[10d,9] Ταῦτα μὲν οὖν ὁποτέρως ἔχει χαλεπὸν εἰπεῖν. Ἔστι δὲ καὶ ἄλλος λόγος οὐχ
ὁμολογούμενος, τῶν μὲν ξένον τῆς νήσου τὸν Μίνω λεγόντων τῶν δ' ἐπιχώριον. Ὁ μέντοι
ποιητὴς τῇ δευτέρᾳ δοκεῖ μᾶλλον συνηγορεῖν ἀποφάσει, ὅταν φῇ ὅτι {Ζεὺς}
Πρῶτον Μίνωα τέκε Κρήτῃ ἐπίουρον.
Ὑπὲρ τῆς Κρήτης ὁμολογεῖται διότι κατὰ τοὺς παλαιοὺς χρόνους ἐτύγχανεν
εὐνομουμένη καὶ ζηλωτὰς ἑαυτῆς τοὺς ἀρίστους τῶν Ἑλλήνων ἀπέφηνεν, ἐν δὲ τοῖς
πρώτοις Λακεδαιμονίους, καθάπερ Πλάτων τε ἐν τοῖς νόμοις δηλοῖ καὶ Ἔφορος ἐν τῇ
Εὐρώπῃ ἀναγέγραφεν· ὕστερον δὲ πρὸς τὸ χεῖρον μετέβαλεν ἐπὶ πλεῖστον. Μετὰ γὰρ τοὺς
Τυρρηνούς, οἳ μάλιστα ἐδῄωσαν τὴν καθ' ἡμᾶς θάλατταν, οὗτοί εἰσιν οἱ διαδεξάμενοι τὰ
λῃστήρια· τούτους δ' ἐπόρθησαν ὕστερον οἱ Κίλικες· κατέλυσαν δὲ πάντας Ῥωμαῖοι τήν τε
Κρήτην ἐκπολεμήσαντες καὶ τὰ πειρατικὰ τῶν Κιλίκων φρούρια. Νῦν δὲ Κνωσσὸς καὶ
Ῥωμαίων ἀποικίαν ἔχει.
| [10d,9] Sur ce point-là il est difficile de dire de quel côté se trouve la vérité ; mais il est une
autre question qui n'est pas moins controversée, c'est la question de savoir qui a raison
de ceux qui font naître Minos loin de la Crète ou de ceux qui le représentent comme un
prince crétois d'origine. Il semble toutefois qu'Homère se range de préférence à la
seconde opinion quand il dit que {Jupiter}
«Eut pour premier né Minos, génie tutélaire de la Crète» (Il. XIII, 450).
Pour ce qui est de la Crète elle-même, tous les auteurs s'accordent à dire que dès
la plus haute antiquité elle était en possession de lois excellentes et avait à ce titre
inspiré une noble émulation aux principaux peuples de la Grèce, à commencer par les
Lacédémoniens, ainsi que Platon l'atteste dans son livre des Lois et qu'Ephore lui-même
l'a consigné dans son Europe. En revanche dans la suite les moeurs des Crétois
s'altérèrent étrangement. Ainsi l'on sait comment ils prirent la place des Tyrrhéniens, les
plus redoutés des pirates de nos parages, et se livrèrent aux mêmes dévastations
qu'eux, jusqu'à ce que les Ciliciens les eussent ruinés à leur tour ; mais il vint un temps
où, les pirates ayant été tous, sans exception, anéantis par les Romains, ceux-ci
s'emparèrent de la Crète et des châteaux forts de la Cilicie qui avaient si longtemps
servi de repaires aux pirates. Cnosse est même devenue aujourd'hui colonie romaine.
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