[2,1,9] Ἅπαντες μὲν τοίνυν οἱ περὶ τῆς Ἰνδικῆς γράψαντες ὡς ἐπὶ τὸ πολὺ
ψευδολόγοι γεγόνασι, καθ' ὑπερβολὴν δὲ Δηίμαχος, τὰ δὲ δεύτερα
λέγει Μεγασθένης, Ὀνησίκριτος δὲ καὶ Νέαρχος καὶ ἄλλοι τοιοῦτοι
παραψελλίζοντες ἤδη. Καὶ ἡμῖν δ' ὑπῆρξεν ἐπὶ πλέον κατιδεῖν ταῦτα
ὑπομνηματιζομένοις τὰς Ἀλεξάνδρου πράξεις· διαφερόντως δ'
ἀπιστεῖν ἄξιον Δηιμάχῳ τε καὶ Μεγασθένει. Οὗτοι γάρ εἰσιν οἱ τοὺς
ἐνωτοκοίτας καὶ τοὺς ἀστόμους καὶ ἄρρινας ἱστοροῦντες
μονοφθάλμους τε καὶ μακροσκελεῖς καὶ ὀπισθοδακτύλους·
ἀνεκαίνισαν δὲ καὶ τὴν Ὁμηρικὴν τῶν Πυγμαίων γερανομαχίαν,
τρισπιθάμους εἰπόντες. Οὗτοι δὲ καὶ τοὺς χρυσωρύχους μύρμηκας καὶ
Πᾶνας σφηνοκεφάλους ὄφεις τε καὶ βοῦς καὶ ἐλάφους σὺν κέρασι
καταπίνοντας· περὶ ὧν ἕτερος τὸν ἕτερον ἐλέγχει, ὅπερ καὶ
Ἐρατοσθένης φησίν. Ἐπέμφθησαν μὲν γὰρ εἰς τὰ Παλίμβοθρα, ὁ μὲν
Μεγασθένης πρὸς Σανδρόκοττον, ὁ δὲ Δηίμαχος πρὸς Ἀλλιτροχάδην
τὸν ἐκείνου υἱὸν κατὰ πρεσβείαν· ὑπομνήματα δὲ τῆς ἀποδημίας
κατέλιπον τοιαῦτα, ὑφ' ἧς δή ποτε αἰτίας προαχθέντες. Πατροκλῆς δὲ
ἥκιστα τοιοῦτος· καὶ οἱ ἄλλοι δὲ μάρτυρες οὐκ ἀπίθανοι, οἷς κέχρηται
ὁ Ἐρατοσθένης.
| [2,1,9] Nous ferons remarquer d'autre part que, s'il est vrai, en thèse générale,
que les auteurs ayant écrit sur l'Inde n'ont fait la plupart du temps que
mentir, Déimaque les surpasse tous à cet égard, et que Mégasthène vient
tout de suite après lui. Chez Onésicrite, ainsi que chez Néarque et les
autres historiens du même temps, on sentait déjà les premiers
bégayements du mensonge : nous l'avons vu, de reste, en écrivant
l'histoire d'Alexandre. Mais c'est de Déimaque et de Mégasthène sans
comparaison qu'il importe de se défier le plus. Ce sont eux, en effet, qui
ont parlé des Enotocètes, des Astomes, des Arrhines, des
Monophthalmes, des Macroscèles, des Opisthodactyles; eux aussi, qui
ont renouvelé la fable homérique du combat des grues et des pygmées
en parlant d'hommes hauts de trois spithames ; eux encore, qui ont fait
mention de ces fourmis chercheuses ou fouilleuses d'or, de ces Pans
sphénocéphales et de ces serpents capables d'avaler cerfs et boeufs
avec leurs cornes ; sans compter qu'à ce sujet ils se traitent l'un l'autre à
qui mieux mieux de menteur, comme Ératosthène en fait lui-même la
remarque. Ils avaient été envoyés l'un et l'autre en qualité
d'ambassadeurs à Palimbothra, Mégasthène auprès de Sandrocottus, et
Déimaque auprès de son fils Allitrochade, et voilà pourtant les relations
qu'ils nous ont laissées de leur voyage ! Quelle raison a pu les pousser à
écrire de telles choses? On n'en sait rien. Toujours est-il que Patrocle ne
leur ressemble pas le moins du monde, et qu'en général aucun des
auteurs cités par Eratosthène ne mérite une semblable défiance.
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