[3,1,4] Ἀναλαβόντες δὲ λέγωμεν τὰ καθ' ἕκαστα, ἀπὸ τοῦ ἱεροῦ ἀκρωτηρίου
ἀρξάμενοι. Τοῦτο δέ ἐστι τὸ δυτικώτατον οὐ τῆς Εὐρώπης μόνον, ἀλλὰ καὶ τῆς
οἰκουμένης ἁπάσης σημεῖον. Περατοῦται μὲν γὰρ ὑπὸ τῶν δυεῖν ἠπείρων ἡ
οἰκουμένη πρὸς δύσιν, τοῖς τε τῆς Εὐρώπης ἄκροις καὶ τοῖς πρώτοις τῆς
Λιβύης, ὧν τὰ μὲν Ἴβηρες ἔχουσι, τὰ δὲ Μαυρούσιοι. Προὔχει δὲ τὰ Ἰβηρικὰ
ὅσον χιλίοις καὶ πεντακοσίοις σταδίοις κατὰ τὸ λεχθὲν ἀκρωτήριον. Καὶ δὴ καὶ
τὴν προσεχῆ τούτῳ χώραν τῇ Λατίνῃ φωνῇ καλοῦσι Κούνεον, σφῆνα
σημαίνειν βουλόμενοι. Αὐτὸ δὲ τὸ ἄκρον καὶ προπεπτωκὸς εἰς τὴν θάλατταν
Ἀρτεμίδωρος εἰκάζει πλοίῳ, γενόμενος, φησίν, ἐν τῷ τόπῳ, προσλαμβάνειν δὲ
τῷ σχήματι νησίδια τρία, τὸ μὲν ἐμβόλου τάξιν ἔχον τὰ δὲ ἐπωτίδων,
ὑφόρμους ἔχοντα μετρίους. Ἡρακλέους {δ' οὔ} θ' ἱερὸν ἐνταῦθα δείκνυσθαι
(ψεύσασθαι δὲ τοῦτο Ἔφορον), οὔτε βωμόν, οὐδ' ἄλλου τῶν θεῶν, ἀλλὰ λίθους
συγκεῖσθαι τρεῖς ἢ τέτταρας κατὰ πολλοὺς τόπους, οὓς ὑπὸ τῶν
ἀφικνουμένων στρέφεσθαι κατά τι πάτριον καὶ μεταφέρεσθαι
σπονδοποιησαμένων· θύειν δ' οὐκ εἶναι νόμιμον, οὐδὲ νύκτωρ ἐπιβαίνειν τοῦ
τόπου, θεοὺς φασκόντων κατέχειν αὐτὸν ἐν τῷ τότε χρόνῳ, ἀλλὰ τοὺς ἐπὶ
θέαν ἥκοντας ἐν κώμῃ πλησίον νυκτερεύειν, εἶτ' ἐπιβάλλειν ἡμέρας, ὕδωρ
ἐπιφερομένους διὰ τὴν ἀνυδρίαν.
| [3,1,4] Pour décrire maintenant le pays en détail, nous reprendrons du
promontoire Sacré. Ce cap marque l'extrémité occidentale non
seulement de l'Europe, mais de la terre habitée tout entière. Car, si la
terre habitée finit au couchant avec les deux continents d'Europe et de
Libye, avec l'Ibérie, extrémité de l'Europe, et avec la Maurusie,
première terre de la Libye, la côte d'Ibérie au promontoire Sacré se
trouve dépasser la côte opposée de 1500 stades environ. De là le nom
de Cuneus, sous lequel on désigne toute la contrée attenante audit
promontoire et qui, en latin, signifie un coin. Quant au promontoire
même ou à la partie de la côte qui avance dans la mer, Artémidore, qui
nous dit avoir été sur les lieux, en compare la forme à celle d'un navire;
quelque chose même, suivant lui, ajoute à la ressemblance, c'est la
proximité de trois îlots placés de telle sorte, que l'un figure l'éperon,
tandis que les deux autres, avec le double port passablement grand
qu'ils renferment, figurent les épotides du navire. Le même auteur nie
formellement l'existence sur le promontoire Sacré d'un temple ou d'un
autel quelconque dédié soit à Hercule, soit à telle autre divinité, et il
traite Éphore de menteur pour avoir avancé le fait. Les seuls
monuments qu'il y vit étaient des groupes épars de trois ou quatre
pierres, que les visiteurs, pour obéir à une coutume locale, tournent
dans un sens, puis dans l'autre, après avoir fait au-dessus
certaines libations ; quant à des sacrifices en règle, il n'est pas
permis d'en faire en ce lieu, non plus qu'il n'est permis de le visiter la
nuit, les dieux, à ce qu'on croit, s'y donnant alors rendez-vous. En
conséquence, les visiteurs sont tenus de passer la nuit dans un bourg
voisin et d'attendre le jour pour se rendre au cap Sacré, en ayant soin
d'emporter de l'eau avec eux, vu que l'eau y manque absolument.
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