[3,4,19] Τινὲς μὲν οὖν εἰς τέτταρα μέρη διῃρῆσθαί φασι τὴν χώραν ταύτην,
καθάπερ εἴπομεν, ἄλλοι δὲ πενταμερῆ λέγουσιν. Οὐκ ἔστι δὲ τἀκριβὲς ἐν
τούτοις ἀποδιδόναι διὰ τὰς μεταβολὰς καὶ τὴν ἀδοξίαν τῶν τόπων. Ἐν γὰρ
τοῖς γνωρίμοις καὶ ἐνδόξοις αἵ τε μεταναστάσεις γνώριμοι καὶ οἱ μερισμοὶ τῆς
χώρας καὶ αἱ μεταβολαὶ τῶν ὀνομάτων καὶ εἴ τι ἄλλο παραπλήσιον· θρυλεῖται
γὰρ ὑπὸ πολλῶν καὶ μάλιστα τῶν Ἑλλήνων. Ὅσα δὲ καὶ βάρβαρα καὶ
ἐκτετοπισμένα καὶ μικρόχωρα καὶ διεσπασμένα, τούτων ὑπομνήματα οὔτ'
ἀσφαλῆ ἐστιν οὔτε πολλά· ὅσα δὲ δὴ πόρρω τῶν Ἑλλήνων ἐπιτείνει τὴν
ἄγνοιαν. Οἱ δὲ τῶν Ῥωμαίων συγγραφεῖς μιμοῦνται μὲν τοὺς Ἕλληνας, ἀλλ'
οὐκ ἐπὶ πολύ· καὶ γὰρ ἃ λέγουσι παρὰ τῶν Ἑλλήνων μεταφέρουσιν, ἐξ ἑαυτῶν
δ' οὐ πολὺ μὲν προσφέρονται τὸ φιλείδημον, ὥσθ', ὁπόταν ἔλλειψις γένηται
παρ' ἐκείνων, οὐκ ἔστι πολὺ τὸ ἀναπληρούμενον ὑπὸ τῶν ἑτέρων, ἄλλως τε
καὶ τῶν ὀνομάτων, ὅσα ἐνδοξότατα, τῶν πλείστων ὄντων Ἑλληνικῶν· ἐπεὶ καὶ
Ἰβηρίαν ὑπὸ μὲν τῶν προτέρων καλεῖσθαι πᾶσαν τὴν ἔξω τοῦ Ῥοδανοῦ καὶ
τοῦ ἰσθμοῦ τοῦ ὑπὸ τῶν Γαλατικῶν κόλπων σφιγγομένου, οἱ δὲ νῦν ὅριον
αὐτῆς τίθενται τὴν Πυρήνην, συνωνύμως τε τὴν αὐτὴν Ἰβηρίαν λέγουσι καὶ
Ἱσπανίαν· ἄλλοι δ' Ἰβηρίαν μόνην ἐκάλουν τὴν ἐντὸς τοῦ Ἴβηρος· οἱ δ' ἔτι
πρότερον αὐτοὺς τούτους Ἰγλῆτας, οὐ πολλὴν χώραν νεμομένους, ὥς φησιν
Ἀσκληπιάδης ὁ Μυρλεανός. Ῥωμαῖοι δὲ τὴν σύμπασαν καλέσαντες
συνωνύμως Ἰβηρίαν τε καὶ Ἱσπανίαν τὸ μὲν αὐτῆς μέρος εἶπον τὴν ἐκτὸς, τὸ
δὲ ἕτερον τὴν ἐντός· ἄλλοτε δ' ἄλλως διαιροῦσι, πρὸς τοὺς καιροὺς
πολιτευόμενοι.
| [3,4,19] Quelques auteurs divisent, avons-nous dit, l'Ibérie en quatre
parties, d'autres y comptent jusqu'à cinq divisions. Mais on ne peut rien
préciser à cet égard par suite des changements politiques survenus en
ce pays et du peu de célébrité attaché à son nom. Quand il s'agit de
contrées bien connues, de contrées célèbres, on est à même
d'apprendre tout ce qui s'y est passé en fait de migrations de peuples,
de divisions de territoire, de changements de noms et de circonstances
analogues, car il ne manque pas de gens pour vous en informer, parmi
les Grecs surtout, qui sont bien les plus communicatifs des hommes.
Mais s'agit- il de contrées barbares et lointaines, divisées qui
plus est et comme démembrées en beaucoup de petits pays, les
documents deviennent rares et peu certains et l'ignorance s'accroît, à
proportion que lesdites contrées sont plus distantes de la Grèce. A vrai
dire, les historiens latins cherchent à imiter ceux de la Grèce, mais ils
n'y réussissent qu'imparfaitement, se contentant de traduire ce qu'ont dit les Grecs,
sans montrer par eux-mêmes une bien vive curiosité. Il en résulte que,
quand les historiens grecs nous font défaut, les autres ne nous offrent
pas grande ressource pour combler la lacune. Ajoutons que presque
partout les noms les plus illustres sont des noms grecs d'origine. Le
nom d'Ibérie est de ceux-là, et, suivant certains auteurs, les anciens
Grecs l'avaient donné à tout le pays à partir du Rhône et de l'isthme
qui se trouve resserré entre les golfes Galatiques, tandis que,
aujourd'hui, on regarde le Mont Pyréné comme la limite de l'Ibérie, en
même temps qu'on fait des noms d'Ibérie et d'Hispanie deux noms
équivalents. Suivant d'autres, le nom d'Ibérie n'aurait désigné d'abord
que la région située en deçà de l'Èbre ou l'ancien pays des Iglètes,
ainsi appelé du nom d'un peuple qui pourtant, au dire d'Asclépiade de
Myrlée, n'occupait qu'un territoire relativement peu étendu. Puis sont
venus les Romains qui, en même temps qu'ils ont appelé la contrée
tout entière indifféremment Ibérie et Hispanie, l'ont partagée en
province Ultérieure et province Citérieure, se réservant de modifier
encore par la suite la division administrative du pays, suivant que les
circonstances l'exigeraient.
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