[2,4,1] Πολύβιος δὲ τὴν Εὐρώπην χωρογραφῶν τοὺς μὲν ἀρχαίους ἐᾶν
φησι, τοὺς δ' ἐκείνους ἐλέγχοντας ἐξετάζειν Δικαίαρχόν τε καὶ
Ἐρατοσθένη, τὸν τελευταῖον πραγματευσάμενον περὶ γεωγραφίας,
καὶ Πυθέαν, ὑφ' οὗ παρακρουσθῆναι πολλούς, ὅλην μὲν τὴν Βρετ
τανικὴν ἐμβαδὸν ἐπελθεῖν φάσκοντος, τὴν δὲ περίμετρον πλειόνων ἢ
τεττάρων μυριάδων ἀποδόντος τῆς νήσου, προσιστορήσαντος δὲ καὶ
τὰ περὶ τῆς Θούλης καὶ τῶν τόπων ἐκείνων, ἐν οἷς οὔτε γῆ καθ' αὑτὴν
ὑπῆρχεν ἔτι οὔτε θάλαττα οὔτ' ἀήρ, ἀλλὰ σύγκριμά τι ἐκ τούτων
πλεύμονι θαλαττίῳ ἐοικός, ἐν ᾧ φησι τὴν γῆν καὶ τὴν θάλατταν
αἰωρεῖσθαι καὶ τὰ σύμπαντα, καὶ τοῦτον ὡς ἂν δεσμὸν εἶναι τῶν
ὅλων, μήτε πορευτὸν μήτε πλωτὸν ὑπάρχοντα· τὸ μὲν οὖν τῷ
πλεύμονι ἐοικὸς αὐτὸς ἑωρακέναι, τἆλλα δὲ λέγειν ἐξ ἀκοῆς. Ταῦτα
μὲν τὰ τοῦ Πυθέου, καὶ διότι ἐπανελθὼν ἐνθένδε πᾶσαν ἐπέλθοι τὴν
παρωκεανῖτιν τῆς Εὐρώπης ἀπὸ Γαδείρων ἕως Τανάιδος.
| [2,4,1] Passons à Polybe: dans sa Chorographie de l'Europe, Polybe déclare
qu'il laissera de côté les anciens, mais qu'il examinera avec soin tout ce
qu'ont écrit leurs critiques, et, pour préciser, il nomme Dicéarque, ainsi
qu'Ératosthène, le dernier auteur qui ait composé un traité en règle de
géographie, et Pythéas, « ce Pythéas, dit-il, qu'on s'étonne en vérité de
voir faire tant de dupes avec des mensonges aussi grossiers que ceux-ci,
par exemple, qu'il aurait parcouru à pied la Bretagne tout entière, et
que le périmètre de cette île est de 40.000 stades, sans compter ce qu'il
débite encore au sujet de Thulé et de cette autre région, où l'on ne
rencontre plus la terre proprement dite, ni la mer, ni l'air, mais à leur place
un composé de ces divers éléments, semblable au poumon marin, et
dans lequel, soi-disant, la terre, la mer, bref tous les éléments sont tenus
en suspension et comme réunis à l'aide d'un lien commun, sans qu'il soit
possible à l'homme d'y poser le pied, ni d'y naviguer. « Et notez, ajoute
Polybe, que cette matière semblable au poumon marin, Pythéas dit l'avoir
vue de ses yeux, tandis qu'il avoue n'avoir parlé de tout le reste que sur
ouï-dire! Puis à ce premier conte, il ajoute celui-ci qu'une fois revenu de
ses voyages il parcourut encore en Europe tout le littoral de l'océan
depuis Gadira jusqu'au Tallais. »
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