[3,5,4] Ἐρύθειαν δὲ τὰ Γάδειρα ἔοικε λέγειν ὁ Φερεκύδης, ἐν ᾗ τὰ περὶ τὸν
Γηρυόνην μυθεύουσιν· ἄλλοι δὲ τὴν παραβεβλημένην ταύτῃ τῇ πόλει νῆσον,
πορθμῷ σταδιαίῳ διειργομένην, τὸ εὔβοτον ὁρῶντες, ὅτι τῶν νεμομένων
αὐτόθι προβάτων τὸ γάλα ὀρὸν οὐ ποιεῖ. Τυροποιοῦσί τε πολλῷ ὕδατι
μίξαντες διὰ τὴν πιότητα, ἐν πεντήκοντά τε ἡμέραις πνίγεται τὸ ζῷον, εἰ μή
τις ἀποσχάζοι τι τοῦ αἵματος. Ξηρὰ δέ ἐστιν ἣν νέμονται βοτάνην, ἀλλὰ
πιαίνει σφόδρα· τεκμαίρονται δ' ἐκ τού{του} πεπλάσθαι τὸν μῦθον τὸν περὶ τὰ
βουκόλια τοῦ Γηρυόνου· Κοινῇ μέντοι συνῴκισται πᾶς ὁ αἰγιαλός.
| [3,5,4] Phérécyde semble dire que Gadira est l'ancienne Érythie où la
Fable a placé les aventures de Géryon. Suivant d'autres auteurs, cette
petite île voisine de Gadira, qui n'est séparée de la ville que par un
canal d'un stade de largeur, représente mieux Érythie, vu la beauté de
ses pâturages et cette circonstance remarquable que le lait des
bestiaux qu'on y élève ne contient pas de sérum, et qu'il est si crémeux
qu'on est obligé, peur pouvoir en faire du fromage, d'y mêler beaucoup
d'eau. Quant au bétail, il faut lui tirer du sang au moins tous les
cinquante jours, sans quoi ou le verrait suffoqué par la graisse.
L'herbe de ces pâturages, bien que sèche, engraisse
prodigieusement le bétail, et ces auteurs présument que c'est cette
particularité qui a donné lieu à la fable des troupeaux de Géryon. Du
reste {aujourd'hui, comme nous l'avons dit}, tout le littoral de cette
petite île est couvert d'habitations.
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