[2,3,8] Πρῶτον μὲν οὖν οἱ πρὸς Αἰγύπτῳ Αἰθίοπες καὶ αὐτοὶ δίχα
διαιροῦνται· οἱ μὲν γὰρ ἐν τῇ Ἀσίᾳ εἰσὶν, οἱ δ' ἐν τῇ Λιβύῃ, οὐδὲν
διαφέροντες ἀλλήλων. Ἔπειθ' Ὅμηρος οὐ διὰ τοῦτο διαιρεῖ τοὺς
Αἰθίοπας, (ἢ) ὅτι τοὺς Ἰνδοὺς ᾖδει τοιούτους τινὰς τοῖς σώμασιν (οὐδὲ
γὰρ ἀρχὴν εἰδέναι τοὺς Ἰνδοὺς εἰκὸς Ὅμηρον, ὅπου γε οὐδ' ὁ
Εὐεργέτης κατὰ τὸν Εὐδόξειον μῦθον ᾖδει τὰ κατὰ τὴν Ἰνδικήν, οὐδὲ
τὸν πλοῦν τὸν ἐπ' αὐτήν), ἀλλὰ μᾶλλον κατὰ τὴν λεχθεῖσαν ὑφ' ἡμῶν
πρότερον διαίρεσιν. Ἐκεῖ δὲ καὶ περὶ τῆς γραφῆς τῆς Κρατητείου
διῃτήσαμεν, ὅτι οὐδὲν διαφέρει, οὕτως ἢ ἐκείνως γράφειν· ὁ δὲ τοῦτο
μὲν διαφέρειν φησί, κρεῖττον δ' οὕτως εἶναι μεταθεῖναι ἠμὲν
ἀπερχομένου. « Τί οὖν διαφέρει τοῦτο τοῦ ἠμὲν δυσομένου; » Πᾶν
γὰρ τὸ τμῆμα τὸ ἀπὸ τοῦ μεσημβρινοῦ ἐπὶ δύσιν δύσις καλεῖται,
καθάπερ καὶ τὸ τοῦ ὁρίζοντος ἡμικύκλιον· ὅπερ καὶ Ἄρατος
ἐπισημαίνεται,
Ἧχί περ ἄκραι
μίσγονται δύσιές τε καὶ ἀντολαὶ ἀλλήλῃσιν.
Εἰ δ' ἐπὶ τῆς Κρατητείου γραφῆς οὕτω βέλτιον, φήσει τις καὶ ἐπὶ τῆς
Ἀρισταρχείου δεῖν. Τοσαῦτα καὶ πρὸς Ποσειδώνιον. Πολλὰ γὰρ καὶ ἐν
τοῖς καθ' ἕκαστα τυγχάνει τῆς προσηκούσης διαίτης, ὅσα γεωγραφικά·
ὅσα δὲ φυσικώτερα, ἐπισκεπτέον ἐν ἄλλοις, ἢ οὐδὲ φροντιστέον· πολὺ
γάρ ἐστι τὸ αἰτιολογικὸν παρ' αὐτῷ καὶ τὸ Ἀριστοτελίζον, ὅπερ
ἐκκλίνουσιν οἱ ἡμέτεροι διὰ τὴν ἐπίκρυψιν τῶν αἰτιῶν.
| [2,3,8]Mais d'abord, dirons-nous, dans le voisinage même de l'Égypte, les
Éthiopiens vivent bien partagés en deux nations, puisque les uns habitent
l'Asie et les autres la Libye, et pourtant ils ne présentent entre eux aucune
différence sensible. En second lieu, si Homère a divisé comme il a fait les
Éthiopiens, cela ne tient en aucune façon à ce qu'il savait de la
constitution physique des Indiens, car, suivant toute apparence, il ne
connaissait même pas leur existence, le fabuleux récit d'Eudoxe prouvant
au moins ceci qu'Evergète lui-même en était encore à ignorer l'Inde et la
route que les vaisseaux doivent suivre pour s'y rendre. Ce qui l'aura
décidé c'est donc bien plutôt cette division naturelle dont nous parlions
plus haut. Dans le même passage, maintenant, nous nous expliquions sur
la leçon proposée par Cratès, nous montrions comment il importait peu
d'écrire le vers d'une façon plutôt que d'une autre. Posidonius croit
pourtant que la chose importe, mais c'est à la condition qu'on lira le vers
ainsi conçu :
«g-Ehmen g-aperchomenou g-Hyperionos
g-hoion g-apo g-tou g-mesehmbrinou g-periklinontos»
« Et ceux que le soleil visite quand il S'ÉLOIGNE. »
Or, nous le demandons, quelle différence y a-t-il, pour le sens, entre cette
nouvelle leçon et la leçon que proposait Cratès,
"g-Ti g-oun g-diapherei g-touto g-tou g-ehmen g-dusomenou"
« Et ceux que le soleil visite quand il se COUCHE ? »
Tout le segment compris entre le méridien et le couchant n'a-t-il pas reçu
lui-même en effet le nom de couchant, comme la demi-circonférence de
l'horizon qui y correspond; et n'est-ce pas là ce que veut dire Aratus
quand il parle du point
« Où le couchant et le levant confondent leurs extrémités? »
D'ailleurs, si ]a leçon de Cratès gagnait à être corrigée de la sorte,
pourquoi n'avoir pas étendu la correction à la leçon d'Aristarque? - Pour le
moment, nous n'adresserons pas d'autres critiques à Posidonius : les
occasions en effet ne nous manqueront pas, dans le cours de notre
ouvrage, de relever comme il convient ce qu'il a pu commettre encore
d'erreurs, au point de vue du moins de la géographie ; car, pour celles de
ses erreurs qui seraient plutôt du domaine de la physique, nous les
examinerons dans d'autres ouvrages, si même nous ne les négligeons
tout à fait, par la raison que Posidonius abuse des discussions
oenologiques et de la méthode aristotélicienne, qu'on évite au contraire
dans notre école, par respect pour la nature mystérieuse et impénétrable
des causes.
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