[2,5,11] Καὶ δὴ καὶ τὸν ἑξῆς λόγον ὡς ἐν ἐπιπέδῳ πίνακι τῆς γραφῆς
γινομένης ἐκθήσομεν. Ἐροῦμεν δὴ τὴν μὲν ἐπελθόντες αὐτοὶ τῆς γῆς
καὶ θαλάττης, περὶ ἧς δὲ πιστεύσαντες τοῖς εἰποῦσιν ἢ γράψασιν.
Ἐπήλθομεν δὲ ἐπὶ δύσιν μὲν ἀπὸ τῆς Ἀρμενίας μέχρι τῶν κατὰ
Σαρδόνα τόπων τῆς Τυρρηνίας, ἐπὶ μεσημβρίαν δὲ ἀπὸ τοῦ Εὐξείνου
μέχρι τῶν τῆς Αἰθιοπίας ὅρων· οὐδὲ τῶν ἄλλων δὲ οὐδὲ εἷς ἂν
εὑρεθείη τῶν γεωγραφησάντων πολύ τι ἡμῶν μᾶλλον ἐπεληλυθὼς
τῶν λεχθέντων διαστημάτων, ἀλλ' οἱ πλεονάσαντες περὶ τὰ δυσμικὰ
μέρη τῶν πρὸς ταῖς ἀνατολαῖς οὐ τοσοῦτον ἥψαντο, οἱ δὲ περὶ
τἀναντία τῶν ἑσπερίων ὑστέρησαν· ὁμοίως δ' ἔχει καὶ περὶ τῶν πρὸς
νότον καὶ τὰς ἄρκτους. Τὸ μέντοι πλέον κἀκεῖνοι καὶ ἡμεῖς ἀκοῇ
παραλαβόντες συντίθεμεν καὶ τὸ σχῆμα καὶ τὸ μέγεθος καὶ τὴν
ἄλλην φύσιν ὁποία καὶ ὁπόση, τὸν αὐτὸν τρόπον ὅνπερ ἡ διάνοια ἐκ
τῶν αἰσθητῶν συντίθησι τὰ νοητά· σχῆμα γὰρ καὶ χρόαν καὶ μέγεθος
μήλου καὶ ὀδμὴν καὶ ἁφὴν καὶ χυμὸν ἀπαγγέλλουσιν αἱ αἰσθήσεις, ἐκ
δὲ τούτων συντίθησιν ἡ διάνοια τὴν τοῦ μήλου νόησιν· καὶ αὐτῶν δὲ
τῶν μεγάλων σχημάτων τὰ μέρη μὲν αἴσθησις ὁρᾷ, τὸ δ' ὅλον ἐκ τῶν
ὁραθέντων ἡ διάνοια συντίθησιν. Οὕτω δὲ καὶ οἱ φιλομαθεῖς ἄνδρες
ὥσπερ αἰσθητηρίοις πιστεύσαντες τοῖς ἰδοῦσι καὶ πλανηθεῖσιν οὓς
ἔτυχε τόπους ἄλλοις κατ' ἄλλα μέρη τῆς γῆς, συντιθέασιν εἰς ἓν
διάγραμμα τὴν τῆς ὅλης οἰκουμένης ὄψιν· ἐπεὶ καὶ οἱ στρατηγοὶ
πάντα μὲν αὐτοὶ πράττουσιν, οὐ πανταχοῦ δὲ πάρεισιν, ἀλλὰ πλεῖστα
κατορθοῦσι δι' ἑτέρων, ἀγγέλοις πιστεύοντες καὶ πρὸς τὴν ἀκοὴν
διαπέμποντες οἰκείως τὰ προστάγματα. Ὁ δ' ἀξιῶν μόνους εἰδέναι
τοὺς ἰδόντας ἀναιρεῖ τὸ τῆς ἀκοῆς κριτήριον, ἥτις πρὸς ἐπιστήμην
ὀφθαλμοῦ πολὺ κρείττων ἐστί.
| [2,5,11] Cela étant, nous supposerons, dans toute la description qui va suivre,
la carte de la terre tracée sur une surface plane. Quant à la description
elle-même, nous l'emprunterons en partie au souvenir de nos propres
voyages sur terre et sur mer, en partie aux informations orales et aux
relations écrites qui nous ont paru mériter créance. Or, nos voyages se
sont étendus, du côté du couchant, de l'Arménie aux riva-ges de la
Tyrrhénie qui font face à la Sardaigne, et, du côté du midi, des bords de
l'Éuxin aux frontières de l'Éthiopie. Et, certes, parmi les différents auteurs
qui ont traité de la géographie on n'en trouverait pas un seul qui eût
parcouru beaucoup plus de pays que nous dans nos voyages entre les
limites marquées ci-dessus. Ceux-là, en effet, qui ont poussé plus loin
que nous dans la direction de l'occident, n'ont pas exploré une aussi
grande étendue des contrées de l'orient; d'autres, au contraire, ont
pénétré moins avant du côté de l'occident : nous en pourrions dire autant
pour le midi et pour le nord.Toutefois, à le bien prendre, nous n'avons fait
le plus souvent, nos prédécesseurs et nous-même, que combiner les
différentes notions que nous recueillions de la bouche des indigènes sur
la figure, l'étendue, et en général sur tout ce qui constitue la nature et le
caractère d'un pays, comme l'intelligence combine les différentes idées
d'après le témoignage des sens. C'est en combinant, on le sait, ce que
nos sens nous révèlent de la forme, de la couleur et du volume de la
pomme, de son odeur, de sa douceur au toucher et de sa saveur au goût,
que notre pensée se forme l'idée d'une pomme, et, s'agit-il de figures de
grande dimension, ce sont nos sens qui en perçoivent d'abord les parties,
puis, d'après leur témoignage, notre pensée en recompose l'ensemble.
Eh bien! De même, dans notre ardeur d'investigation, nous consultons,
comme nous ferions nos sens, ceux qui ont vu tels ou tels lieux, parcouru
telles ou telles parties de la terre, et en combinant leurs témoignages, nou
parvenons à reproduire dans un seul et même tableau l'aspect général de
la terre habitée. N'est-ce pas ainsi que le généraux arrivent aussi à tout
faire eux-mêmes, sans pouvoir être pourtant présents partout, et même
en agissant le plus souvent par les autres, n'est-ce pas en ajoutant foi aux
paroles de leurs émissaires, et en conformant les ordre qu'ils expédient
aux rapports que ceux-ci leur ont faits prétendre en effet qu'on ne peut
savoir les choses qu'en le voyant de ses yeux, ce serait vouloir priver le
jugement du secours de l'ouïe. Or l'ouïe est un sens bien supérieur à la
vue comme moyen d'information.
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