[3,4,4] Οὐ δὴ θαυμάζοι τις ἂν οὔτε τοῦ ποιητοῦ τὰ περὶ τὴν Ὀδυσσέως πλάνην
μυθογραφήσαντος τοῦτον τὸν τρόπον, ὥστ' ἔξω Στηλῶν ἐν τῷ Ἀτλαντικῷ
πελάγει τὰ πολλὰ διαθέσθαι τῶν λεγομένων περὶ αὐτοῦ ( τὰ γὰρ ἱστορούμενα
ἐγγὺς ἦν { καὶ} τοῖς τόποις καὶ τοῖς ἄλλοις τῶν ὑπ' ἐκείνου πεπλασμένων,
ὥστε οὐκ ἀπίθανον ἐποίει τὸ πλάσμα), οὔτ' εἴ τινες αὐταῖς τε ταύταις ταῖς
ἱστορίαις πιστεύσαντες καὶ τῇ πολυμαθείᾳ τοῦ ποιητοῦ καὶ πρὸς
ἐπιστημονικὰς ὑποθέσεις ἔτρεψαν τὴν Ὁμήρου ποίησιν, καθάπερ Κράτης τε ὁ
Μαλλώτης ἐποίησε καὶ ἄλλοι τινές. Οἱ δ' οὕτως ἀγροίκως ἐδέξαντο τὴν
ἐπιχείρησιν τὴν τοιαύτην, ὥστε οὐ μόνον τὸν ποιητὴν σκαπανέως ἢ θεριστοῦ
δίκην ἐκ πάσης τῆς τοιαύτης ἐπιστήμης ἐξέβαλον, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἁψαμένους
τῆς τοιαύτης πραγματείας μαινομένους ὑπέλαβον· συνηγορίαν δὲ ἢ
ἐπανόρθωσιν ἤ τι τοιοῦτον ἕτερον εἰς τὰ λεχθέντα ὑπ' ἐκείνων εἰσενεγκεῖν
οὐκ ἐθάρρησεν οὔτε τῶν γραμματικῶν οὔτε τῶν περὶ τὰ μαθήματα δεινῶν
οὐδείς. Καίτοι ἔμοιγε δοκεῖ δυνατὸν εἶναι καὶ συνηγορῆσαι πολλοῖς τῶν
λεχθέντων καὶ εἰς ἐπανόρθωσιν ἄγειν καὶ μάλιστα ταῦτα ὅσα Πυθέας
παρεκρούσατο τοὺς πιστεύσαντας αὐτῷ κατὰ ἄγνοιαν τῶν τε ἑσπερίων τόπων
καὶ τῶν προσβόρρων τῶν παρὰ τὸν ὠκεανόν. Ἀλλὰ ταῦτα μὲν ἐάσθω λόγον
ἔχοντα ἴδιον καὶ μακρόν.
| [3,4,4] On conçoit donc parfaitement que l'imagination d'Homère ait pu,
modifiant sur ce point les traditions relatives aux erreurs d'Ulysse,
transporter par delà les Colonnes d'Hercule, en pleine mer Atlantique,
une partie des aventures du héros (car ici, tant par le choix des lieux
que par les autres circonstances, la fiction s'écartait assez peu des
données positives de l'histoire pour paraître presque vraisemblable);
on conçoit également qu'il se soit trouvé des personnes, comme voilà
Cratès de Mallos et d autres encore, qui, conciliant leur foi dans ces
traditions historiques avec le respect dû à la grande érudition
d'Homère, ont fait de ses poèmes un sujet de discussions
scientifiques. En revanche, il y a des auteurs qui ont compris l'oeuvre
du poète de façon si rustique, on peut dire, que, non contents de lui
refuser, comme ils auraient pu faire au fossoyeur nu au simple
moissonneur, la science et l'érudition proprement dite, ils ont traité
d'insensé quiconque avait pu soumettre ses poèmes à une étude, à un
examen scientifique; et jusqu'ici personne, sont parmi les
grammairiens, soit parmi les mathématiciens, n'a osé entreprendre une
défense en règle d'Homère, ni même rectifier ou contredire d'une façon
quelconque les assertions de ces auteurs. Il me semble pourtant
possible de justifier Homère de la plupart des reproches qu'on lui a
adressés et de rectifier qui plus est mainte erreur de ses critiques,
notamment celles où ils sont tombés, pour avoir cru aux mensonges
de Pythéas, dans l'ignorance complète où ils étaient de la géographie
des contrées qui bordent l'Océan à l'O. et au N. de la terre habitée.
Mais laissons ce sujet, qui demanderait à être traité d'une manière
spéciale avec tous les développements qu'il comporte.
|