[2,1,30] Ἃ δ' ἄν τις αἰτιάσαιτο τοῦ Ἐρατοσθένους τοιαῦτά ἐστι. Καθάπερ
γὰρ ἡ κατὰ μέλος τομὴ τῆς ἄλλως κατὰ μέρος διαφέρει (διότι ἡ μὲν
καὶ τὰ μέρη λαμβάνει περιγραφὴν ἔχοντα φυσικήν, * ἀρθρώσει τινὶ
καὶ τύπῳ σημειώδη, ἡ δ' οὐδὲν ἔχει τοιοῦτον), χρώμεθα δ' οἰκείως
ἑκατέρᾳ τὸν καιρὸν καὶ τὴν χρείαν σκοποῦντες, οὕτως ἐπὶ τῶν
γεωγραφικῶν δεῖ μὲν τομὰς ποιεῖσθαι τῶν μερῶν τὰ καθ' ἕκαστα
ἐπιόντας, μιμεῖσθαι δὲ τὰς κατὰ μέλος τομὰς μᾶλλον ἢ τὰς ὡς ἔτυχε.
Τὸ γὰρ σημειῶδες καὶ τὸ εὐπεριόριστον ἐκεῖθεν λαβεῖν ἔστιν, οὗ
χρείαν ἔχει ὁ γεωγράφος· εὐπεριόριστον δέ, ὅταν ἢ ποταμοῖς ἢ ὄρεσιν
ἢ θαλάττῃ δυνατὸν ᾖ, καὶ ἔθνει δὲ ἢ ἔθνεσι καὶ μεγέθει ποσῷ καὶ
σχήματι, ὅπου τοῦτο δυνατόν. Πανταχοῦ δὲ ἀντὶ τοῦ γεωμετρικῶς τὸ
ἁπλῶς καὶ ὁλοσχερῶς ἱκανόν. Μέγεθος μὲν οὖν ἱκανόν ἐστιν, ἂν τὸ
μέγιστον εἴπῃς μῆκος καὶ πλάτος, ὡς τῆς οἰκουμένης ἑπτὰ μυριάδων
εἰ τύχοι μῆκος, πλάτος δ' ἔλαττον ἢ ἥμισυ μικρῷ τοῦ μήκους· σχῆμα δ',
ἂν τῶν γεωμετρικῶν τινὶ σχημάτων εἰκάσῃς, ὡς τὴν Σικελίαν
τριγώνῳ, ἢ τῶν ἄλλων γνωρίμων τινὶ σχημάτων, οἷον τὴν Ἰβηρίαν
βύρσῃ, τὴν Πελοπόννησον πλατάνου φύλλῳ· ὅσῳ δ' ἂν μεῖζον ᾖ τὸ
τεμνόμενον, τοσῷδε καὶ ὁλοσχερεστέρας πρέποι ἂν ποιεῖσθαι τὰς
τομάς.
| [2,1,30] Voici en revanche ce qu'on pourrait sérieusement reprocher à
Ératosthène. De même qu'en anatomie on distingue la division par
membres de la simple division, de la division grossière en parties prises
au hasard, la division par membres procédant d'après la délimitation
naturelle des parties et suivant leurs articulations et leurs principaux
contours, ainsi qu'Homère le dit dans ce vers,
Ayant divisé la victime membre à membre,
tandis que l'autre méthode n'offre rien de pareil , et de même que l'on
emploie l'une ou l'autre méthode en son lieu, suivant la circonstance et le
besoin, de même en géographie, où il nous faut procéder aussi à la
division complète des parties, nous devons imiter la dissection par
membres plutôt que la division en parties prises au hasard, car c'est ainsi
seulement que nous pourrons obtenir ces traits ou caractères distinctifs et
ces délimitations rigoureuses, dont le géographe a surtout besoin. Or,
pour qu'une contrée soit bien délimitée, il faut autant que possible qu'elle
le soit à l'aide des fleuves, des montagnes ou de la mer, à l'aide encore
de la nationalité une ou multiple de ses habitants, à l'aide enfin, si faire se
peut, d'une détermination exacte de son étendue et de sa figure. Dans
tous les cas, une simple indica tion à grands traits suffira, sans qu'il faille
chercher la précision géométrique. S'agit-il de l'étendue, il suffira
d'indiquer le maximum de la longueur et de la largeur, de dire, par
exemple, au sujet de la terre habitée, qu'elle a en longueur 70.000
stades, et en largeur un peu moins de la moitié de sa longueur; s'agit-il de
la configuration, il suffira de la comparer soit à une figure géométrique
quelconque, comme quand on dit que la Sicile a la forme d'un triangle,
soit à telle autre image généralement connue, comme quand on compare
l'Ibérie à une peau de boeuf et le Péloponuèse à une feuille de platane Et
plus sera grande la région à partager, plus aussi la division à grands traits
se trouvera être de mise.
|