HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

SOPHOCLE, Les Trachiniennes (tragédie complète)

Vers 550-599

  Vers 550-599

[550] ταῦτ´ οὖν φοβοῦμαι μὴ πόσις μὲν Ἡρακλῆς
551 ἐμὸς καλῆται, τῆς νεωτέρας δ´ ἀνήρ.
552 Ἀλλ´ οὐ γάρ, ὥσπερ εἶπον, ὀργαίνειν καλὸν
553 γυναῖκα νοῦν ἔχουσαν· δ´ ἔχω, φίλαι,
554 λυτήριον λώφημα, τῇδ´ ὑμῖν φράσω.
555 Ἦν μοι παλαιὸν δῶρον ἀρχαίου ποτὲ
556 θηρός, λέβητι χαλκέῳ κεκρυμμένον,
557 παῖς ἔτ´ οὖσα τοῦ δασυστέρνου παρὰ
558 Νέσσου φθίνοντος ἐκ φονῶν ἀνειλόμην,
559 ὃς τὸν βαθύρρουν ποταμὸν Εὔηνον βροτοὺς
560 μισθοῦ πόρευε χερσίν, οὔτε πομπίμοις
561 κώπαις ἐρέσσων οὔτε λαίφεσιν νεώς.
562 Ὃς κἀμέ, τὸν πατρῷον ἡνίκα στόλον
563 ξὺν Ἡρακλεῖ τὸ πρῶτον εὖνις ἑσπόμην,
564 φέρων ἐπ´ ὤμοις, ἡνίκ´ ἦν μέσῳ πόρῳ,
565 ψαύει ματαίαις χερσίν· ἐκ δ´ ἤϋς´ ἐγώ,
566 χὠ Ζηνὸς εὐθὺς παῖς ἐπιστρέψας χεροῖν
567 ἧκεν κομήτην ἰόν· ἐς δὲ πλεύμονας
568 στέρνων διερροίζησεν· ἐκθνῄσκων δ´ θὴρ
569 τοσοῦτον εἶπε· «Παῖ γέροντος Οἰνέως,
570 τοσόνδ´ ὀνήσῃ τῶν ἐμῶν, ἐὰν πίθῃ,
571 πορθμῶν, ὁθούνεχ´ ὑστάτην ς´ ἔπεμψ´ ἐγώ·
572 ἐὰν γὰρ ἀμφίθρεπτον αἷμα τῶν ἐμῶν
573 σφαγῶν ἐνέγκῃ χερσὶν μελαγχόλους
574 ἔβαψεν ἰοὺς θρέμμα Λερναίας ὕδρας,
575 ἔσται φρενός σοι τοῦτο κηλητήριον
576 τῆς Ἡρακλείας, ὥστε μήτιν´ εἰσιδὼν
577 στέρξει γυναῖκα κεῖνος ἀντὶ σοῦ πλέον
578 Τοῦτ´ ἐννοήσας´, φίλαι, δόμοις γὰρ ἦν
579 κείνου θανόντος ἐγκεκλῃμένον καλῶς,
580 χιτῶνα τόνδ´ ἔβαψα, προσβαλοῦς´ ὅσα
581 ζῶν κεῖνος εἶπε· καὶ πεπείρανται τάδε.
582 Κακὰς δὲ τόλμας μήτ´ ἐπισταίμην ἐγὼ
583 μήτ´ ἐκμάθοιμι, τάς τε τολμώσας στυγῶ.
584 Φίλτροις δ´ ἐάν πως τήνδ´ ὑπερβαλώμεθα
585 τὴν παῖδα καὶ θέλκτροισι τοῖς ἐφ´ Ἡρακλεῖ,
586 μεμηχάνηται τοὔργον, εἴ τι μὴ δοκῶ
587 πράσσειν μάταιον· εἰ δὲ μή, πεπαύσομαι.
588 (ΧΟΡΟΣ) Ἀλλ´ εἴ τις ἐστὶ πίστις ἐν τοῖς δρωμένοις,
589 δοκεῖς παρ´ ἡμῖν οὐ βεβουλεῦσθαι κακῶς.
590 (ΔΗΙΑΝΕΙΡΑ) Οὕτως ἔχει γ´ πίστις, ὡς τὸ μὲν δοκεῖν
591 ἔνεστι, πείρᾳ δ´ οὐ προσωμίλησά πω.
592 (ΧΟΡΟΣ) Ἀλλ´ εἰδέναι χρὴ δρῶσαν, ὡς οὐδ´ εἰ δοκεῖς
593 ἔχειν ἔχοις ἂν γνῶμα, μὴ πειρωμένη.
594 (ΔΗΙΑΝΕΙΡΑ) Ἀλλ´ αὐτίκ´ εἰσόμεσθα, τόνδε γὰρ βλέπω
595 θυραῖον ἤδη· διὰ τάχους δ´ ἐλεύσεται.
596 Μόνον παρ´ ὑμῶν εὖ στεγοίμεθ´· ὡς σκότῳ
597 κἂν αἰσχρὰ πράσσῃς, οὔποτ´ αἰσχύνῃ πεσῇ.
598 (ΛΙΧΑΣ) Τί χρὴ ποεῖν; σήμαινε, τέκνον Οἰνέως,
599 ὡς ἐσμὲν ἤδη τῷ μακρῷ χρόνῳ βραδεῖς.
[550] Je crains qu'Héraclès n'ait plus de mon époux que le nom : à la plus jeune tout l'amour! Malgré tout, je le répète, pour une femme intelligente, c'est une faute que de céder à la colère. J'ai trouvé, mes amies, un autre remède à mon chagrin, et vous allez le connaître. Je conservais, renfermé dans un coffret d'airain, un présent que m'avait fait autrefois le Centaure Nessos. J'étais encore presque une enfant lorsque, mortellement blessé, le vieux monstre au poitrail crépu m'en fit don. 559 D'un bord à l'autre du fleuve Evénos, au cours profond, sans s'aider de rames ni de voiles, il gagnait sa vie en passant à bras les voyageurs. Je faisais alors mon premier voyage avec Héraclès, le jeune époux que mon père m'avait choisi. Le Centaure me prend sur son dos, mais voilà qu'au milieu du passage l'insolent ose porter les mains sur moi. A mes cris, le fils de Zeus se retourne et lui décoche une flèche sifflante qui s'enfonce dans sa poitrine jusqu'au poumon. Le monstre agonisant peut à peine m'adresser quelques mots : 569 « Fille du vieil Oenée, ô ma dernière passagère, cette aventure te portera bonheur si tu consens à m'écouter. Recueille du sang coagulé de ma blessure, mêlé au noir venin de l'hydre de Lerne dont la flèche est imprégnée, et tu posséderas un charme d'amour si puissant sur l'esprit d'Héraclès que jamais il ne chérira aucune femme plus que toi. » Depuis sa mort, mes amies, je conservais à la maison ce présent soigneusement enfermé. L'idée m'est venue d'en teindre une tunique en suivant les instructions du moribond. C'est chose faite. Loin de moi les audaces perfides; puissé-je n'en être jamais capable! Les femmes qui le sont me font horreur. Si seulement, par l'effet de ce philtre, j'éclipsais ma jeune rivale en jetant un charme sur Héraclès, j'aurais atteint mon but. Trouvez-vous mon projet raisonnable ? Sinon, je l'abandonnerai. 588 LE CORYPHÉE. — Si tu es fondée à croire que ce moyen peut réussir, l'idée ne m'en semble pas mauvaise. DÉJANIRE. — Certes, j'ai confiance dans ce moyen, mais je ne peux rien affirmer avant d'avoir tenté l'épreuve. LE CORYPHÉE. — Essaie donc. Il n'y a que l'expérience qui puisse t'apporter une certitude. DÉJANIRE. — Nous serons bientôt fixées. J'aperçois Lichas devant la porte : il est déjà sur son départ. Vous, conservez bien mon secret, Surtout! Ce qu'on garde pour soi, le mal comme le bien, ne risque pas d'être mal jugé. LICHAS (sortant du palais). — Donne-moi tes instructions, fille d'Œnée. Il est grand temps que je parte.


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Dernière mise à jour : 22/10/2009