[2,5,5] Ὑποκείσθω δὴ σφαιροειδὴς ἡ γῆ σὺν τῇ θαλάττῃ, μίαν καὶ τὴν
αὐτὴν ἐπιφάνειαν ἴσχουσα τοῖς πελάγεσι. Συγκρύπτοιτο γὰρ ἂν τὸ
ἐξέχον τῆς γῆς ἐν τῷ τοσούτῳ μεγέθει μικρὸν ὂν καὶ λανθάνειν
δυνάμενον, ὥστε τὸ σφαιροειδὲς ἐπὶ τούτων οὐχ ὡς ἂν ἐκ τόρνου
φαμέν, οὐδ' ὡς ὁ γεωμέτρης πρὸς λόγον, ἀλλὰ πρὸς αἴσθησιν καὶ
ταύτην παχυτέραν. Νοείσθω δὴ πεντάζωνος, καὶ ὁ ἰσημερινὸς
τεταγμένος ἐν αὐτῇ κύκλος, καὶ ἄλλος τούτῳ παράλληλος, ὁρίζων τὴν
κατεψυγμένην ἐν τῷ βορείῳ ἡμισφαιρίῳ, καὶ διὰ τῶν πόλων τις
τέμνων τούτους πρὸς ὀρθάς. Τοῦ δὴ βορείου ἡμισφαιρίου δύο
περιέχοντος τεταρτημόρια τῆς γῆς, ἃ ποιεῖ ὁ ἰσημερινὸς πρὸς τὸν διὰ
τῶν πόλων, ἐν ἑκατέρῳ τούτων ἀπολαμβάνεται τετράπλευρον
χωρίον, οὗ ἡ μὲν βόρειος πλευρὰ ἥμισυ τοῦ πρὸς τῷ πόλῳ
παραλλήλου ἐστίν, ἡ δὲ νότιος τοῦ ἰσημερινοῦ ἥμισυ, αἱ δὲ λοιπαὶ
πλευραὶ τμήματά εἰσι τοῦ διὰ τῶν πόλων, ἀντικείμενα ἀλλήλοις, ἴσα
τὸ μῆκος. Ἐν θατέρῳ δὴ τῶν τετραπλεύρων τούτων (ὁποτέρῳ δ' οὐδὲν
ἂν διαφέρειν δόξειεν) ἱδρῦσθαί φαμεν τὴν καθ' ἡμᾶς οἰκουμένην,
περίκλυστον θαλάττῃ καὶ ἐοικυῖαν νήσῳ· εἴρηται γὰρ ὅτι καὶ τῇ
αἰσθήσει καὶ τῷ λόγῳ δείκνυται τοῦτο. Εἰ δ' ἀπι στεῖ τις τῷ λόγῳ
τούτῳ, διαφέροι ἂν πρὸς τὴν γεωγραφίαν οὐδὲν νῆσον ποιεῖν, ἢ ὅπερ
ἐκ τῆς πείρας ἐλάβομεν, τούτῳ συγχωρεῖν, ὅτι καὶ ἀπὸ τῆς ἠοῦς
ἑκατέρωθεν περίπλους ἐστὶ καὶ ἀπὸ τῆς ἑσπέρας πλὴν ὀλίγων τῶν
μέσων χωρίων. Ταῦτα δ' οὐ διαφέρει θαλάττῃ περατοῦσθαι ἢ γῇ
ἀοικήτῳ· ὁ γὰρ γεωγραφῶν ζητεῖ τὰ γνώριμα μέρη τῆς οἰκουμένης
εἰπεῖν, τὰ δ' ἄγνωστα ἐᾷ, καθάπερ καὶ τὰ ἔξω αὐτῆς. Ἀρκέσει δ'
ἐπιζεύξασιν εὐθεῖαν γραμμὴν ἐπὶ τὰ ὕστατα σημεῖα τοῦ ἑκατέρωθεν
παράπλου τὸ πᾶν ἐκπληρῶσαι σχῆμα τῆς λεγομένης νήσου.
| [2,5,5] Admettons donc en premier lieu que la terre et la mer prises ensemble
affectent la forme d'une sphère, la terre étant censée de niveau avec la
surface des hautes mers, puisque les saillies du relief terrestre
disparaissent en quelque sorte dans l'immense étendue de la terre et
doivent être comptées pour peu de chose, si ce n'est même pour rien.
Non que nous prétendions pour cela attribuer à la terre et à la mer prises
ensemble la sphéricité parfaite d'une de ces figures qui sortent du tour, ou
de celles que le géomètre conçoit par la pensée, ce que nous voulons
dire seulement c'est que la forme de la terre est sensiblement,
grossièrement phérique. Imaginons maintenant ladite sphère partagée en
cinq zones et un premier cercle, l'équateur, tracé à sa surface, puis un
second cercle parallèle au premier et servant de limite à la zone ou région
froide de l'hémisphère boréal, enfin un troisième cercle qui, passant par
les pôles, coupe les deux autres à angles droits : l'hémisphère boréal
contiendra naturellement deux quarts de sphère déterminés par la double
intersection de l'équateur et du cercle qui passe par les pôles. Eh bien !
Sur chacun de ces quarts de sphère prenons par la pensée un
quadrilatère qui aura pour côté septentrional la moitié de ce cercle
parallèle à l'équateur et voisin du pôle, pour côté méridional la moitié de
l'équateur, et pour ses autres côtés deux segments égaux et opposés
entre eux du cercle qui passe par les pôles, c'est dans l'un de ces deux
quadrilatères et n'importe dans lequel, à ce qu'il semble, que devra être
placée, suivant nous, notre terre habitée ; ajoutons qu'elle y figurera
proprement une île, puisque la mer l'entoure de tous côtés : du moins,
est-ce ainsi, nous l'avons dit plus haut, que l'observation et le
raisonnement nous la représentent. Mais on déclinera peut-être l'autorité
du raisonnement en pareille matière, disons alors qu'il revient au même,
géographiquement parlant, de faire de la terre habitée une île ou de s'en
tenir à ce que l'expérience a vérifié, c'est à savoir qu'en partant soit du
levant, soit du couchant, des deux côtés en un mot, le périple de la terre
habitée est possible, à cela près de quelques espaces non encore
explorés, et que l'on peut supposer indifféremment bornés par la mer ou
par la zone inhabitable. C'est qu'en effet le géographe se propose
uniquement de décrire les parties connues de la terre habitée et qu'il en
néglige les parties inconnues ni plus ni moins que ce qui se trouve en
dehors de ses limites. Cela étant, il suffira de joindre par une ligne droite
les points extrêmes, où des deux côtés l'on est parvenu en longeant le
littoral, pour compléter la figure de notre prétendue île.
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