[10d,18] Τῶν τε Σπαρτιατῶν τὸν νομοθέτην Λυκοῦργον πέντε γενεαῖς νεώτερον
Ἀλθαιμένους εἶναι τοῦ στείλαντος τὴν εἰς Κρήτην ἀποικίαν· τὸν μὲν γὰρ ἱστορεῖσθαι Κίσσου
παῖδα τοῦ τὸ Ἄργος κτίσαντος περὶ τὸν αὐτὸν χρόνον ἡνίκα Προκλῆς τὴν Σπάρτην
συνῴκιζε, Λυκοῦργον δ' ὁμολογεῖσθαι παρὰ πάντων ἕκτον ἀπὸ Προκλέους γεγονέναι· τὰ
δὲ μιμήματα μὴ εἶναι πρότερα τῶν παραδειγμάτων μηδὲ τὰ νεώτερα τῶν πρεσβυτέρων· τήν
τε ὄρχησιν τὴν παρὰ τοῖς Λακεδαιμονίοις ἐπιχωριάζουσαν καὶ τοὺς ῥυθμοὺς καὶ παιᾶνας
τοὺς κατὰ νόμον ᾀδομένους καὶ ἄλλα πολλὰ τῶν νομίμων Κρητικὰ καλεῖσθαι παρ' αὐτοῖς
ὡς ἂν ἐκεῖθεν ὁρμώμενα· τῶν δ' ἀρχείων τὰ μὲν καὶ τὰς διοικήσεις ἔχειν τὰς αὐτὰς καὶ τὰς
ἐπωνυμίας, ὥσπερ καὶ τὴν τῶν γερόντων ἀρχὴν καὶ τὴν τῶν ἱππέων πλὴν ὅτι τοὺς ἐν
Κρήτῃ ἱππέας καὶ ἵππους κεκτῆσθαι συμβέβηκεν· ἐξ οὗ τεκμαίρονται πρεσβυτέραν εἶναι
τῶν ἐν Κρήτῃ ἱππέων τὴν ἀρχήν· σώζειν γὰρ τὴν ἐτυμότητα τῆς προσηγορίας· τοὺς δὲ μὴ
ἱπποτροφεῖν̓, τοὺς ἐφόρους δὲ τὰ αὐτὰ τοῖς ἐν Κρήτῃ κόσμοις διοικοῦντας ἑτέρως
ὠνομάσθαι· τὰ δὲ συσσίτια ἀνδρεῖα παρὰ μὲν τοῖς Κρησὶν καὶ νῦν ἔτι καλεῖσθαι, παρὰ δὲ
τοῖς Σπαρτιάταις μὴ διαμεῖναι καλούμενα ὁμοίως πρότερον· παρ' Ἀλκμᾶνι γοῦν οὕτω
κεῖσθαι Φοίναις δὲ καὶ ἐν θιάσοισιν
ἀνδρείων παρὰ δαιτυμόνεσσι πρέπει παιᾶνα κατάρχειν.
| [10d,18] «Ajoutons que Lycurgue, le législateur de Sparte, est de cinq générations
postérieur à Althaeménès, chef de la première colonie dorienne de Crète, puisque
l'histoire nous montre Kissos, père d'Althaeménès, fondant Argos dans le même temps
précisément où Proclès bâtissait Sparte, et que tous les autres s'accordent à faire
descendre Lycurgue de Proclès à la sixième génération. Or, on n'a jamais vu que la
copie ait précédé l'original, que le nouveau ait existé avant l'ancien. De plus, si les
Lacédémoniens eux-mêmes appellent du nom de danse crétoise cette danse armée si
en faveur chez eux ; s'ils qualifient de crétois et le rythme qu'ils emploient de préférence
et les paeans consacrés chez eux et prescrits par la loi et maint autre détail de leurs
propres coutumes, c'est qu'apparemment l'origine en était toute crétoise. D'autre part, si
bon nombre de charges et de magistratures ont, aujourd'hui encore, dans les deux pays
les mêmes noms, témoin l'ordre des Gérontes et celui des Chevaliers, il y a pourtant
cette différence qu'en Crète les chevaliers sont encore tenus d'avoir à eux des chevaux
{comme insigne de leur dignité}, d'où l'on peut inférer que l'institution des chevaliers est
plus ancienne en Crète (où elle est restée fidèle à son origine et où elle réalise encore
ce qu'indique son nom) qu'à Sparte, où, depuis longtemps, les chevaliers n'ont plus de
chevaux à nourrir. Par contre, il est arrivé que les Ephores, tout en exerçant à Sparte
des fonctions analogues à celles des Cosmi de la Crète, ont reçu un nom différent. Et il
en a été de même pour les repas publics : désignés, aujourd'hui encore, dans toute la
Crète, sous le nom d'Andries, ils n'ont pas gardé chez les Spartiates cette dénomination,
qui était bien le nom primitif, à en juger par ce qu'on lit dans Alcman :
«C'est dans nos festins, dans nos thiases, aux tables communes de nos
ANDRIES qu'il convient d'entonner le paean».
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