[3,1,9] Ἐφεξῆς δ' ἐστὶν ὁ Μενεσθέως καλούμενος λιμὴν καὶ ἡ κατὰ Ἄσταν
ἀνάχυσις καὶ Νάβρισσαν. Λέγονται δὲ ἀναχύσεις αἱ πληρούμεναι τῇ θαλάττῃ
κοιλάδες ἐν ταῖς πλημμυρίσι καὶ ποταμῶν δίκην ἀνάπλους εἰς τὴν μεσόγαιαν
ἔχουσαι καὶ τὰς ἐπ' αὐταῖς πόλεις. Εἶτ' εὐθὺς αἱ ἐκβολαὶ τοῦ Βαίτιος διχῆ
σχιζόμεναι· ἡ δὲ ἀπολαμβανομένη νῆσος ὑπὸ τῶν στομάτων ἑκατόν, ὡς δ'
ἔνιοι, καὶ πλειόνων σταδίων, ἀφορίζει παραλίαν. Ἐνταῦθα δέ που καὶ τὸ
μαντεῖον τοῦ Μενεσθέως ἐστί, καὶ ὁ τοῦ Καιπίωνος ἵδρυται πύργος ἐπὶ πέτρας
ἀμφικλύστου, θαυμασίως κατεσκευασμένος, ὥσπερ ὁ Φάρος, τῆς τῶν
πλοϊζομένων σωτηρίας χάριν. Ἥ τε γὰρ ἐκβαλλομένη χοῦς ὑπὸ τοῦ ποταμοῦ
βραχέα ποιεῖ, καὶ χοιραδώδης ἐστὶν ὁ πρὸ αὐτοῦ τόπος, ὥστε δεῖ σημείου τινὸς
ἐπιφανοῦς. Ἐντεῦθεν δ' ὁ τοῦ Βαίτιος ἀνάπλους ἐστὶ καὶ πόλις Ἐβοῦρα καὶ τὸ
τῆς Φωσφόρου ἱερόν, ἣν καλοῦσι Λοῦκεμ δουβίαν· εἶθ' οἱ τῶν ἀναχύσεων τῶν
ἄλλων ἀνάπλοι· καὶ μετὰ ταῦτα ὁ Ἄνας ποταμός, δίστομος καὶ οὗτος, καὶ ὁ ἐξ
αὐτῶν ἀνάπλους· εἶθ' ὕστατον τὸ ἱερὸν ἀκρωτήριον, διέχον τῶν Γαδείρων
ἐλάττους ἢ δισχιλίους σταδίους· τινὲς δ' ἀπὸ μὲν τοῦ ἱεροῦ ἀκρωτηρίου ἐπὶ τὸ
τοῦ Ἄνα στόμα ἑξήκοντα μίλιά φασιν, ἐντεῦθεν δ' ἐπὶ τὸ τοῦ Βαίτιος στόμα
ἑκατόν, εἶτα εἰς Γάδειρα ἑβδομήκοντα.
| [3,1,9] Le port de Ménesthée, qui succède à Gadira, est lui-même suivi de
l'estuaire d'Asta et de Nabrissa On nomme estuaires certains
enfoncements que la mer remplit à la marée haute, et par lesquels on
peut remonter, comme par la voie des fleuves, jusque dans l'intérieur
des terres et jusqu'aux villes qui en bordent le fond. Immédiatement
après cet estuaire, on rencontre la double embouchure du Baetis. L'île
comprise entre les deux branches du fleuve intercepte sur la côte une
étendue de 100 stades, suivant les uns, une étendue, plus grande
encore, suivant les autres. C'est là quelque part que se trouve l'Oracle
de Ménesthée, là aussi que s'élève la Tour de Caepion, ouvrage
merveilleux construit sur un rocher que les flots battent de tous côtés,
et destiné, ainsi que le Phare d'Alexandrie, à prévenir la perte des
navires : comme en effet les atterrissements du fleuve produisent sans
cesse sur ce point de nouveaux bas-fonds et que les approches de
cette côte sont toutes semées d'écueils et de dangers, il était
nécessaire d'y élever un signal capable d'être aperçu de loin. De cette
tour part celle des branches du Baetis qui mène à la ville d'Ebura et au
temple de la déesse Phosphore ou Lucifère, autrement dite "Lux dubia".
Plus loin sur la côte on voit s'ouvrir d'autres estuaires, après quoi
l'on atteint le fleuve Anas, qui a aussi double embouchure, et qu'on
peut remonter indifféremment par l'une ou par l'autre de ses branches;
enfin, à l'extrémité de la côte, à une distance de moins de 2000 stades
de Gadira, est le promontoire Sacré. D'autres comptent depuis le
promontoire Sacré jusqu'à l'embouchure de l'Anas 60 milles, 100 milles
de là à l'embouchure du Baetis, et de cette embouchure à Gadira 70 milles.
|