[3,1,6] Τῆς δὲ συνεχοῦς τῷ ἱερῷ ἀκρωτηρίῳ παραλίας ἡ μὲν ἐστὶν ἀρχὴ τοῦ
ἑσπερίου πλευροῦ τῆς Ἰβηρίας μέχρι τῆς ἐκβολῆς τοῦ Τάγου ποταμοῦ, ἡ δὲ τοῦ
νοτίου μέχρι ἄλλου ποταμοῦ τοῦ Ἄνα καὶ τῆς ἐκβολῆς αὐτοῦ. Φέρεται δ' ἀπὸ
τῶν ἑῴων μερῶν ἑκάτερος· ἀλλ' ὁ μὲν ἐπ' εὐθείας εἰς τὴν ἑσπέραν ἐκδίδωσι
πολὺ μείζων ὢν θατέρου, ὁ δ' Ἄνας πρὸς νότον ἐπιστρέφει, τὴν μεσοποταμίαν
ἀφορίζων, ἣν Κελτικοὶ νέμονται τὸ πλέον καὶ τῶν Λυσιτανῶν τινὲς ἐκ τῆς
περαίας τοῦ Τάγου μετοικισθέντες ὑπὸ Ῥωμαίων· ἐν δὲ τοῖς ἄνω μέρεσι καὶ
Καρπητανοὶ καὶ Ὠρητανοὶ καὶ Ὀυεττώνων συχνοὶ νέμονται. Αὕτη μὲν οὖν ἡ
χώρα μετρίως ἐστὶν εὐδαίμων, ἡ δ' ἐφεξῆς πρὸς ἕω κειμένη καὶ νότον
ὑπερβολὴν οὐκ ἀπολείπει πρὸς ἅπασαν κρινομένη τὴν οἰκουμένην ἀρετῆς
χάριν καὶ τῶν ἐκ γῆς καὶ θαλάττης ἀγαθῶν. Αὕτη δ' ἐστὶν, ἣν ὁ Βαῖτις διαρρεῖ
ποταμός, ἀπὸ τῶν αὐτῶν μερῶν τὴν ἀρχὴν ἔχων ἀφ' ὧνπερ καὶ ὁ Ἄνας καὶ ὁ
Τάγος, μέσος πως ἀμφοῖν τούτων ὑπάρχων κατὰ μέγεθος· παραπλησίως
μέντοι τῷ Ἄνᾳ κατ' ἀρχὰς ἐπὶ τὴν ἑσπέραν ῥυεὶς εἶτ' ἐπιστρέφει πρὸς νότον
καὶ κατὰ τὴν αὐτὴν ἐκδίδωσι τούτῳ παραλίαν. Καλοῦσι δ' ἀπὸ μὲν τοῦ
ποταμοῦ Βαιτικήν, ἀπὸ δὲ τῶν ἐνοικούντων Τουρδητανίαν· τοὺς δ'
ἐνοικοῦντας Τουρδητανούς τε καὶ Τουρδούλους προσαγορεύουσιν, οἱ μὲν τοὺς
αὐτοὺς νομίζοντες οἱ δ' ἑτέρους· ὧν ἐστι καὶ Πολύβιος, συνοίκους φήσας τοῖς
Τουρδητανοῖς πρὸς ἄρκτον τοὺς Τουρδούλους· νυνὶ δ' ἐν αὐτοῖς οὐδεὶς
φαίνεται διορισμός. Σοφώτατοι δ' ἐξετάζονται τῶν Ἰβήρων οὗτοι, καὶ
γραμματικῇ χρῶνται, καὶ τῆς παλαιᾶς μνήμης ἔχουσι συγγράμματα καὶ
ποιήματα καὶ νόμους ἐμμέτρους ἑξακισχιλίων ἐπῶν, ὥς φασι· καὶ οἱ ἄλλοι δ'
Ἴβηρες χρῶνται γραμματικῇ, οὐ μιᾷ {δ'} ἰδέᾳ· οὐδὲ γὰρ γλώττῃ μιᾷ. Τείνει δὲ ἡ
χώρα αὕτη, ἡ ἐντὸς τοῦ Ἄνα, πρὸς ἕω μὲν μέχρι τῆς Ὠρητανίας, πρὸς νότον δὲ
* μέχρι τῆς παραλίας τῆς ἀπὸ τῶν ἐκβολῶν τοῦ Ἄνα μέχρι στηλῶν. Ἀνάγκη δὲ
διὰ πλειόνων περὶ αὐτῆς εἰπεῖν καὶ τῶν σύνεγγυς τόπων, ὅσα συντείνει πρὸς
τὸ μαθεῖν τὴν εὐφυίίαν τῶν τόπων καὶ τὴν εὐδαιμονίαν.
| [3,1,6] La partie du littoral adjacente au promontoire Sacré forme le
commencement du côté occidental de l'Ibérie jusqu'à l'embouchure du
Tage, et le commencement du côté méridional jusqu'à un autre fleuve
appelé Anas, jusqu'à son embouchure s'entend. Ces deux cours d'eau
viennent du levant; mais le premier, le Tage, beaucoup plus
considérable que l'autre, coule droit au couchant jusqu'à son
embouchure, tandis que l'Anas tourne au midi, formant ainsi, avec le
Tage, une mésopotamie, dont la population, composée en majeure
partie de Celtici, compte aussi quelques tribus lusitaniennes, que
les Romains y ont transplantées naguère de la rive opposée du Tage.
Il s'y trouve en outre, dans la partie haute, des Carpétans, des Orétans
et des Vettons en grand nombre. Tout ce pays-là est déjà
passablement fertile, mais celui qui lui fait suite au midi et à l'est ne le
cède à pas une des plus riches contrées de la terre habitée pour
l'excellence des produits qu'on y retire soit de la terre soit de la mer.
Ce pays est celui qu'arrose le Baetis, autre grand fleuve, dont la
source est voisine de celle de l'Anas et du Tage, et qui par l'importance
de son cours lient le milieu en quelque sorte entre ces deux fleuves : le
Baetis fait toutefois comme l'Anas, il coule d'abord au couchant, puis
tourne au midi et s'en va déboucher dans la mer aux mêmes rivages
que ce fleuve. Du nom du fleuve qui l'arrose ladite contrée a été
appelée Baetique ; elle s'appelle aussi Turdétanie d'un des noms des
populations qui l'habitent. Ces populations, en effet, portent deux noms
: celui de Turdétans et celui de Turdules; suivant les uns, ces deux
noms auraient toujours désigné un seul et même peuple, mais suivant
les autres (et Polybe est du nombre de ces derniers, puisque, à
l'entendre, les Turdétans avaient pour voisins au nord les Turdules), ils
désignaient d'abord des peuples différents. En tout cas, aujourd'hui,
toute distinction entre ces peuples a disparu. Comparés aux autres
Ibères, les Turdétans sont réputés les plus savants, ils ont une
littérature, des histoires ou annales des anciens temps, des poèmes et
des lois en vers qui datent, à ce qu'ils prétendent, de six mille ans
; mais les autres nations ibères ont aussi leur littérature, disons mieux
leurs littératures, puisqu'elles ne parlent pas toutes la même langue.
Cette contrée sise en deçà de l'Anas, se prolonge à l'est jusqu'à
l'Orétanie et a pour borne au midi la portion du littoral comprise entre
les bouches de l'Anas et les Colonnes d'Hercule. Du reste il est
nécessaire que nous la décrivions plus au long, ainsi que les lieux qui
l'environnent, afin de ne rien omettre de ce qui peut contribuer à faire
connaître tous les avantages, toutes les richesses dont la nature l'a dotée.
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