HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Strabon, Geographica, livre III

Chapitre 2

  par. 6

[3,2,6] Ἐξάγεται δ' ἐκ τῆς Τουρδητανίας σῖτός τε καὶ οἶνος πολὺς καὶ ἔλαιον οὐ πολὺ μόνον ἀλλὰ καὶ κάλλιστον· καὶ κηρὸς δὲ καὶ μέλι καὶ πίττα ἐξάγεται καὶ κόκκος πολλὴ καὶ μίλτος οὐ χείρων τῆς Σινωπικῆς γῆς. Τά τε ναυπήγια συνιστᾶσιν αὐτόθι ἐξ ἐπιχωρίας ὕλης, ἅλες τε ὀρυκτοὶ παρ' αὐτοῖς εἰσι καὶ ποταμῶν ἁλμυρῶν ῥεύματα οὐκ ὀλίγα, οὐκ ὀλίγη δὲ οὐδὲ ἐκ τῶν ὄψων ταριχεία οὐκ ἔνθεν μόνον, ἀλλὰ καὶ ἐκ τῆς ἄλλης τῆς ἐκτὸς Στηλῶν παραλίας, οὐ χείρων τῆς Ποντικῆς. Πολλὴ δὲ καὶ ἐσθὴς πρότερον ἤρχετο, νῦν δὲ ἔρια + μᾶλλον τῶν κοραξῶν. Καὶ ὑπερβολή τίς ἐστι τοῦ κάλλους· ταλαντιαίους γοῦν ὠνοῦνται τοὺς κριοὺς εἰς τὰς ὀχείας. Ὑπερβολὴ δὲ καὶ τῶν λεπτῶν ὑφασμάτων, ἅπερ οἱ + Σαλτιγῖται κατασκευάζουσιν. Ἄφθονος δὲ καὶ βοσκημάτων εὐπορία παντοίων καὶ κυνηγεσίων. Τῶν δ' ὀλεθρίων θηρίων σπάνις πλὴν τῶν γεωρύχων λαγιδέων, οὓς ἔνιοι λεβηρίδας προσαγορεύουσι· λυμαίνον 'ται γὰρ καὶ φυτὰ καὶ σπέρματα ῥιζοφαγοῦντες· καὶ τοῦτο συμβαίνει καθ' ὅλην τὴν Ἰβηρίαν σχεδόν, διατείνει δὲ καὶ μέχρι Μασσαλίας, ὀχλεῖ δὲ καὶ τὰς νήσους. Οἱ δὲ τὰς Γυμνησίας οἰκοῦντες λέγονται πρεσβεύσασθαί ποτε πρὸς Ῥωμαίους κατὰ χώρας αἴτησιν· ἐκβάλλεσθαι γὰρ ὑπὸ τῶν ζῴων τούτων, ἀντέχειν μὴ δυνάμενοι διὰ τὸ πλῆθος. Πρὸς μὲν οὖν τὸν τοσοῦτον ἴσως πόλεμον, ὃς οὐκ ἀεὶ συμβαίνει, φορᾷ δέ τινι λοιμικῇ, καθάπερ ὄφεων καὶ μυῶν τῶν ἀρουραίων, χρεία τῆς τοσαύτης ἐπικουρίας, πρὸς δὲ τὸ μέτριον ἐξεύρηνται πλείους θῆραι· καὶ δὴ καὶ γαλᾶς ἀγρίας, ἃς Λιβύη φέρει, τρέφουσιν ἐπίτηδες· ἃς φιμώσαντες παριᾶσιν εἰς τὰς ὀπάς· αἱ δ' ἐξέλκουσιν ἔξω τοῖς ὄνυξιν οὓς ἂν καταλάβωσιν, φεύγειν ἀναγκάζουσιν εἰς τὴν ἐπιφάνειαν, ἐκπεσόντας δὲ θηρεύουσιν οἱ ἐφεστῶτες. Τὴν δὲ ἀφθονίαν τῶν ἐκκομιζομένων ἐκ τῆς Τουρδητανίας ἐμφανίζει τὸ μέγεθος καὶ τὸ πλῆθος τῶν ναυκληρίων· ὁλκάδες γὰρ μέγισται παρὰ τούτων πλέουσιν εἰς Δικαιάρχειαν καὶ τὰ Ὤστια, τῆς Ῥώμης ἐπίνειον· τὸ δὲ πλῆθος μικροῦ δεῖν ἐνάμιλλον τοῖς Λιβυκοῖς. [3,2,6] On exporte de la Turdétanie du blé, du vin en grande quantité, beaucoup d'huile aussi, et qui plus est, de l'huile excellente; puis de la cire, du miel, de la poix, beaucoup de graine de kermès et du cinabre, qui vaut pour la qualité la terre de Sinope. En outre, les Turdétans n'emploient pour leurs constructions navales que des bois de leur pays. Un autre avantage, c'est qu'ils ont chez eux du sel fossile et beaucoup de rivières aux eaux salées ; de là cette grande quantité de salaisons, d'aussi bonne qualité pour le moins que celles du Pont, qu'on tire non seulement de leur pays, mais de tout le reste de la côte située en dehors des Colonnes d'Hercule. Il nous venait aussi anciennement beaucoup de leurs tissus, de leurs étoffes. Aujourd'hui leurs laines elles-mêmes sont plus demandées que les laines coraxiennes : il est de fait qu'il n'y a rien de plus beau, et l'on s'explique en les voyant qu'un bélier reproducteur de Turdétanie se paye un talent. La même supériorité se remarque dans les tissus légers que fabriquent les Salaciètes. Ajoutons que l'abondance du bétail de toute espèce et du gibier est quelque chose de prodigieux en ce pays. Quant aux animaux nuisibles, ils y sont rares, et l'on ne peut guère donner ce nom qu'à une espèce particulière de petits lièvres, dits lébérides, qui se terrent et gâtent en effet les arbres et les plantes en rongeant leurs racines. Ce fléau, commun du reste à presque toute l'Ibérie, étend ses ravages jusqu'à Massalia et infeste même les îles. C'est au point qu'on raconte que les habitants des îles Gymnesiae députèrent naguère à Rome pour demander qu'on leur assignât d'autres terres, sous prétexte qu'ils étaient chassés de leurs îles par ces animaux destructeurs devenus si nombreux, qu'il n'y avait plus à songer à leur résister. Peut-être bien faut-il, quand le fléau dépasse ainsi ses proportions habituelles, et qu'il se déchaîne avec la violence de la peste, semblable à ces invasions de serpents et de rats qui ont affligé certains pays, peut-être bien faut-il recourir à ce moyen extrême; mais en temps ordinaire on emploie pour le combattre divers genres de chasse, notamment la chasse au chat sauvage. Cet animal, originaire de la Libye, est dressé tout exprès ; après l'avoir muselé, on le lâche dans le terrier du lièvre, s'il l'attrape, il le traîne dehors avec ses griffes, autrement il le force à fuir et à reparaître à la surface de la terre, où les chasseurs qui guettent sa sortie le prennent aisément. Ce qui peut du reste donner l'idée de l'importance des exportations de la Turdétanie, c'est le fort tonnage et le grand nombre des bâtiments turdétans : de tous les bâtiments de commerce, en effet, que l'on voit, soit à Dicaearchie, soit dans le port d'Ostie, arsenal maritime de Rome, les plus gros viennent de la Turdétanie et leur nombre n'est guère inférieur à celui des bâtiments qui viennent de Libye.


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Dernière mise à jour : 16/02/2006