[3,5,3] Πρὸς αὐταῖς δὲ δύο νησίδια, ὧν θάτερον Ἥρας νῆσον ὀνομάζουσι· καὶ δή
τινες καὶ ταύτας Στήλας καλοῦσιν. Ἔξω δὲ Στηλῶν τὰ Γάδειρα, περὶ ὧν
τοσοῦτον μόνον εἰρήκαμεν, ὅτι τῆς Κάλπης διέχει περὶ ἑπτακοσίους καὶ
πεντήκοντα σταδίους· τῆς δὲ ἐκβολῆς τοῦ Βαίτιδος πλησίον ἵδρυται· πλείους δ'
εἰσὶ λόγοι περὶ αὐτῆς. Οὗτοι γάρ εἰσιν οἱ ἄνδρες οἱ τὰ πλεῖστα καὶ μέγιστα
ναυκλήρια στέλλοντες εἴς τε τὴν καθ' ἡμᾶς θάλατταν καὶ τὴν ἐκτός, οὔτε
μεγάλην οἰκοῦν τες νῆσον οὔτε τῆς περαίας νεμόμενοι πολλὴν οὔτ' ἄλλων
εὐποροῦντες νήσων, ἀλλὰ πλέον οἰκοῦντες τὴν θάλατταν, ὀλίγοι δ'
οἰκουροῦντες ἢ ἐν Ῥώμῃ διατρίβοντες. Ἐπεὶ πλήθει γε οὐδεμιᾶς ἂν
ἀπολείπεσθαι δόξειε τῶν ἔξω Ῥώμης πόλεων· ἤκουσα γοῦν ἐν μιᾷ τῶν καθ'
ἡμᾶς τιμήσεων πεντακοσίους ἄνδρας τιμηθέντας ἱππικοὺς Γαδιτανούς, ὅσους
οὐδένας οὐδὲ τῶν Ἰταλιωτῶν πλὴν τῶν Παταουίνων. Τοσοῦτοι δ' ὄντες νῆσον
ἔχουσιν οὐ πολὺ μείζονα τῶν ἑκατὸν σταδίων τὸ μῆκος, πλάτος δ' ἔσθ' ὅπου
καὶ σταδιαῖον. Πόλιν δὲ κατ' ἀρχὰς μὲν ᾤκουν παντάπασι μικράν, προσέκτισε
δ' αὐτοῖς Βάλβος Γαδιτανὸς ὁ θριαμβεύσας ἄλλην ἣν νέαν καλοῦσι, τὴν δ' ἐξ
ἀμφοῖν Διδύμην, οὐ πλειόνων εἴκοσι σταδίων οὖσαν τὴν περίμετρον, οὐδὲ
ταύτην στενοχωρουμένην· ὀλίγοι γὰρ οἰκουροῦσιν ἐν αὐτῇ διὰ τὸ πάντας
θαλαττεύειν τὸ πλέον, τοὺς δὲ καὶ τὴν περαίαν οἰκεῖν, καὶ μάλιστα τὴν ἐπὶ τῆς
προκειμένης νησῖδος διὰ τὴν εὐφυίαν, ἣν ὥσπερ ἀντίπολιν πεποιήκασι τῇ
Διδύμῃ, χαίροντες τῷ τόπῳ. Ὀλίγοι δὲ κατὰ σύγκρισιν καὶ ταύτην οἰκοῦσι καὶ
τὸ ἐπίνειον, ὃ κατεσκεύασεν αὐτοῖς Βάλβος ἐν τῇ περαίᾳ τῆς ἠπείρου. Κεῖται δ'
ἐπὶ τῶν ἑσπερίων τῆς νήσου μερῶν ἡ πόλις, προσεχὲς δ' αὐτῇ τελευταῖόν ἐστι
τὸ Κρόνιον πρὸς τῇ νησῖδι· τὸ δ' Ἡράκλειον ἐπὶ θάτερα τέτραπται τὰ πρὸς ἕω,
καθ' ὃ δὴ μάλιστα τῇ ἠπείρῳ τυγχάνει συνάπτουσα ἡ νῆσος ὅσον σταδιαῖον
πορθμὸν ἀπολείπουσα. Καὶ λέγουσι μὲν διέχειν τῆς πόλεως δώδεκα μίλια τὸ
ἱερόν, ἴσον ποιοῦντες τὸν τῶν ἄθλων καὶ τὸν τῶν μιλίων ἀριθμόν· + ἔστι δὲ
μεῖζον καὶ σχεδόν τι τοσοῦτον ὅσον ἐστὶ τὸ τοῦ μήκους τῆς νήσου· μῆκος δ'
ἐστὶ τῆς νήσου τὸ ἀπὸ τῆς δύσεως ἐπὶ τὴν ἀνατολήν.
| [3,5,3] Tout près, maintenant, desdites Colonnes se trouvent deux petites
îles, dont l'une est connue sous le nom d'île de Junon. Quelquefois
même ce sont ces deux îlots à qui l'on donne le nom de Colonnes
d'Hercule. Puis, au delà des Colonnes, est l'île de Gadira, dont nous
n'avons encore rien dit, si ce n'est qu'elle se trouve à 750 stades
environ de Calpé, et tout près des bouches du Baetis. Or, elle mérite
que nous parlions d'elle plus au long. Il n'y a pas de peuple en effet qui
envoie, soit dans la mer Intérieure, soit dans la mer Extérieure, un plus
grand nombre de bâtiments et des bâtiments d'un plus fort tonnage
que les Gaditans : comme leur île est peu étendue, qu'ils n'ont pas sur
le continent vis-à-vis d'établissements considérables, qu'ils ne
possèdent pas non plus d'autres îles, presque tous ont la mer pour
demeure habituelle, et l'on n'en compte qu'un petit nombre qui vive
dans ses foyers ou qui soit venu se fixer à Rome. N'était cette
circonstance, Gadira pourrait passer pour la ville la plus peuplée de
l'empire après Rome. J'ai ouï dire en effet que, dans l'un des
recensements généraux opérés de nos jours, il avait été recensé
jusqu'à cinq cents chevaliers gaditans, or pas une ville d'Italie, si ce
n'est peut-être Patavium, n'en fournit autant. Nombreux comme ils
sont, les Gaditans n'occupent cependant qu'une île dont la longueur
excède à peine cent stades, tandis que la largeur par endroits s'y
réduit à un stade. Dans cette île, ils s'étaient bâti une première ville
aussi resserrée que possible; Balbus de Gadira, le même qui obtint les
honneurs du triomphe, leur en bâtit une seconde à côté qu'on appelle
Ville-Neuve; prises ensemble, ces deux villes ont reçu le nom de
Didyme, et, quoiqu'elles n'aient pas plus de vingt stades de tour,
l'espace n'y manque pas encore, vu qu'un petit nombre seulement
d'habitants y réside, la grande majorité des Gaditans, je le répète,
passant leur vie en mer ou habitant de préférence la côte de terre-
ferme, et surtout les bords d'une petite île qui est en face de Gadira, et
qu'ils ont trouvée si à leur gré, à cause de sa fertilité et de son
heureuse position, qu'ils en ont fait comme qui dirait l'Anti-Didyme.
Mais ce n'est encore relativement qu'une faible partie des Gaditans qui
habite cette petite île et le quartier de l'arsenal bâti par Balbus sur le
continent vis-à-vis. Quant à la ville proprement dite, elle est située
dans la partie occidentale de l'île de Gadira, et précède le Cronium ou
temple de Saturne, qui se prolonge jusqu'à l'extrémité de l'île et fait
face à l'autre petite île dont nous avons parlé. A l'opposite, du côté de
l'orient, et sur le point où l'île est le plus rapprochée du continent, vu
qu'elle n'en est plus séparée que par un canal d'un stade de large,
s'élève l'Heracleum ou temple d'Hercule. On prétend que la distance
de ce temple à la ville est de douze milles, et que c'est à dessein que
le nombre des milles a été égalé à celui des travaux du dieu; mais, par
le fait, la distance est plus considérable, égalant presque la dimension
en longueur de l'île elle-même, laquelle se prend de l'O. à l'E.
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