[2,5,17] Πλεῖστον δ' ἡ θάλαττα γεωγραφεῖ καὶ σχηματίζει τὴν γῆν,
κόλπους ἀπεργαζομένη καὶ πελάγη καὶ πορθμούς, ὁμοίως δὲ ἰσθμοὺς
καὶ χερρονήσους καὶ ἄκρας· προσλαμβάνουσι δὲ ταύτῃ καὶ οἱ ποταμοὶ
καὶ τὰ ὄρη. Διὰ γὰρ τῶν τοιούτων ἤπειροί τε καὶ ἔθνη καὶ πόλεων
θέσεις εὐφυεῖς ἐνενοήθησαν καὶ τἆλλα ποικίλματα, ὅσων μεστός
ἐστιν ὁ χωρογραφικὸς πίναξ. Ἐν δὲ τούτοις καὶ τὸ τῶν νήσων πλῆθός
ἐστι κατεσπαρμένον ἔν τε τοῖς πελάγεσι καὶ κατὰ τὴν παραλίαν
πᾶσαν. Ἄλλων {δ'} ἄλλας ἀρετάς τε καὶ κακίας καὶ τὰς ἀπ' αὐτῶν
χρείας ἐπιδεικνυμένων ἢ δυσχρηστίας, τὰς μὲν φύσει τὰς δὲ ἐκ
κατασκευῆς, τὰς φύσει δεῖ λέγειν· διαμένουσι γάρ, αἱ δ' ἐπίθετοι
δέχονται μεταβολάς. Καὶ τούτων δὲ τὰς πλείω χρόνον συμμένειν
δυναμένας ἐμφανιστέον, {ἢ} μὴ πολὺ μέν, ἄλλως δ' ἐπιφάνειαν
ἐχούσας τινὰ καὶ δόξαν, ἣ πρὸς τὸν ὕστερον χρόνον παραμένουσα
τρόπον τινὰ συμφυῆ τοῖς τόποις ποιεῖ καὶ μηκέτι οὖσαν κατασκευήν·
ὥστε δῆλον ὅτι δεῖ καὶ τούτων μεμνῆσθαι. Περὶ πολλῶν γάρ ἐστι
πόλεων τοῦτ' εἰπεῖν, ὅπερ εἶπε Δημοσθένης ἐπὶ τῶν περὶ Ὄλυνθον, ἃς
οὕτως ἠφανίσθαι φησὶν ὥστε μηδ' εἰ πώποτε ᾠκίσθησαν γνῶναι ἄν
τινα ἐπελθόντα. Ἀλλ' ὅμως καὶ εἰς τούτους τοὺς τόπους καὶ εἰς ἄλλους
ἀφικνοῦνται ἄσμενοι, τά γ' ἴχνη ποθοῦντες ἰδεῖν τῶν οὕτω
διωνομασμένων ἔργων, καθάπερ καὶ τοὺς τάφους τῶν ἐνδόξων
ἀνδρῶν. Οὕτω δὲ καὶ νομίμων καὶ πολιτειῶν μεμνήμεθα τῶν μηκέτι
οὐσῶν, ἐνταῦθα καὶ τῆς ὠφελείας προκαλουμένης τὸν αὐτὸν τρόπον
ὅνπερ καὶ ἐπὶ τῶν πράξεων· ἢ γὰρ ζήλου χάριν ἢ ἀποτροπῆς τῶν
τοιούτων.
| [2,5,17] Rien maintenant ne contribue plus à donner à la terre habitée la figure
qu'elle a que la mer, en dessinant, comme elle fait, ses contours au
moyen des golfes, des bassins, des détroits, des isthmes, des
presqu'îles, et des promontoires qu'elle forme sur ses côtes. Ajoutons
que, dans une certaine mesure, les fleuves et les montagnes concourent
au même but, en ce qu'ils ont servi à distinguer les continents et les
nations qui les habitent et à indiquer pour les villes ies emplacements les
plus favorables, fournissant ainsi au géographe ces formes et ces détails
de toute nature dont il parsème ses cartes chorographiques. N'oublions
pas non plus cette multitude d'îles dispersées en pleine mer et sur tout le
littoral de la terre habitée. Il peut se faire en outre que les lieux possèdent
certaines vertus ou certains vices, certains avantages ou certains
inconvénients, les uns naturels, les autres artificiels : or, le géographe
mentionnera les premiers, ceux qui sont naturels et par cela même
permanents, {quitte à négliger} les autres, qui, ajoutés par la main des
hommes, sont sujets à changer. Éncore en est-il parmi ces derniers qui
persistent davantage, ceux-là il devra les faire connaître également. Il en
est même qui, à défaut d'une longue durée, ont eu une notoriété, une
célébrité telle, que la postérité, sur leur renommée, a fini par faire de
dispositions artificielles, qui ne sont plus, quelque chose d'inhérent à la
nature des lieux, il est clair que ces dispositions-là encore devront être
rappelées. Bien qu'on puisse dire en effet de beaucoup de villes ce que
Démosthène disait d'Olynthe et des villes environnantes, qu'elles
avaient si complètement disparu que le voyageur sur les lieux pourrait
douter qu'elles eussent jamais existé, néanmoins, on aime encore à
visiter ces lieux et tous ceux, en général, où l'on peut espérer de retrouver
quelques vestiges de ces travaux naguère si vantés, ainsi que les
tombeaux des grands hommes. Nous citons enfin dans. notre livre des
lois et des institutions depuis longtemps abolies, trouvant à le faire la
même utilité qu'à rappeler les événements mêmes de l'histoire, vu que les
lois et les institutions offrent aussi de bons exemples à suivre et de
mauvais exemples à éviter.
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