[2,4,8] Προπεπτωκυίας δὲ τῆς Εὐρώπης ἄκραις πλείοσι, βέλτιον μὲν οὗτος
εἴρηκεν περὶ αὐτῶν Ἐρατοσθένους, οὔπω δὲ ἱκανῶς. Ἐκεῖνος μὲν γὰρ
τρεῖς ἔφη, τὴν ἐπὶ τὰς Στήλας καθήκουσαν, ἐφ' ἧς ἡ Ἰβηρία, καὶ τὴν
ἐπὶ τὸν Πορθμόν, ἐφ' ἧς ἡ Ἰταλία, καὶ τρίτην τὴν κατὰ Μαλέας, ἐφ' ἧς
τὰ μεταξὺ τοῦ Ἀδρίου καὶ τοῦ Εὐξείνου πάντ' ἔθνη καὶ τοῦ Τανάιδος.
Οὗτος δὲ τὰς μὲν δύο τὰς πρώτας ὁμοίως ἐκτίθεται, τρίτην δὲ τὴν
κατὰ Μαλέας καὶ Σούνιον, ἐφ' ἧς ἡ Ἑλλὰς πᾶσα καὶ ἡ Ἰλλυρὶς καὶ τῆς
Θρᾴκης τινά, τετάρτην δὲ τὴν κατὰ τὴν Θρᾳκίαν χερρόνησον, ἐφ' ἧς
τὰ κατὰ Σηστὸν καὶ Ἄβυδον στενά ἔχουσι δ' αὐτὴν Θρᾷκες, πέμπτην
δὲ τὴν κατὰ τὸν Κιμμερικὸν Βόσπορον καὶ τὸ στόμα τῆς Μαιώτιδος.
Τὰς μὲν οὖν δύο τὰς πρώτας δοτέον· ἁπλοῖς γάρ τισι περιλαμβάνονται
κόλποις, ἡ μὲν τῷ μεταξὺ τῆς Κάλπης καὶ τοῦ ἱεροῦ ἀκρωτηρίου, ἐν ᾧ
τὰ Γάδειρα, καὶ τῷ μεταξὺ Στηλῶν καὶ τῆς Σικελίας πελάγει· ἡ δὲ
τούτῳ τε καὶ τῷ Ἀδρίᾳ, καίτοι ἥ γε τῶν Ἰαπύγων ἄκρα παρεμπίπτουσα
καὶ τὴν Ἰταλίαν δικόρυφον ποιοῦσα ἔχει τινὰ ἀντέμφασιν· αἱ λοιπαὶ δ'
ἔτι ἐναργέστερον ποικίλαι καὶ πολυμερεῖς οὖσαι ζητοῦσιν ἄλλην
διαίρεσιν. Ὡς δ' αὕτως ἔχει καὶ ἡ εἰς ἓξ διαίρεσις τὴν ὁμοίαν ἔνστασιν
ἀκολούθως ταῖς ἄκραις διειλημμένη. Ποιησόμεθα δ' ἡμεῖς ἐν τοῖς καθ'
ἕκαστα τὴν προσήκουσαν ἐπανόρθωσιν καὶ τούτων καὶ τῶν ἄλλων,
ὅσα ἔν τε τῇ Εὐρώπῃ διημάρτηται καὶ ἐν τῇ τῆς Λιβύης περιοδείᾳ. Νῦν
δ' ἀρκέσει ταῦτα λεχθέντα πρὸς τοὺς πρὸ ἡμῶν, ὅσους ὠὠήθημεν
ἱκανοὺς εἶναι παρατεθέντας ἐκμαρτυρεῖν ἡμῖν, ὅτι δικαίως
προειλόμεθα καὶ αὐτοὶ τὸ αὐτὸ τοῦτο ἔργον τοσαύτης ἐπανορθώσεως
καὶ προσθήκης δεόμενον.
| [2,4,8] Au sujet, maintenant, des différentes presqu'îles ou promontoires que
projette l'Europe, Polybe s'est montré plus exact qu'Ératosthene, sans
l'être pourtant encore suffisamment. Ératosthene, comme on sait, en
distinguait trois : 1° la péninsule qui aboutit aux Colonnes d'Hercule et qui
contient l'Ibérie; 2° celle qui s'étend jusqu'au détroit de Sicile et qui
contient l'Italie ; 3° enfin celle qui se termine à Malées et qui comprend
soi-disant tous les peuples répandus entre l'Adriatique, le Pont-Éuxin et le
Tanaïs. Polybe, lui, indique aussi les deux premières presqu'îles, sans y
rien changer, mais dans la troisième, qu'il fait aboutir à Malées et à
Sunium, il ne comprend plus que la Hellade tout entière, avec l'Illyrie et
une partie de la Thrace; puis il fait un quatrième promontoire de la
Chersonèse de Thrace, autrement dit de la presqu'île que borde le détroit
resserré entre Sestos et Abydos et qu'occupent les Thraces, et un
cinquième de cette autre presqu'île qui avoisine le Bosphore Cimmérien
et l'entrée du Maeotis. Nous admettrons, nous, volontiers les deux
premiers promontoires qui sont en effet bien nettement délimités par les
deux grands golfes qui les bordent, se trouvant compris le premier entre
le golfe où se trouve Gadira, lequel s'étend de Calpé au Cap Sacré, et la
mer qui se prolonge des Colonnes d'Hercule à la Sicile, et le second entre
cette même mer et l'Adriatique, bien qu'on puisse objecter à la rigueur
que la Japygie, par la manière dont elle avance, fait plutôt de l'Italie un
double promontoire; mais les autres, dont la forme irrégulière et découpée
saute encore plus aux yeux, demanderaient à être divisés différemment.
Naturellement aussi, la division en six parties que Polybe propose pour
l'Europe, prêterait aux mêmes critiques, puisqu'elle dérive du nombre de
promontoires que Polybe considère. Mais nous rectifierons en temps et
lieu comme il convient cette double erreur de Polybe, ainsi que les autres
erreurs de détail qu'il a pu commettre sur tel ou tel point de la géographie
de l'Europe et du littoral de la Libye; pour le moment, nous n'ajouterons
rien aux critiques que nous avons déjà adressées aux géographes nos
prédécesseurs, ce que nous avons cité de leurs erreurs nous paraissant
suffire à prouver que nous étions bien en droit de traiter à notre tour un
sujet qui prête encore à tant de rectifications et d'additions.
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