[2,1,41] Ἱππάρχῳ μὲν οὖν μὴ γεωγραφοῦντι ἀλλ' ἐξετάζοντι τὰ λεχθέντα
ἐν τῇ γεωγραφίᾳ τῇ Ἐρατοσθένους οἰκεῖον ἦν ἐπὶ πλέον τὰ καθ'
ἕκαστα εὐθύνειν. Ἡμεῖς δ' ἐν οἷς μὲν κατορθοῖ, τὸ πλέον δ' ἔτι ὅπου
καὶ πλημμελεῖ, τὸν καθ' ἕκαστα οἰκεῖον λόγον ὠὠήθημεν δεῖν
προσάγειν, τὰ μὲν ἐπανορθοῦντες, ὑπὲρ ὧν δ' ἀπολυόμενοι τὰς
ἐπιφερομένας αἰτίας ὑπὸ τοῦ Ἱππάρχου, καὶ αὐτὸν τὸν Ἵππαρχον
συνεξετάζομεν, ὅπου τι φιλαιτίως εἴρηκεν. Ἐν δὲ τούτοις ὁρῶντες ἤδη
τὸν μὲν τελέως παραπαίοντα, τὸν δὲ δικαίως ἐπικαλοῦντα, ἀρκεῖν
ὑπολαμβάνομεν, ἂν ἐν αὐτῇ τῇ γεωγραφίᾳ τὰ ὄντα λέγοντες
ἐπανορθῶμεν αὐτόν. Ἐφ' ὧν γὰρ συνεχῆ καὶ ἐπιπολάζοντά ἐστι τὰ
ἁμαρτανόμενα, κρεῖττον μηδὲ μεμνῆσθαι πλὴν εἰ σπάνιόν τι καὶ
καθόλου, ὅπερ πειρασόμεθα ποιεῖν ἐν τοῖς καθ' ἕκαστα. Καὶ νῦν δ'
εἰρήσθω ὅτι καὶ Τιμοσθένης καὶ Ἐρατοσθένης καὶ οἱ ἔτι τούτων
πρότεροι τελέως ἠγνόουν τά τε Ἰβηρικὰ καὶ τὰ Κελτικά, μυρίῳ δὲ
μᾶλλον τὰ Γερμανικὰ καὶ τὰ Βρεττανικά, ὡς δ' αὕτως τὰ τῶν Γετῶν
καὶ Βασταρνῶν. Ἐπὶ πολὺ δ' ἀγνοίας ἐτύγχανον ἀφιγμένοι καὶ οτῶν
κατ' Ἰταλίαν καὶ τὸν Ἀδρίαν καὶ τὸν Πόντον καὶ τῶν ἐφεξῆς
προσαρκτίων μερῶν· εἰ καὶ τὰ τοιαῦτα ἴσως φιλαίτια. Τοῦ γὰρ
Ἐρατοσθένους ἐπὶ τῶν πόρρω διεστηκότων τὰ παραδεδομένα
φάσκοντος ἐρεῖν διαστήματα, μὴ διισχυριζομένου δὲ καὶ λέγοντος ὡς
παρέλαβε, προστιθέντος δ' ἔστιν ὅπου τὰ ἐπ' εὐθείας μᾶλλον καὶ
ἧττον, οὐ δεῖ προσάγειν τὸν ἀκριβῆ ἔλεγχον τοῖς μὴ ὁμολογουμένοις
πρὸς ἄλληλα διαστήμασιν· ὅπερ ποιεῖν πειρᾶται ὁ Ἵππαρχος ἔν τε
τοῖς πρότερον λεχθεῖσι καὶ ἐν οἷς τὰ περὶ τὴν Ὑρκανίαν μέχρι
Βακτρίων καὶ τῶν ἐπέκεινα ἐθνῶν ἐκτίθεται διαστήματα, καὶ ἔτι τὰ
ἀπὸ Κολχίδος ἐπὶ τὴν Ὑρκανίαν θάλατταν. Οὐ γὰρ ὁμοίως ἐπί τε
τούτων ἐξεταστέον αὐτὸν καὶ ἐπὶ τῶν κατὰ τὴν ἠπειρῶτιν παραλίαν
καὶ τοὺς ἄλλους τοὺς οὕτω γνωρίμους τόπους· ἀλλ' οὐδ' ἐπὶ τούτων
γεωμετρικῶς, ὅπερ ἔφην, ἀλλὰ γεωγραφικῶς μᾶλλον. Αἰτιασάμενος
δ' οὖν τινα τῶν Αἰθιοπικῶν ἐπὶ τέλει τοῦ δευτέρου ὑπομνήματος τῶν
πρὸς τὴν Ἐρατοσθένους γεωγραφίαν πεποιημένων, ἐν τῷ τρίτῳ φησὶ
τὴν μὲν πλείω θεωρίαν ἔσεσθαι μαθηματικήν, ἐπὶ ποσὸν δὲ καὶ
γεωγραφικήν· οὐδ' ἐπὶ ποσὸν μέντοι δοκεῖ μοι ποιήσασθαι
γεωγραφικήν, ἀλλὰ πᾶσαν μαθηματικήν, διδόντος καὶ τοῦ
Ἐρατοσθένους τὴν τοιαύτην πρόφασιν. Πολλαχοῦ γὰρ ἐκπίπτει πρὸς
τὸ ἐπιστημονικώτερον τῆς προκειμένης ἱστορίας, ἐκπεσὼν δὲ οὐκ
ἀκριβεῖς ἀλλ' ὁλοσχερεῖς ποιεῖται τὰς ἀποφάσεις, τρόπον τινὰ ἐν μὲν
τοῖς γεωγραφικοῖς μαθηματικὸς ἐν δὲ τοῖς μαθηματικοῖς γεωγραφικὸς
ὤν, ὥστε πρὸς ἄμφω δίδωσιν ἀφορμὰς τοῖς ἀντιλέγουσιν, ἐν δὲ τούτῳ
τῷ ὑπομνήματι καὶ δικαίας καὶ οὗτος καὶ ὁ Τιμοσθένης, ὥστ' οὐδ' ἡμῖν
καταλείπεται συνεπισκοπεῖν, ἀλλ' ἀρκεῖσθαι τοῖς ὑπὸ τοῦ Ἱππάρχου
λεχθεῖσιν.
| [2,1,41] Hipparque, qui écrivait non pas un traité de géographie, mais
simplement un examen de la géographie d'Ératosthène, n'avait, à vrai
dire, que de la critique à faire et de la critique de détail ; mais nous, nous
avons cru devoir donner un exposé complet de toutes les questions
traitées par Ératosthène, aussi bien de celles qu'il a résolues d'une
manière satisfaisante que de celles dans lesquelles il s'est fourvoyé, en
insistant pourtant davantage sur celles-ci; s'est-il trompé, nous le
rectifions; a-t-il vu juste, nous le défendons contre les attaques
d'Hipparque, prenant même Hipparque à partie, quand il se laisse
emporter trop loin par son amour de la chicane. Dans le cas présent,
cependant, tout en reconnaissant à quel point Eratosthène divague et
combien sont fondées les critiques d'Hipparque, nous n'avons pas cru
qu'il y eût lieu de rectifier ses erreurs, autrement qu'en exposant à leur
place dans le cours de notre géographie les choses comme elles sont. Du
moment, en effet, que les erreurs s'enchaînent et se multiplient à ce point,
le mieux est d'en parler le plus rarement possible et de la manière la plus
générale. Nous n'en parlerons donc qu'eu décrivant une à une les
différentes parties de la terre habitée. Notons cependant dès à présent
que Timosthène et Ératosthène et ceux qui les ont précédés ignoraient
complétement la géographie de l'Ibérie et de la Celtique et mille fois plus
encore celle de la Germanie et de la Bretagne, celle du pays des Gètes et
du pays des Bastarnes. Nous pourrions même dire qu'ils n'étaient pas
plus avancés dans la connaissance de l'Italie, de l'Adriatique, du Pont et
des régions septentrionales, mais ce serait peut-être tomber à notre tour
dans la chicane. Car, puisque Ératosthène nous prévient qu'il a dû, pour
les contrées lointaines, tirer toutes les distances qu'il indique de différents
auteurs, puisqu'il n'affirme rien en son propre nom, et qu'il dit les choses
tout comme il les a reçues, se bornant à ajouter de temps à autre que le
stadiasme dont il parle se rapproche ou s'écarte de la ligne droite, on ne
peut pas en vérité soumettre des mesures aussi peu concordantes que
celles-là à une critique rigoureuse, comme l'a fait Hipparque et pour les
passages cités plus haut et pour ceux où Eratosthène a marqué les
distances de l'Hyrcanie à la Bactriane et aux pays ultérieurs et les
distances de la Colchide à la mer Hyrcanienne. Comment concevoir, en
effet, qu'on l'attaque sur la géographie de ces contrées lointaines aussi
sévèrement qu'on le ferait sur la description du littoral de l'Epire ou
de toute autre contrée aussi connue; sans compter, ainsi que nous
l'avons déjà dit, qu'il faudrait procéder à ces sortes d'examen, non pas à
la façon des géomètres, mais bien plutôt à celle des géographes? - Le
second Mémoire d'Hipparque sur la Géographie d'Eratosthène se termine
par quelques critiques relatives à sa description de l'Éthiopie, puis il
annonce que le troisième Mémoire, plus spécialement mathématique, ne
laissera pas que de traiter aussi de géographie dans une certaine
mesure. Malgré cette déclaration, sa critique dans ce livre nous a paru
aussi étrangère que possible à la géographie, et trop exclusivement
mathématique. Ajoutons pourtant qu'Eratosthène a bien pu tout le premier
l'induire à agir de la sorte, car il s'engage souvent dans des
raisonnements plus scientifiques que son sujet ne le comporte, et, dans
ces digressions-là, il lui arrive d'énoncer non seulement des propositions
inexactes, mais aussi de grossières erreurs, si bien qu'on peut dire qu'il
est mathématicien avec les géographes et géographe avec les
mathématiciens, offrant ainsi double prise à la critique. Celle que fait
Hipparque dans ce troisième livre des opinions d'Eratosthène et de
Timosthène est d'ailleurs si juste que nous nous sommes cru dispensé de
les examiner à notre tour et de rien ajouter à ce qu'Hipparque en avait dit.
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