[2,1,31] Ἡ μὲν οὖν οἰκουμένη δίχα διῄρηται τῷ τε Ταύρῳ καὶ τῇ ἐπὶ στήλας
θαλάττῃ καλῶς. Καὶ τοῦ νοτίου μέρους (καὶ) ἡ μὲν Ἰνδικὴ περιώρισται
πολλοῖς· καὶ γὰρ ὄρει καὶ ποταμῷ καὶ θαλάττῃ καὶ ἑνὶ ὀνόματι ὡς
ἑνὸς ἔθνους· ὥστε καὶ τετράπλευρος ὀρθῶς λέγεται καὶ ῥομβοειδής. Ἡ
δ' Ἀριανὴ ἧττον μὲν τὸ εὐπερίγραφον ἔχει διὰ τὸ τὴν ἑσπερίαν
πλευρὰν συγκεχύσθαι, διώρισται δ' ὅμως ταῖς τε τρισὶ πλευραῖς ὡς ἂν
εὐθείαις, καὶ τῷ ὀνόματι ὡς ἂν ἑνὸς ἔθνους. Ἡ δὲ τρίτη σφραγὶς
τελέως ἀπερίγραφός ἐστιν, οὕτω γε ἀφορισθεῖσα· ἥ τε γὰρ κοινὴ
πλευρὰ αὐτῇ τε καὶ τῇ Ἀριανῇ συγκέχυται, ὡς προείρηται, καὶ ἡ νότιος
πλευρὰ ἀργότατα εἴληπται· οὔτε γὰρ περιγράφει τὴν σφραγῖδα, διὰ
μέσης τε αὐτῆς βαδίζουσα καὶ πολλὰ μέρη ἀπολείπουσα πρὸς νότον,
οὔτε μῆκος ὑπογράφει τὸ μέγιστον τὸ γὰρ προσάρκτιον πλευρὸν
μεῖζον, οὔθ' ὁ Εὐφράτης ἑσπέριόν ἐστι πλευρὸν οὐδ' εἰ ἐπ' εὐθείας
ῥέοι, τῶν ἄκρων αὐτοῦ μὴ ἐπὶ τοῦ αὐτοῦ μεσημβρινοῦ κειμένων. Τί
γὰρ μᾶλλον ἑσπέριον ἢ νότιον; Χωρὶς δὲ τούτων, ὀλίγης οὔσης τῆς ἐπὶ
θάλατταν λοιπῆς τὴν Κιλίκιον καὶ τὴν Συριακήν, τὸ μὴ μέχρι δεῦρο
προάγειν δεῖν τὴν σφραγῖδα οὐ πιθανόν, τῆς τε Σεμιράμιδος καὶ τοῦ
Νίνου Σύρων λεγομένων, ὧν τῆς μὲν ἡ Βαβυλὼν κτίσμα καὶ
βασίλειον, τοῦ δὲ Νίνος ὡς ἂν μητρόπολις τῆς Συρίας. Καὶ τῆς
διαλέκτου δὲ μέχρι νῦν διαμενούσης τῆς αὐτῆς τοῖς τε ἐκτὸς τοῦ
Εὐφράτου καὶ τοῖς ἐντός, τὸ ἐνταῦθα μέντοι τοιούτῳ μερισμῷ διασπᾶν
ἔθνος γνωριμώτατον καὶ τὰ μέρη συνάπτειν τοῖς ἀλλοεθνέσιν ἥκιστα
ἂν πρέποι. Οὐδὲ γὰρ ὑπὸ μεγέθους ἀπηναγκάσθαι λέγοι ἄν· καὶ γὰρ
τὸ μέχρι θαλάττης οὐ μήν πω ἂν ἐξισάζοιτο τῇ Ἰνδικῇ, ἀλλ' οὐδὲ τῇ
Ἀριανῇ, προσλαβὸν καὶ τὸ μέχρι τῶν ὅρων τῆς εὐδαίμονος Ἀραβίας
καὶ τῆς Αἰγύπτου· ὥστε πολὺ κρεῖττον ἦν μέχρι δεῦρο προελθεῖν, τῆς
τρίτης εἰπόντα σφραγῖδος τοσαύτῃ προσθήκῃ τῇ μέχρι τῆς Συριακῆς
θαλάττης τὸ μὲν νότιον πλευρὸν οὐχ ὥσπερ ἐκεῖνος εἶπεν ἔχον, οὐδ'
ἐπ' εὐθείας, ἀλλ' ἀπὸ τῆς Καρμανίας εὐθὺς τὴν δεξιὰν παραλίαν
εἰσπλέοντι (γὰρ) τὸν Περσικὸν κόλπον μέχρι τῆς ἐκβολῆς τοῦ
Εὐφράτου, καὶ μετὰ ταῦτα τοῖς ὁρίοις τῆς Μεσήνης καὶ τῆς
Βαβυλωνίας συνάπτον, ἥπερ ἐστὶν ἀρχὴ τοῦ διορίζοντος τὴν
εὐδαίμονα Ἀραβίαν ἀπὸ τῆς ἄλλης ἠπείρου, εἶτ' ἐφεξῆς αὐτὸν τοῦτον
διεξιόν, διῆκόν τε μέχρι τοῦ μυχοῦ τοῦ Ἀραβίου κόλπου καὶ
Πηλουσίου, καὶ ἔτι τοῦ Κανωβικοῦ στόματος τοῦ Νείλου· τοῦτο μὲν τὸ
νότιον πλευρόν, τὸ δὲ λοιπὸν ἑσπέριον τὴν ἀπὸ τοῦ Κανωβικοῦ
στόματος μέχρι τῆς Κιλικίας παραλίαν.
| [2,1,31] Cela posé, on voit que la division de la terre habitée en deux parties
au moyen de la chaîne du Taurus et de la mer jusqu'aux Colonnes
d'Hercule est bonne. Dans la portion australe de la terre, la délimitation
de l'Inde, au moyen de lignes de différente nature, est bonne également :
bornée en effet à la fois par une chaîne de montagnes, par un fleuve, par
une mer; désignée, qui plus est, par un nom unique, ce qui implique
l'unité de nation, l'Inde peut être en outre qualifiée exactement de
quadrilatère rhomboïde. L'Ariane, moins complètement circonscrite, par la
raison que son côté occidental ne se dégage pas nettement d'autres
lignes, se trouve pourtant encore suffisamment déterminée par trois de
ses côtés, qui forment autant de lignes droites, et par le nom qu'elle porte,
lequel se trouve être celui d'une seule et même nation. En revanche, la
troisième sphragide, à la façon du moins dont Ératosthène l'a délimitée,
demeure parfaitement indéterminée : le côté qui lui est commun avec
l'Ariane risque d'être confondu avec d'autres lignes, ainsi que nous
l'avons déjà dit, et le côté méridional a été tracé le plus négligemment du
monde : car, au lieu de fermer et de border la sphragide, il la traverse par
le milieu, laissant ainsi au midi une bonne partie des terres qui en
dépendent, sans compter qu'il n'en représente pas toute la longueur,
puisque le côté nord est sensiblement plus long. L'Euphrate n'en saurait
former non plus le côté occidental, coulât-il même en ligne droite, puisque
les extrémités de son cours ne se trouvent pas sous le même méridien,
tellement qu'on se demande pourquoi Ératosthène en a fait plutôt le côté
occidental que le côté méridional de sa figure. Quand on pense, en outre,
au peu d'espace qui lui restait à franchir pour atteindre la mer de Syrie et
de Cilicie, on ne peut s'expliquer qu'il n'ait pas reculé jusque-là les bornes
de sa sphragide, d'autant mieux qu'on qualifie toujours de princes syriens
Sémiramis et Ninus qui avaient, comme on sait, pour capitales et pour
lieux de résidence, Sémiramis, la ville de Babylone, et Ninus, la ville de
Ninive, souvent appelée la métropole générale de la Syrie; ajoutez que,
de nos jours encore, sur les deux rives de l'Euphrate les populations
parlent une seule et même langue, et qu'il n'est nullement raisonnable de
couper en deux par une ligne de démarcation arbitraire une nation aussi
connue que celle-là, qui se trouve avoir de la sorte telles de ses parties
rejetées parmi des nationalités étrangères. De plus, Ératosthène ne
pourrait pas dire que les dimensions déjà excessives de sa sphragide
l'ont forcé à agir comme il a fait, puisque, prolongée même jusqu'à la mer,
et augmentée de tout le pays qui s'étend jusqu'aux confins de l'Arabie
Heureuse et de l'Égypte, elle n'égalerait pas encore l'Inde, ni même
l'Ariane. Il eût donc beaucoup mieux valu s'avancer jusque-là et donner
pour côté méridional à la troisième sphragide, ainsi augmentée de tout le
pays jusqu'à ]a mer de Syrie, au lieu de la limite que trace Ératosthène,
au lieu d'une simple ligne droite, le littoral lui-même, à partir de la
Karmanie, c'est-à-dire tout le littoral qu'on longe à droite en entrant dans
le golfe Persique jusqu'aux bouches de l'Euphrate ; puis, à partir de là,
ledit côté aurait rejoint la frontière commune à la Mésène et à la
Babylonie, laquelle marque en même temps le commencement de
l'isthme qui sépare l'Arabie Heureuse du reste du continent; il aurait
ensuite traversé l'isthme et se serait prolongé jusqu'au fond dn golfe
Arabique, jusqu'à Péluse, voire même jusqu'à la bouche Canopique du
Nil. Tel eût pu être le côté méridional de la troisième sphragide, et, quant
au côté occidental restant, il eût été formé par cet autre littoral compris
entre la bouche Canopique et la Cilicie.
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