[9c,8] Ἐπίφθονος δ´ ὢν ὁ πλοῦτος δυσφύλακτός ἐστι
κἂν ἱερὸς ᾖ. νυνί γέ τοι πενέστατόν ἐστι τὸ ἐν Δελφοῖς
ἱερὸν χρημάτων γε χάριν, τῶν δ´ ἀναθημάτων τὰ μὲν
ἦρται τὰ δὲ πλείω μένει. πρότερον δὲ πολυχρήματον
ἦν τὸ ἱερόν, καθάπερ Ὅμηρός τε εἴρηκεν „οὐδ´ ὅσα
„λάινος οὐδὸς ἀφήτορος ἐντὸς ἐέργει Φοίβου Ἀπόλλωνος
Πυθοῖ ἐνὶ πετρηέσσῃ,“ καὶ οἱ θησαυροὶ δηλοῦσι
καὶ ἡ σύλησις ἡ γενηθεῖσα ὑπὸ τῶν Φωκέων, ἐξ
ἧς ὁ Φωκικὸς καὶ ἱερὸς καλούμενος ἐξήφθη πόλεμος.
αὕτη μὲν οὖν ἡ σύλησις γεγένηται κατὰ Φίλιππον τὸν
Ἀμύντου· προτέραν δ´ ἄλλην ὑπονοοῦσιν ἀρχαίαν, ἣ
τὸν ὑφ´ Ὁμήρου λεγόμενον πλοῦτον ἐξεφόρησεν· οὐδὲ
γὰρ ἴχνος αὐτοῦ σωθῆναι πρὸς τοὺς ὕστερον χρόνους
ἐν οἷς οἱ περὶ Ὀνόμαρχον καὶ Φάυλλον ἐσύλησαν τὸ
ἱερόν, ἀλλὰ τὰ μὲν ... ἀπενεχθέντα νεώτερα ἐκείνων
εἶναι τῶν χρημάτων· ἀποκεῖσθαι γὰρ ἐν θησαυροῖς,
ἀπὸ λαφύρων ἀνατεθέντα, ἐπιγραφὰς σώζοντα ἐν
αἷς καὶ οἱ ἀναθέντες· „Γύγου“ γὰρ καὶ „Κροίσου“ καὶ
„Συβαριτῶν“ καὶ „Σπινητῶν τῶν περὶ τὸν Ἀδρίαν,“
καὶ οὕτως ἐπὶ τῶν ἄλλων. οὔτ - - - ήκοι τὰ παλαιὰ
χρήματα ἀναμεμῖχθαι· {ὡς} καὶ ἄλλοι τόποι διασημαίνουσιν
ὑπὸ τούτων σκευωρηθέντες τῶν ἀνδρῶν.
ἔνιοι δὲ τὸν ἀφήτορα δεξάμενοι λέγεσθαι θησαυρόν,
ἀφήτορος δ´ οὐδὸν κατὰ γῆς θησαυρισμόν, ἐν τῷ ναῷ
κατορωρύχθαι φασὶ τὸν πλοῦτον ἐκεῖνον, καὶ τοὺς περὶ
τὸν Ὀνόμαρχον ἐπιχειρήσαντας ἀνασκάπτειν νύκτωρ
σεισμῶν γενομένων μεγάλων ἔξω τοῦ ναοῦ φυγεῖν καὶ
παύσασθαι τῆς ἀνασκαφῆς, ἐμβαλεῖν δὲ καὶ τοῖς ἄλλοις
φόβον τῆς τοιαύτης ἐπιχειρήσεως.
| [9c,8] Toutefois, comme la richesse, cet éternel objet des convoitises
humaines, n'est en sûreté nulle part, même à l'abri d'un temple, le temple
de Delphes se trouve être aujourd'hui très pauvre, sinon en pieuses
offrandes (car les chefs-d'oeuvre artistiques, à peu d'exceptions près,
ont été respectés), du moins en métaux précieux. Or, c'était là dans le
principe la grande richesse du temple, Homère le dit formellement :
«Ni tout ce que renferme dans la rocheuse Pytho, à l'abri de son seuil de
marbre, le sanctuaire du divin archer, le temple de Phébus Apollon» (Il.
IX, 404), et c'est ce qu'attestent également l'existence de ces divers trésors et le
pillage sacrilège qu'en firent les Phocidiens, pillage qui fut le signal
de la fameuse guerre phocique, connue aussi sous le nom de guerre sacrée.
Ce pillage des Phocidiens eut lieu du temps de Philippe, fils d'Amyntas,
mais on suppose qu'il y en avait eu un autre plus ancien et que, dans ce
premier pillage, l'amas de richesses dont parle le poète avait disparu :
du moins n'en restait-il nulle trace apparente lorsque plus tard Onomarque
et Phayllus envahirent et pillèrent le temple, tout le numéraire emporté
alors provenait de dépôts beaucoup moins anciens, de trésors particuliers,
dont la pieuse origine (c'était en général des sommes prélevées sur le
butin) était rappelée par des inscriptions encore intactes : «{Trésor} de
Gygès», par exemple, «De Crésus», «Des Sybarites», «des Spinètes de
l'Adriatique», etc. {Et qu'on n'aille pas dire} que les anciens dépôts
avaient pu être mêlés aux nouveaux, les fouilles faites par les bandes
d'Onomarchus et de Phayllus dans d'autres temples ont prouvé qu'il n'en
était jamais ainsi. Certains grammairiens, d'autre part, prenant le mot
aphêtoros dans le sens de trésor et l'expression oudon aphêtoros dans le
sens d'un enfouissement profond, souterrain, prétendent que les richesses
signalées par Homère avaient été enfouies sous le pavé du temple, et
qu'Onomarchus {qui le savait} entreprit de les déterrer et fit commencer
les fouilles dans le temple durant la nuit, mais que de violentes
secousses de tremblement de terre survenues tout à coup mirent les
travailleurs en fuite et interrompirent les fouilles, que personne dans la
suite n'eut le courage de reprendre.
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