HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Antigone

Vers 100-199

  Vers 100-199

[100] (Χορός)
ἀκτὶς ἀελίου, τὸ κάλλιστον ἑπταπύλῳ φανὲν
Θήβᾳ τῶν προτέρων φάος,
ἐφάνθης ποτ᾽, χρυσέας
ἁμέρας βλέφαρον,
105 Διρκαίων ὑπὲρ ῥεέθρων μολοῦσα,
τὸν λεύκασπιν Ἀργόθεν ἐκβάντα φῶτα πανσαγίᾳ
φυγάδα πρόδρομον ὀξυτέρῳ κινήσασα χαλινῷ·
110 ὃς ἐφἡμετέρᾳ γᾷ Πολυνείκους
ἀρθεὶς νεικέων ἐξ ἀμφιλόγων
ὀξέα κλάζων
ἀετὸς εἰς γᾶν ὣς ὑπερέπτα,
λευκῆς χιόνος πτέρυγι στεγανός,
115 πολλῶν μεθὅπλων
ξύν θἱπποκόμοις κορύθεσσιν.
στὰς δὑπὲρ μελάθρων φονώσαισιν ἀμφιχανὼν κύκλῳ
λόγχαις ἑπτάπυλον στόμα
ἔβα, πρίν ποθἁμετέρων
120 αἱμάτων γένυσιν πλησθῆναί τε καὶ στεφάνωμα πύργων
πευκάενθἭφαιστον ἑλεῖν. τοῖος ἀμφὶ νῶτἐτάθη
125 πάταγος Ἄρεος, ἀντιπάλῳ δυσχείρωμα δράκοντος.
Ζεὺς γὰρ μεγάλης γλώσσης κόμπους
ὑπερεχθαίρει, καὶ σφας ἐσιδὼν
πολλῷ ῥεύματι προσνισσομένους
130 χρυσοῦ καναχῆς ὑπεροπλίαις,
παλτῷ ῥιπτεῖ πυρὶ βαλβίδων
ἐπἄκρων ἤδη
νίκην ὁρμῶντἀλαλάξαι.
ἀντιτύπᾳ δἐπὶ γᾷ πέσε τανταλωθεὶς
135 πυρφόρος, ὃς τότε μαινομένᾳ ξὺν ὁρμᾷ
βακχεύων ἐπέπνει
ῥιπαῖς ἐχθίστων ἀνέμων.
εἶχε δἄλλᾳ τὰ μέν,
ἄλλα δἐπἄλλοις ἐπενώμα στυφελίζων μέγας Ἄρης
140 δεξιόσειρος.
ἑπτὰ λοχαγοὶ γὰρ ἐφἑπτὰ πύλαις
ταχθέντες ἴσοι πρὸς ἴσους ἔλιπον
Ζηνὶ τροπαίῳ πάγχαλκα τέλη,
πλὴν τοῖν στυγεροῖν, πατρὸς ἑνὸς
145 μητρός τε μιᾶς φύντε καθαὑτοῖν
δικρατεῖς λόγχας στήσαντἔχετον
κοινοῦ θανάτου μέρος ἄμφω.
ἀλλὰ γὰρ μεγαλώνυμος ἦλθε Νίκα
τᾷ πολυαρμάτῳ ἀντιχαρεῖσα Θήβᾳ,
[100] ENTRÉE DU CHŒUR.
O le plus beau soleil qui jamais ait brillé sur les Sept Portes de Thèbes, enfin tu nous as
lui, bel oeil d'un jour doré!
au-dessus des ruisseaux de Dircé tu t'avances,
et le chef au bouclier blanc et l'armée immense d'Argos,
les voilà devant toi qui fuient à toutes brides
plus vite qu'ils n'étaient venus!
LE CORYPHÉE. Et qui les a conduits sur notre sol ? C'est Polynice le rebelle. Comme un
aigle à grands cris l'Argien fondit sur nous, se couvrant d'une aile de neige, dans la
mêlée des armes, et sur les casques flottaient les crinières chevalines.
LE CHOEUR.
Il tournoya au-dessus des maisons,
autour de la muraille à la septuple bouche
les lances resserraient leur cercle meurtrier
et tout soudain il est parti
avant que notre sang ait repu ses mâchoires
et que notre rempart, couronne de la ville,
ait croulé sous les flammes résineuses.
Et dans la plaine, partout, Arès grondait à ses trousses,
laissant le Dragon maître du terrain.
LE CORYPHÉE. Zeus plus que tout déteste les vantards, et quand il a vu l'Argien se ruer
comme un torrent, ivre du tintamarre de ses armes dorées, sa foudre du haut des
créneaux a précipité l'imprudent qui déjà criait victoire.
LE CHŒUR.
Sur la terre, qui retentit, il s'écroula, comme Tantale,
la flamme au poing, lui qui, d'une fougue insensée,
d'une ardeur de bacchante faisait rage
en rafales meurtrières sur la cité.
Ainsi de celui-là.
Mais à d'autres le grand Arès distribuait d'autres destins,
chargeant avec furie,
cheval de main de la bataille.
LE CORYPHÉE. Aux sept Portes sept capitaines, à sept des nôtres opposés, laissèrent à
Zeus libérateur leurs armes d'airain en offrande. Seuls, les princes maudits, les deux
frères germains, affrontés lance contre lance, prirent chacun sa part d'une commune mort.
LE CHŒUR.
Enfin, payant de gloire notre amour,
dans Thèbe, à grand arroi de chars, la Victoire fait son entrée!
[150] ἐκ μὲν δὴ πολέμων
τῶν νῦν θέσθαι λησμοσύναν,
θεῶν δὲ ναοὺς χοροῖς
παννυχίοις πάντας ἐπέλθωμεν, Θήβας δἐλελίχθων
Βάκχιος ἄρχοι.
155 ἀλλὅδε γὰρ δὴ βασιλεὺς χώρας,
(Κρέων) Μενοικέως νεοχμοῖσι
θεῶν ἐπὶ συντυχίαις
χωρεῖ, τίνα δὴ μῆτιν ἐρέσσων,
160 ὅτι σύγκλητον τήνδε γερόντων
προὔθετο λέσχην,
κοινῷ κηρύγματι πέμψας;
(Κρέων)
ἄνδρες, τὰ μὲν δὴ πόλεος ἀσφαλῶς θεοὶ
πολλῷ σάλῳ σείσαντες ὤρθωσαν πάλιν.
ὑμᾶς δἐγὼ πομποῖσιν ἐκ πάντων δίχα
165 ἔστειλἱκέσθαι τοῦτο μὲν τὰ Λαΐου
σέβοντας εἰδὼς εὖ θρόνων ἀεὶ κράτη,
τοῦταὖθις, ἡνίκΟἰδίπους ὤρθου πόλιν,
κἀπεὶ διώλετ᾽, ἀμφὶ τοὺς κείνων ἔτι
παῖδας μένοντας ἐμπέδοις φρονήμασιν.
170 ὅτοὖν ἐκεῖνοι πρὸς διπλῆς μοίρας μίαν
καθἡμέραν ὤλοντο παίσαντές τε καὶ
πληγέντες αὐτόχειρι σὺν μιάσματι,
ἐγὼ κράτη δὴ πάντα καὶ θρόνους ἔχω
γένους κατἀγχιστεῖα τῶν ὀλωλότων.
175 ἀμήχανον δὲ παντὸς ἀνδρὸς ἐκμαθεῖν
ψυχήν τε καὶ φρόνημα καὶ γνώμην, πρὶν ἂν
ἀρχαῖς τε καὶ νόμοισιν ἐντριβὴς φανῇ.
ἐμοὶ γὰρ ὅστις πᾶσαν εὐθύνων πόλιν
μὴ τῶν ἀρίστων ἅπτεται βουλευμάτων
180 ἀλλἐκ φόβου του γλῶσσαν ἐγκλῄσας ἔχει
κάκιστος εἶναι νῦν τε καὶ πάλαι δοκεῖ·
καὶ μεῖζον ὅστις ἀντὶ τῆς αὑτοῦ πάτρας
φίλον νομίζει, τοῦτον οὐδαμοῦ λέγω.
ἐγὼ γάρ, ἴστω Ζεὺς πάνθὁρῶν ἀεί,
185 οὔτἂν σιωπήσαιμι τὴν ἄτην ὁρῶν
στείχουσαν ἀστοῖς ἀντὶ τῆς σωτηρίας,
οὔτἂν φίλον ποτἄνδρα δυσμενῆ χθονὸς
θείμην ἐμαυτῷ, τοῦτο γιγνώσκων ὅτι
ἥδἐστὶν σῴζουσα καὶ ταύτης ἔπι
190 πλέοντες ὀρθῆς τοὺς φίλους ποιούμεθα.
τοιοῖσδἐγὼ νόμοισι τήνδαὔξω πόλιν,
καὶ νῦν ἀδελφὰ τῶνδε κηρύξας ἔχω
ἀστοῖσι παίδων τῶν ἀπΟἰδίπου πέρι·
Ἐτεοκλέα μέν, ὃς πόλεως ὑπερμαχῶν
195 ὄλωλε τῆσδε, πάντἀριστεύσας δόρει,
τάφῳ τε κρύψαι καὶ τὰ πάντἀφαγνίσαι
τοῖς ἀρίστοις ἔρχεται κάτω νεκροῖς.
τὸν δαὖ ξύναιμον τοῦδε, Πολυνείκη λέγω,
ὃς γῆν πατρῴαν καὶ θεοὺς τοὺς ἐγγενεῖς
[150] Puisque la guerre est finie,
n'y pensez plus, maintenant !
Courons visiter les temples
et déployons des choeurs toute la nuit,
et que les conduise Bacchos,
Bacchos qui naquit d'un éclair
dont a tremblé le sol thébain.
LE CORYPHÉE. Mais voici que s'avance notre roi Créon, le fils de Ménécée, préoccupé
des nouveaux événements que les dieux nous envoient. Dans quelle pensée a-t-il
convoqué notre sénat ?
PREMIER ÉPISODE
CRÉON. Citoyens, après la tourmente qui nous a secoués, les dieux nous ont remis
d'aplomb. je vous ai convoqués entre tous, vous qui avez toujours été, je le sais, les
loyaux soutiens du trône; vous l'étiez sous Laïos, vous le fûtes lorsqu'Oedipe rétablit nos
affaires, et vous avez conservé, après la mort de ce prince, votre fidèle attachement aux
enfants royaux. Depuis le jour que les deux frères, succombant à leurs destins jumeaux,
ont péri, l'un par l'autre frappés, l'un par l'autre criminels, le pouvoir souverain m'est
revenu comme au plus proche parent. Or il est impossible de juger du caractère, de
l'intelligence et des idées d'un homme tant qu'il n'a pas fait ses preuves au
gouvernement et à la garde des lois. Quiconque assume la direction d'un Etat, s'il a
d'autres soucis que le bien public et se laisse clouer la langue par je ne sais quelle
timidité, je dis et je l'ai toujours dit que c'est le pire des lâches. Et quiconque préfère
à sa patrie un être cher est pour moi comme s'il n'était pas. Que Zeus le sache, dont
l'oeil voit tout : je ne puis me taire quand je vois le malheur menacer la sécurité de mes
concitoyens. Jamais je ne prendrai pour ami un ennemi public; je sais trop que le salut
de la patrie est notre salut et qu'il n'y a pas d'amitié qui tienne dans une patrie en
détresse. Tels sont les principes au nom desquels j'entends gouverner; ils inspirent
l'arrêté que je fais proclamer concernant les fils d'Oedipe : Étéocle, guerrier hors de pair,
mort en servant son pays, sera enseveli avec tous les honneurs qui accompagnent sous
la terre les plus glorieux morts; mais son frère Polynice,


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Dernière mise à jour : 1/06/2005