[2,1,8] Ἐροῦμεν δ' ὅτι οὐ ψιλὴν τὴν διαφωνίαν ᾐτιάσατο, ἀλλὰ συγκρίνων
πρὸς τὴν ὁμολογίαν καὶ τὴν ἀξιοπιστίαν τῆς ἀναγραφῆς τῶν
σταθμῶν. Οὐ θαυμαστὸν δὲ εἰ πιστοῦ γίνεταί τι πιστότερον, καὶ εἰ τῷ
αὐτῷ ἐν ἑτέροις μὲν πιστεύομεν ἐν ἑτέροις δ' ἀπιστοῦμεν, ὅταν παρά
τινος τεθῇ τι βεβαιότερον. Γελοῖόν τε τὸ τὴν παρὰ πολὺ διαφωνίαν
ἀπιστοτέρους ποιεῖν νομίσαι τοὺς διαφωνοῦντας· τοὐναντίον γὰρ ἐν
τῷ παρὰ μικρὸν συμβαίνειν τοῦτο μᾶλλον ἔοικε. Παρὰ μικρὸν γὰρ ἡ
πλάνη συμβαίνει μᾶλλον οὐ τοῖς τυχοῦσι μόνον, ἀλλὰ καὶ τοῖς πλέον
τι τῶν ἑτέρων φρονοῦσιν· ἐν δὲ τοῖς παρὰ πολὺ ὁ μὲν τυχὼν ἁμάρτοι
ἄν, ὁ δ' ἐπιστημονικώτερος ἧττον ἂν τοῦτο πάθοι· διὸ καὶ πιστεύεται
θᾶττον.
| [2,1,8] Mais à cela nous répondrons qu'Ératosthène n'a pas condamné
Patrocle sur le seul fait de son désaccord avec Mégasthène et qu'il avait
dû préalablement comparer son dire avec le témoignage concordant et
véridique de l'auteur du stadiasme en question. Or, y a-t-il lieu de
s'étonner qu'un témoignage, d'ailleurs digne de confiance, soit effacé par
un autre encore plus digne de foi, et que nous abandonnions en certains
cas telle autorité que nous avons suivie dans d'autres, quand nous
trouvons ailleurs un élément de certitude plus grande ? Sans compter
qu'il y a quelque chose de ridicule à croire que, plus le désaccord est
grand, plus la défiance doit être grande aussi; le contraire même paraît
plus vrai, et il semble qu'un léger désaccord autorise toujours plus le
soupçon d'erreur sur un détail de mince importance, non seulement le
premier venu, mais celui-là même qui est plus éclairé que les autres, a
plus de chance de se tromper, tandis que sur une question importante, où
le premier venu se trompera aisément, l'homme instruit risquera
beaucoup moins de le faire et devra trouver plus facilement créance.
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