[3,3,8] Τὸ δὲ δυσήμερον καὶ ἀγριῶδες ( δ') οὐκ ἐκ τοῦ πολεμεῖν συμβέβηκε μόνον,
ἀλλὰ καὶ διὰ τὸν ἐκτοπισμόν· καὶ γὰρ ὁ πλοῦς ἐπ' αὐτοὺς μακρὸς καὶ αἱ ὁδοί,
δυσεπίμικτοι δ' ὄντες ἀποβεβλήκασι τὸ κοινωνικὸν καὶ τὸ φιλάνθρωπον.
Ἧττον δὲ νῦν τοῦτο πάσχουσι διὰ τὴν εἰρήνην καὶ τὴν τῶν Ῥωμαίων
ἐπιδημίαν· ὅσοις δ' ἧττον τοῦτο συμβαίνει, χαλεπώτεροί εἰσι καὶ
θηριωδέστεροι. Τοιαύτης δ' οὔσης καὶ ἀπὸ τῶν τόπων λυπρότητος ἐνίοις καὶ
τῶν ὀρῶν, εἰκὸς ἐπιτείνεσθαι τὴν τοιαύτην ἀτοπίαν. Ἀλλὰ νῦν, ὡς εἶπον,
πέπαυται πολεμοῦντα πάντα· τούς τε γὰρ συνέχοντας ἔτι νῦν μάλιστα τὰ
λῃστήρια Καντάβρους καὶ τοὺς γειτονεύοντας αὐτοῖς κατέλυσεν ὁ Σεβαστὸς
Καῖσαρ, καὶ ἀντὶ τοῦ πορθεῖν τοὺς τῶν Ῥωμαίων συμμάχους στρατεύουσι νῦν
ὑπὲρ τῶν Ῥωμαίων οἵ τε Κωνιακοὶ καὶ οἱ πρὸς ταῖς πηγαῖς τοῦ Ἴβηρος
οἰκοῦντες Πληντουίσοι. Ὅ τ' ἐκεῖνον διαδεξάμενος Τιβέριος, τριῶν ταγμάτων
στρατιωτικὸν ἐπιστήσας τοῖς τόποις, τὸ ἀποδειχθὲν ὑπὸ τοῦ Σεβαστοῦ
Καίσαρος, οὐ μόνον εἰρηνικοὺς, ἀλλὰ καὶ πολιτικοὺς ἤδη τινὰς αὐτῶν
ἀπεργασάμενος τυγχάνει.
| [3,3,8] Au surplus, ce n'est pas seulement la guerre qui a engendré chez
ces peuples ces moeurs rudes et sauvages, elles tiennent aussi à
l'extrême éloignement où leur pays se trouve des autres contrées, car
pour y arriver soit par terre, soit par mer, il faut toujours faire un chemin
très long, et naturellement, cette difficulté de communication leur a fait
perdre toute sociabilité et toute humanité. Il faut dire pourtant
qu'aujourd'hui le mal est moins grand par suite du rétablissement de la
paix et des fréquents voyages que les Romains font dans leurs
montagnes. Restent quelques tribus qui ont jusqu'ici moins participé
que les autres à ce double avantage, celles-là ont conservé un
caractère plus farouche, plus brutal, sans compter que chez la plupart
d'entre elles cette disposition naturelle a pu se trouver augmentée
encore par l'âpreté des lieux et la rigueur du climat. Mais, je le
répète, toutes les guerres se trouvent aujourd'hui terminées; les
Cantabres eux-mêmes, qui de tous ces peuples étaient les plus
attachés à leurs habitudes de brigandage, ont été réduits par César-
Auguste, ainsi que les tribus qui les avoisinent, et, au lieu de dévaster
comme par le passé les terres des alliés du peuple romain, ils portent
maintenant les armes pour les Romains mêmes : tel est le cas aussi
des Coniaci, {des Aruaci}, qui habitent {la ville de Segida}, aux
sources de l'Èbre, {des Belli et des Tytthi}. De plus, Tibère a, sur
l'indication d'Auguste, son prédécesseur, envoyé dans ces contrées un
corps de trois légions, dont la présence se trouve avoir beaucoup fait déjà,
non seulement pour pacifier, mais encore pour civiliser une partie de ces peuples.
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