[2,1,33] Ἐρατοσθένης δὲ τὸ μὲν τῆς οἰκουμένης λαμβάνει μῆκος ἐπὶ τῆς διὰ
Στηλῶν καὶ Κασπίων πυλῶν καὶ Καυκάσου γραμμῆς, ὡς ἂν εὐθείας,
τὸ δὲ τῆς τρίτης μερίδος ἐπὶ τῆς διὰ Κασπίων πυλῶν καὶ Θαψάκου, τὸ
δὲ τῆς τετάρτης ἐπὶ τῆς διὰ Θαψάκου καὶ Ἡρώων πόλεως μέχρι τῆς
μεταξὺ τῶν στομάτων τοῦ Νείλου, {ἣν} ἀνάγκη καταστρέφειν εἰς τοὺς
περὶ Κάνωβον καὶ Ἀλεξάνδρειαν τόπους· ἐνταῦθα γάρ ἐστι τὸ
ἔσχατον στόμα τὸ καλούμενον Κανωβικόν τε καὶ Ἡρακλεωτικόν. Εἴτ'
οὖν ἐπ' εὐθείας ἀλλήλοις τὰ μήκη τίθησιν, εἴθ' ὡς ἂν γωνίαν ποιοῦντα
κατὰ Θάψακον, ἀλλ' ὅτι γε οὐ παράλληλον οὐδέτερον τῷ τῆς
οἰκουμένης μήκει, φανερόν ἐστιν ἐξ αὐτῶν ὧν εἴρηκεν αὐτός. Τὸ μὲν
γὰρ τῆς οἰκουμένης μῆκος διὰ τοῦ Ταύρου γράφει καὶ τῆς ἐπ' εὐθείας
μέχρι στηλῶν θαλάττης κατὰ γραμμὴν τὴν διὰ τοῦ Καυκάσου καὶ
Ῥόδου καὶ Ἀθηνῶν, ἀπὸ δὲ Ῥόδου εἰς Ἀλεξάνδρειαν κατὰ τὸν δι'
αὐτῶν μεσημβρινὸν οὐ πολὺ ἐλάττους τῶν τετρακισχιλίων φησὶν
εἶναι σταδίων, ὥστε τοσοῦτον καὶ οἱ παράλληλοι διέχοιεν ἂν ἀλλήλων
ὅ τε διὰ Ῥόδου καὶ ὁ δι' Ἀλεξανδρείας. Ὁ δ' αὐτός πώς ἐστι τούτῳ ὁ διὰ
τῆς Ἡρώων πόλεως, ἢ νοτιώτερός γε τούτου, ὥσθ' ἡ συμπίπτουσα
γραμμὴ τούτῳ τε τῷ παραλλήλῳ καὶ τῷ διὰ Ῥόδου καὶ Κασπίων
πυλῶν, εἴτ' εὐθεῖα εἴτε κεκλασμένη, οὐκ ἂν εἴη παράλληλος οὐδετέρᾳ.
Οὐκ εὖ γοῦν λαμβάνεται τὰ μήκη· οὐκ εὖ δὲ οὐδὲ αἱ βόρειοι
λαμβάνονται μερίδες.
| [2,1,33] Ératosthène cependant, après avoir mesuré la longueur totale de la
terre habitée, suivant une ligne qu'il suppose droite et qu'il fait passer par
les Colonnes d'Hercule, les Pyles Caspiennes et le Caucase, prend la
longueur de sa troisième sphragide sur une ligne qu'il mène entre les
Pyles Caspiennes et Thapsaque, et la longueur de la quatrième sur une
ligne qui, menée par Thapsaque et Héroopolis jusqu'au pays compris
entre les bouches du Nil, doit aboutir aux environs de Canope et
d'Alexandrie, puisque c'est là que se trouve la dernière des bouches du
fleuve, dite Canopique ou Héracléotique. Or, qu'il place bout à bout ces
longueurs partielles, de manière à en former une seule et même ligue
droite, ou qu'il fasse faire à ses deux lignes un angle à Thapsaque,
toujours est-il qu'il ne les a prises ni l'une ni l'autre parallèles à la longueur
totale de la terre, la chose ressort clairement de ses paroles. Comment
trace-t-il en effet, cette longueur totale de la terre habitée ? A l'aide de la
chaîne du Taurus et de la mer qui, jusqu'aux Colonnes d'Hercule, en
forme le prolongement direct, et suivant une ligne qu'il fait passer par le
Caucase, par Rhodes et par Athènes. De Rhodes à Alexandrie
maintenant, et en suivant le méridien qui passe par ces deux villes, il
compte à peu de chose près 4.000 stades: telle sera donc, d'après lui, la
distance qui sépare le parallèle de Rhodes de celui d'Alexandrie. Mais le
parallèle d'Héroopolis est comme qui dirait le même que celui
d'Alexandrie (dans le fait il est un peu plus méridional) : par conséquent la
ligne, droite ou brisée, qui viendra rencontrer le parallèle de cette ville et
celui de Rhodes et des Pyles Caspiennes, ne pourra être en aucune
façon parallèle à l'une ou l'autre de ces deux lignes. Ici donc les
longueurs ont été mal prises. Celles des sections de l'hémisphère boréal
ne l'ont pas été mieux.
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