐξ αὐτῶν τὸ περὶ Ἄγκυραν πόλιν Τεκτοσάγων
λέγεται, τὰ δὲ λοιπὰ δύο ἐστὶ Τρόκμοι καὶ Τολιστοβώγιοι· τούτους δ', ὅτι μὲν ἐκ
τῆς Κελτικῆς ἀπῳκίσθησαν, μηνύει τό (τε) πρὸς τοὺς Τεκτόσαγας σύμφυλον,
ἐξ ὧν δὲ χωρίων ὡρμήθησαν, οὐκ ἔχομεν φράζειν· οὐ γὰρ παρειλήφαμεν
οἰκοῦντάς τινας * τὴν * νυνὶ Τρόκμους ἢ Τολιστοβωγίους οὔτ' ἐκτὸς τῶν
Ἄλπεων οὔτ' ἐν αὐταῖς οὔτ' ἐντός· εἰκὸς δ' ἐκλελοιπέναι διὰ τὰς ἀθρόας
ἀπαναστάσεις, καθάπερ καὶ ἐπ' ἄλλων συμβαίνει πλειόνων· ἐπεὶ καὶ τὸν
ἄλλον Βρέννον τὸν ἐπελθόντα ἐπὶ Δελφοὺς Πραῦσον τινές φασιν· οὐδὲ τοὺς
Πραύσους δ' ἔχομεν εἰπεῖν, ὅπου γῆς ᾤκησαν πρότερον. Καὶ τοὺς Τεκτόσαγας
δέ φασι μετασχεῖν τῆς ἐπὶ Δελφοὺς στρατείας, (καὶ) τούς τε θησαυροὺς τοὺς
εὑρεθέντας παρ' αὐτοῖς ὑπὸ Σκιπίωνος τοῦ στρατηγοῦ τῶν Ῥωμαίων ἐν πόλει
Τολώσσῃ τῶν ἐκεῖθεν χρημάτων μέρος εἶναί φασι, προσθεῖναι δὲ τοὺς
ἀνθρώπους καὶ ἐκ τῶν ἰδίων οἴκων ἀνιεροῦντας καὶ ἐξιλασκομένους τὸν θεόν·
προσαψάμενον δ' αὐτῶν τὸν Σκιπίωνα διὰ τοῦτο ἐν δυστυχήμασι καταστρέψαι
τὸν βίον, ὡς ἱερόσυλον ἐκβληθέντα (ὑπὸ) τῆς πατρίδος, διαδόχους δ'
ἀπολιπόντα παῖδας, ἃς συνέβη καταπορνευθείσας, ὡς εἴρηκε, Τιμαγένης,
αἰσχρῶς ἀπολέσθαι. Πιθανώτερος δ' ἐστὶν ὁ Ποσειδωνίου λόγος· τὰ μὲν γὰρ
εὑρεθέντα ἐν τῇ Τολώσσῃ χρήματα μυρίων που καὶ πεντακισχιλίων ταλάντων
γενέσθαι φησί, τὰ μὲν ἐν σηκοῖς ἀποκείμενα, τὰ δ' ἐν λίμναις ἱεραῖς, οὐδεμίαν
κατασκευὴν ἔχοντα, ἀλλ' ἀργὸν χρυσίον καὶ ἄργυρον· τὸ δ' ἐν Δελφοῖς ἱερὸν
κατ' ἐκείνους ἤδη τοὺς χρόνους ὑπάρξαι κενὸν τῶν τοιούτων, σεσυλημένον
ὑπὸ τῶν Φωκέων κατὰ τὸν ἱερὸν πόλεμον· εἰ δὲ καί τι ἐλείφθη, διανείμασθαι
πολλούς· οὐδὲ σωθῆναι δὲ αὐτοὺς εἰκὸς εἰς τὴν οἰκείαν, ἀθλίως
ἀπαλλάξαντας μετὰ τὴν ἐκ Δελφῶν ἀποχώρησιν καὶ σκεδασθέντας ἄλλους
ἐπ' ἄλλα μέρη κατὰ διχοστασίαν. Ἀλλ', ὥσπερ ἐκεῖνός τε εἴρηκε καὶ ἄλλοι
πλείους, ἡ χώρα πολύχρυσος οὖσα καὶ δεισιδαιμόνων ἀνθρώπων καὶ οὐ
πολυτελῶν τοῖς βίοις πολλαχοῦ (τῆς Κελτικῆς) ἔσχε θησαυρούς· μάλιστα δ'
αὐτοῖς αἱ λίμναι τὴν ἀσυλίαν παρεῖχον, εἰς ἃς καθίεσαν ἀργύρου ἢ καὶ χρυσοῦ
βάρη. Οἱ γοῦν Ῥωμαῖοι κρατήσαντες τῶν τόπων ἀπέδοντο τὰς λίμνας
δημοσίᾳ, καὶ τῶν ὠνησαμένων πολλοὶ μύλους εὗρον σφυρηλάτους ἀργυροῦς.
Ἐν δὲ τῇ Τολώσσῃ καὶ τὸ ἱερὸν ἦν ἅγιον, τιμώμενον σφόδρα ὑπὸ τῶν
περιοίκων, καὶ τὰ χρήματα ἐπλεόνασε διὰ τοῦτο πολλῶν ἀνατιθέντων καὶ
μηδενὸς προσάπτεσθαι θαρροῦντος.
| [4,1,13] 13. Leurs possessions partent du mont Pyréné et empiètent même
quelque peu sur le versant septentrional des monts Cemmènes. Il s'y
trouve de riches mines d'or. On peut juger de ce qu'étaient
anciennement la puissance de cette nation et le nombre de ses
guerriers par ce seul fait qu'on la vit, à la suite de discordes intestines,
chasser de son sein en une fois une multitude de ses enfants, et
qu'une partie de cette bande, grossie d'autres proscrits de différentes
nations, suffit à occuper toute la portion de la Phrygie, limitrophe de la
Cappadoce et de la Paphlagonie. Au moins est-ce ce qui ressort de la
présence en ce pays d'une nation portant le nom de Tectosages.
Effectivement, des trois nations qui se le partagent, il y en a une, celle
qui occupe Ancyre et les environs de cette ville, qui s'appelle ainsi.
Quant aux deux autres peuples connus sous les noms de Trocmes et
de Tolistobogiens, sans doute ils sont venus aussi de la Gaule, leur
confraternité avec les Tectosages donne lieu de le croire, mais de
quelle partie de la Gaule sont-ils sortis? C'est ce que nous ne saurions
préciser, car nous n'avons pas ouï dire qu'il existât actuellement en
Gaule, soit dans la Gaule transalpine, soit dans la Gaule cisalpine, soit
au sein des Alpes, de peuples nommés Trocmes et Tolistobogiens. Ce
qui est présumable, c'est qu'ils se seront éteints par suite de trop
fréquentes migrations, comme il est arrivé pour tant d'autres peuples,
notamment pour la nation des Prauses, car nous savons par différents
auteurs que Brennus (le Brennus qui assaillit Delphes) était
Prause d'origine sans pouvoir dire cependant aujourd'hui où habitait
cette ancienne nation. Les Tectosages étaient aussi, dit-on, de
l'expédition contre Delphes, on assure même que les trésors trouvés
dans la ville de Tolossa. par le général romain Cæpion provenaient
d'une partie des dépouilles de Delphes, grossie, il est vrai, des
offrandes qu'ils avaient faites ensuite à Apollon sur leurs propres
richesses, et dans le but d'apaiser le courroux de ce Dieu, et que c'est
pour avoir touché à ces trésors sacrés, que Cæpion finit ses jours si
misérablement, loin de sa patrie d'où il avait été chassé comme
sacrilège, et loin de ses filles, qui, livrées par décret à la prostitution,
s'il faut en croire Timagène, périrent à leur tour d'une mort honteuse.
Toutefois, la version de Posidonius semble plus vraisemblable : il fait
remarquer que les richesses trouvées à Tolossa, soit dans l'enceinte
du temple, soit au fond des lacs sacrés, représentaient une valeur de
15000 talents, toute en matières non travaillées, en lingots d'or et
d'argent bruts, et que le temple de Delphes, à l'époque {où il avait été
pris par les Gaulois}, ne contenait plus de semblables richesses, ayant
été pillé par les Phocidiens durant la guerre sacrée ; que ce qui pouvait
s'y trouver encore avait dû être partagé entre beaucoup de mains; qu'il
était probable d'ailleurs que les vainqueurs n'avaient pu regagner leurs
foyers, ayant été, après leur départ de Delphes et pendant toute leur
retraite, assaillis de mille maux et forcés finalement par la discorde de
se disperser de tous côtés. Mais, comme la contrée est très riche en
mines d'or, et que les habitants (Posidonius n'est pas seul à le dire)
sont à la fois très superstitieux et très modestes dans leur manière de
vivre, il s'y était formé sur différents points des trésors. Les lacs ou
étangs sacrés notamment offraient des asiles sûrs où l'on jetait l'or et
l'argent en barre : les Romains le savaient, et quand ils se furent
rendus maîtres du pays, ils vendirent ces lacs ou étangs sacrés au
profit du trésor public, et plus d'un acquéreur y trouve aujourd'hui
encore des lingots d'argent battu ayant la forme de pierres meulières.
Le temple de Tolossa, vénéré comme il était de toutes les populations
à la ronde, leur offrait aussi un asile inviolable, et naturellement les
richesses s'y étaient accumulées, la piété multipliant ses offrandes, en
même temps que la superstition empêchait d'y porter la main.
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