[3,2,11] Οὐ πολὺ δ' ἄπωθεν τοῦ Καστλῶνος ἔστι καὶ τὸ ὄρος, ἐξ οὗ ῥεῖν φασι τὸν
Βαῖτιν, ὃ καλοῦσιν Ἀργυροῦν διὰ τὰ ἀργυρεῖα τὰ ἐν αὐτῷ. Πολύβιος δὲ καὶ τὸν
Ἄναν καὶ τοῦτον ἐκ τῆς Κελτιβηρίας ῥεῖν φησι, διέχοντας ἀλλήλων ὅσον
ἐνακοσίους σταδίους· αὐξηθέντες γὰρ οἱ Κελτίβηρες ἐποίησαν καὶ τὴν
πλησιόχωρον πᾶσαν ὁμώνυμον ἑαυτοῖς. Ἐοίκασι δ' οἱ παλαιοὶ καλεῖν τὸν
Βαῖτιν Ταρτησσόν, τὰ δὲ Γάδειρα καὶ τὰς πρὸς αὐτὴν νήσους Ἐρύθειαν· διόπερ
οὕτως εἰπεῖν ὑπολαμβάνουσι Στησίχορον περὶ τοῦ Γηρυόνος βουκόλου, διότι γεννηθείη
σχεδὸν ἀντιπέρας κλεινᾶς Ἐρυθείας
Ταρτησσοῦ ποταμοῦ παρὰ παγὰς ἀπείρονας ἀργυρορίζους,
ἐν κευθμῶνι πέτρας.
Δυεῖν δὲ οὐσῶν ἐκβολῶν τοῦ ποταμοῦ, πόλιν ἐν τῷ μεταξὺ χώρῳ κατοικεῖσθαι
πρότερον φασίν, ἣν καλεῖσθαι Ταρτησσὸν, ὁμώνυμον τῷ ποταμῷ, καὶ τὴν
χώραν Ταρτησσίδα, ἣν νῦν Τουρδοῦλοι νέμονται. (Καὶ) Ἐρατοσθένης δὲ τὴν
συνεχῆ τῇ Κάλπῃ Ταρτησσίδα καλεῖσθαί φησι, καὶ Ἐρύθειαν νῆσον
εὐδαίμονα. Πρὸς ὃν Ἀρτεμίδω ρος ἀντιλέγων καὶ ταῦτα ψευδῶς λέγεσθαί
φησιν ὑπ' αὐτοῦ, καθάπερ καὶ τὸ ἀπὸ Γαδείρων ἐπὶ τὸ ἱερὸν ἀκρωτήριον
διάστημα ἀπέχειν ἡμερῶν πέντε πλοῦν, οὐ πλειόνων ὄντων ἢ χιλίων καὶ
ἑπτακοσίων σταδίων, καὶ τὸ τὰς ἀμπώτεις μέχρι δεῦρο περατοῦσθαι ἀντὶ τοῦ
κύκλῳ περὶ πᾶσαν τὴν οἰκουμένην συμβαίνειν, καὶ τὸ τὰ προσαρκτικὰ μέρη
τῆς Ἰβηρίας εὐπαροδώτερα εἶναι πρὸς τὴν Κελτικὴν ἢ κατὰ τὸν ὠκεανὸν
πλέουσι, καὶ ὅσα δὴ ἄλλα εἴρηκε Πυθέᾳ πιστεύσας.
| [3,2,11] Enfin, non loin de Castlon, s'élève une montagne (la même d'où
l'on fait descendre le Baetis) qui a reçu le nom de mont Argyrûs à
cause des mines d'argent qui s'y trouvent. Polybe fait venir le Baetis
comme l'Anas de la Celtibérie, bien que ces deux fleuves soient
séparés l'un de l'autre par un intervalle de 900 stades environ, mais
c'est que, par suite de l'accroissement de leur puissance, les
Celtibères avaient fini par étendre leur nom de proche en proche à tout
le pays environnant. Anciennement, à ce qu'il semble, on désignait le
Baetis sous le nom de Tartessos, et Gadira, avec le groupe d'îles qui
l'avoisinent, sous le nom d'Erythea, et on explique ainsi comment
Stésichore, en parlant du pasteur Géryon, a pu dire qu'il était né
« Presque en face de l'illustre Erythie, non loin des sources
profondes du Tartesse, de ce fleuve à tête d'argent, né dans les
sombres entrailles d'un rocher. »
On croit aussi que, comme le Baetis a une double embouchure et qu'il
laisse un grand espace de terrain entre ses deux branches, les
anciens avaient bâti là dans l'intervalle une ville nommée Tartessos
ainsi que le fleuve lui-même, et qui avait donné à toute la contrée
occupée aujourd'hui par les Turdules le nom de Tartesside.
Eratosthène, il est vrai, prétend qu'on appelait Tartesside uniquement
le canton adjacent au mont Calpé et que le nom d'Erythea
désignait l'une des îles Fortunées. Mais Artémidore contredit
formellement cette assertion, et, à l'entendre, Eratosthène s'est
grossièrement trompé sur ce point, tout comme il s'est trompé en
affirmant que de Gadira au Promontoire Sacré on compte cinq
journées de navigation quand la distance réelle n'excède pas 1700
stades ; — que le phénomène des marées ne se fait pas sentir au delà
dudit promontoire, quand il est constant qu'il se produit sur toute la
circonférence de la terre habitée; — que, pour le vaisseau qui fait voile
vers la Celtique, la navigation de l'Océan est plus facile et plus sûre le
long des côtes septentrionales {que le long des côtes méridionales} de
l'Ibérie; — et comme en général il s'est trompé toutes les fois qu'il
s'est laissé prendre à l'aplomb impudent de ce Pythéas.
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