[3,3,7] Ἅπαντες δ' οἱ ὄρειοι λιτοὶ, ὑδροπόται, χαμαιεῦναι, βαθεῖαν κατακεχυμένοι
τὴν κόμην γυναικῶν δίκην· μιτρωσάμενοι δὲ τὰ μέτωπα μάχονται.
Τραγοφαγοῦσι δὲ μάλιστα, καὶ τῷ Ἄρει τράγον θύουσι καὶ τοὺς αἰχμαλώτους
καὶ ἵππους· ποιοῦσι δὲ καὶ ἑκατόμβας ἑκάστου γένους ἑλληνικῶς. Τελοῦσι δὲ
καὶ ἀγῶνας γυμνικοὺς καὶ ὁπλιτικοὺς καὶ ἱππικούς, πυγμῇ καὶ δρόμῳ καὶ
ἀκροβολισμῷ καὶ τῇ σπειρηδὸν μάχῃ. Οἱ δ' ὄρειοι τὰ δύο μέρη τοῦ ἔτους
δρυοβαλάνῳ χρῶνται, ξηράναντες καὶ κόψαντες, εἶτα ἀλέσαντες καὶ
ἀρτοποιησάμενοι ὥστ' ἀποτίθεσθαι εἰς χρόνον. Χρῶνται δὲ καὶ ζύθει· οἴνῳ δὲ
σπανίζονται· τὸν δὲ γινόμενον ταχὺ ἀναλίσκουσι κατευωχούμενοι μετὰ τῶν
συγγενῶν· ἀντ' ἐλαίου δὲ βουτύρῳ χρῶνται. Καθήμενοί τε δειπνοῦσι, περὶ
τοὺς τοίχους καθέδρας οἰκοδομητὰς ἔχοντες, προκάθηνται δὲ καθ' ἡλικίαν καὶ
τιμήν· περιφορητὸν δὲ τὸ δεῖπνον. Ξυλίνοις δὲ ἀγγείοις χρῶνται, καθάπερ καὶ
οἱ Κελτοί. Καὶ παρὰ πότον ὀρχοῦνται πρὸς αὐλὸν καὶ σάλπιγγα χορεύοντες,
ἀλλὰ καὶ ἀναλλόμενοι καὶ ὀκλάζοντες· ἐν Βαστητανίᾳ δὲ καὶ γυναῖκες ἀναμὶξ
ἀνδράσιν ἀντιλαμβανόμεναι τῶν χειρῶν. Μελανείμονες ἅπαντες, τὸ πλέον ἐν
σάγοις, ἐν οἷσπερ καὶ στιβαδοκοιτοῦσι, αἱ γυναῖκες δ' ἐν ἐνδύμασι καὶ
ἀνθίναις ἐσθήσεσι διάγουσιν. Ἀντὶ δὲ νομίσματος οἱ ( δὲ) λίαν ἐν βάθει
φορτίων ἀμοιβῇ χρῶνται ἢ τοῦ ἀργυροῦ ἐλάσματος ἀποτέμνοντες διδόασι.
Τοὺς δὲ θανατουμένους καταπετροῦσι, τοὺς δὲ πατραλοίας ἔξω τῶν ὅρων
καταλεύουσι. Γαμοῦσι δ' ὥσπερ οἱ Ἕλληνες. Τοὺς δὲ ἀρρώστους, ὥσπερ οἱ *
Ἀσσύριοι τὸ παλαιόν, προτιθέασιν εἰς τὰς ὁδοὺς τοῖς πεπειραμένοις τοῦ
πάθους ὑποθήκης χάριν. Διφθερίνοις τε πλοίοις ἐχρῶντο ἕως ἐπὶ Βρούτου διὰ
τὰς πλημμυρίδας καὶ τὰ τενάγη, νυνὶ δὲ καὶ τὰ μονόξυλα ἤδη σπάνια. Ἅλες
πορφυροῖ, τριφθέντες δὲ λευκοί. Ἔστι δὲ τῶν ὀρείων ὁ βίος οὗτος, ὧνπερ ἔφην,
λέγω δὲ τοὺς τὴν βόρειον πλευρὰν ἀφορίζοντας τῆς Ἰβηρίας, Καλλαϊκοὺς καὶ
Ἄστουρας καὶ Καντάβρους μέχρι Ὀυασκώνων καὶ τῆς Πυρήνης· ὁμοειδεῖς γὰρ
ἁπάντων οἱ βίοι. Ὀκνῶ δὲ τοῖς ὀνόμασι πλεονάζειν, φεύγων τὸ ἀηδὲς τῆς
γραφῆς, εἰ μή τινι πρὸς ἡδονῆς ἐστιν ἀκούειν Πλευταύρους καὶ Βαρδυήτας καὶ
Ἀλλότριγας καὶ ἄλλα χείρω καὶ ἀσημότερα τούτων ὀνόματα.
| [3,3,7] Tous ces montagnards sont sobres, ne boivent que de l'eau et
couchent sur la dure ; ils portent les cheveux longs et flottants à la
manière des femmes, mais, pour combattre, ils se ceignent le front
d'un bandeau. Ils se nourrissent surtout de la chair du bouc, Dans leurs
sacrifices au dieu Mars, ils immolent aussi des boucs, ainsi que, des
prisonniers de guerre et des chevaux. Ils font en outre des hécatombes
de chaque espèce de victime, à la façon des Grecs. Ils célèbrent
des jeux gymniques, hoplitiques et hippiques, dans lesquels ils
s'exercent au pugilat et à la course, et simulent des escarmouches et
des batailles rangées. Les trois quarts de l'année, on ne se nourrit
dans la montagne que de glands de chêne, qui, séchés, concassés et
broyés, servent à faire du pain. Ce pain peut se garder longtemps. Une
espèce de bière faite avec de l'orge y est la boisson ordinaire; quant au
vin, il est rare, et le peu qu'on en fait est bientôt consommé dans ces
grands banquets de famille si fréquents chez ces peuples. Le beurre y
tient lieu d'huile. On mange assis; il y a pour cela des stalles en pierre,
qui règnent tout autour des murs et où les convives prennent place
suivant l'âge et le rang. Les mets circulent de main en main. Tout en
buvant, les hommes se mettent à danser, tantôt formant des choeurs
au son de la flûte et de la trompette, tantôt bondissant un à un à qui
sautera le plus haut en l'air et retombera le plus gracieusement à
genoux. Dans la Bastétanie, les femmes dansent aussi mêlées
aux hommes, chacune ayant son danseur vis-à-vis, à qui elle donne de
temps en temps les mains. Tous les hommes sont habillés de
noir, ils ne quittent pas à proprement parler leurs saies, s'en servant
même en guise de couvertures sur leurs lits de paille sèche : ces
manteaux, comme ceux des Celtes, sont faits de laine grossière ou de
poil de chèvre. Quant aux femmes, elles ne portent que des
manteaux et des robes de couleur faites d'étoffes brochées. Dans
l'intérieur des terres, on ne connaît, à défaut de monnaies, que le
commerce d'échange, ou bien on découpe dans des lames d'argent de
petits morceaux qu'on donne en payement de ce qu'on achète. Les
criminels condamnés à mort sont précipités; mais les parricides sont
lapidés hors du territoire, par delà la frontière la plus reculée. Les
cérémonies du mariage sont les mêmes qu'en Grèce. Les malades,
comme cela se pratiquait anciennement chez les Assyriens, sont
exposés dans les rues pour provoquer ainsi les conseils de ceux qui
ont été atteints des mêmes maux. Antérieurement à l'expédition de
Brutus, ces peuples ne se servaient que de bateaux de cuir pour
traverser les estuaires et étangs de leur pays ; aujourd'hui ils
commencent aussi à avoir des canots creusés dans un seul tronc
d'arbre, mais l'usage en est encore peu répandu. Le sel qu'ils
recueillent est rouge pourpre, seulement il devient blanc quand il est
écrasé. Tel est le genre de vie de tous les montagnards, et, comme je
l'ai déjà dit, je comprends sous cette dénomination les différents
peuples qui bordent le côté oriental de l'Ibérie jusqu'au pays des
Vascons et au Mont Pyréné, à savoir les Callaïques, les Astures et les
Cantabres, qui ont tous en effet une manière de vivre uniforme : je
pourrais sans doute faire la liste de ces peuples plus longue, mais je
n'en ai pas le courage et je recule, je l'avoue, devant l'ennui d'une
transcription pareille, n'imaginant pas d'ailleurs que personne puisse
trouver du plaisir à entendre des noms comme ceux des Pleutaures,
des Bardyètes, des Allobriges et d'autres moins harmonieux et moins connus encore.
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