HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Antigone

Vers 1000-1099

  Vers 1000-1099

[1000] ἵζων, ἵνἦν μοι παντὸς οἰωνοῦ λιμήν,
ἀγνῶτἀκούω φθόγγον ὀρνίθων, κακῷ
κλάζοντας οἴστρῳ καὶ βεβαρβαρωμένῳ.
καὶ σπῶντας ἐν χηλαῖσιν ἀλλήλους φοναῖς
ἔγνων· πτερῶν γὰρ ῥοῖβδος οὐκ ἄσημος ἦν.
1005 εὐθὺς δὲ δείσας ἐμπύρων ἐγευόμην
βωμοῖσι παμφλέκτοισιν· ἐκ δὲ θυμάτων
Ἥφαιστος οὐκ ἔλαμπεν, ἀλλἐπὶ σποδῷ
μυδῶσα κηκὶς μηρίων ἐτήκετο
κἄτυφε κἀνέπτυε, καὶ μετάρσιοι
1010 χολαὶ διεσπείροντο, καὶ καταρρυεῖς
μηροὶ καλυπτῆς ἐξέκειντο πιμελῆς.
τοιαῦτα παιδὸς τοῦδἐμάνθανον πάρα,
φθίνοντἀσήμων ὀργίων μαντεύματα.
ἐμοὶ γὰρ οὗτος ἡγεμών, ἄλλοις δἐγώ.
1015 καὶ ταῦτα τῆς σῆς ἐκ φρενὸς νοσεῖ πόλις.
βωμοὶ γὰρ ἡμῖν ἐσχάραι τε παντελεῖς
πλήρεις ὑποἰωνῶν τε καὶ κυνῶν βορᾶς
τοῦ δυσμόρου πεπτῶτος Οἰδίπου γόνου.
κᾆτοὐ δέχονται θυστάδας λιτὰς ἔτι
1020 θεοὶ παρἡμῶν οὐδὲ μηρίων φλόγα,
οὐδὄρνις εὐσήμους ἀπορροιβδεῖ βοάς
ἀνδροφθόρου βεβρῶτες αἵματος λίπος.
ταῦτοὖν, τέκνον, φρόνησον. ἀνθρώποισι γὰρ
τοῖς πᾶσι κοινόν ἐστι τοὐξαμαρτάνειν·
1025 ἐπεὶ δἁμάρτῃ, κεῖνος οὐκέτἔστἀνὴρ
ἄβουλος οὐδἄνολβος, ὅστις ἐς κακὸν
πεσὼν ἀκῆται μηδἀκίνητος πέλῃ.
αὐθαδία τοι σκαιότητὀφλισκάνει.
ἀλλεἶκε τῷ θανόντι μηδὀλωλότα
1030 κέντει· τίς ἀλκὴ τὸν θανόντἐπικτανεῖν;
εὖ σοι φρονήσας εὖ λέγω. τὸ μανθάνειν δ
ἥδιστον εὖ λέγοντος, εἰ κέρδος λέγοι.
(Κρέων)
πρέσβυ, πάντες ὥστε τοξόται σκοποῦ
τοξεύετἀνδρὸς τοῦδε, κοὐδὲ μαντικῆς
1035 ἄπρακτος ὑμῖν εἰμι· τῶν δὑπαὶ γένους
ἐξημπόλημαι κἀμπεφόρτισμαι πάλαι.
κερδαίνετ᾽, ἐμπολᾶτε τἀπὸ Σάρδεων
ἤλεκτρον, εἰ βούλεσθε, καὶ τὸν Ἰνδικὸν
χρυσόν· τάφῳ δἐκεῖνον οὐχὶ κρύψετε,
1040 οὐδεἰ θέλουσ᾽, οἱ Ζηνὸς αἰετοὶ βορὰν
φέρειν νιν ἁρπάζοντες ἐς Διὸς θρόνους,
οὐδὣς μίασμα τοῦτο μὴ τρέσας ἐγὼ
θάπτειν παρήσω κεῖνον· εὖ γὰρ οἶδὅτι
θεοὺς μιαίνειν οὔτις ἀνθρώπων σθένει.
1045 πίπτουσι δ᾽, γεραιὲ Τειρεσία, βροτῶν
χοἰ πολλὰ δεινοὶ πτώματαἴσχρ᾽, ὅταν λόγους
αἰσχροὺς καλῶς λέγωσι τοῦ κέρδους χάριν.
(Τειρεσίας) φεῦ.
ἆροἶδεν ἀνθρώπων τις, ἆρα φράζεται,
(Κρέων)
τί χρῆμα; ποῖον τοῦτο πάγκοινον λέγεις;
[1000] port des présages, lorsque je perçus un piaillement confus d'oiseaux en fureur,
un ramage inintelligible. Cependant, au vacarme de leurs ailes, je compris qu'ils
s'entre-déchiraient. Aussitôt, saisi de crainte, je voulus faire brûler une victime sur
l'autel : mais au lieu que la flamme s'élevât au-dessus des chairs, la graisse des cuisses,
en fondant sur la cendre, dégouttait, fumait et crépitait; le fiel s'en allait en vapeur et
l'humeur grasse coulait en laissant les os saillir à nu. D'après les indications que me
donnait cet enfant, je comprenais que les viscères consacrés se consumaient sans fournir
de présage. Car cet enfant me sert de guide, à moi qui guide les autres. Or je dis que la
cité souffre de ton fait. Nos autels, tous les foyers où l'on sacrifie, sont pleins de
lambeaux que les oiseaux et les chiens ont arrachés à la dépouille de l'infortuné fils
d'Oedipe. Les dieux n'agréent plus les prières des sacrifiants ni la flambée des cuisses
immolées, et les oiseaux ne font plus éclater des tris de bon augure, car ils ont dévoré le
sang coagulé d'un cadavre. Réfléchis, mon fils. Tout le monde est sujet à se tromper, et
l'on n'est point pour autant un insensé ni un malheureux, pourvu qu'on ne s'obstine pas
dans sa faute. Mais entêtement se condamne à maladresse. Allons, cède au mort, ne
persécute pas un cadavre. Un mort n'a pas besoin d'être tué deux fois. Je te parle pour
ton bien, car je te veux du bien. Il fait bon écouter la sagesse d'un ami, quand elle sert
nos intérêts.
CRÉON Ah! vieillard, tous, comme des archers, vous me prenez pour cible ! Il ne me
manquait plus que d'en passer par les devins. Tous mes proches m'ont déjà vendu,
expédié! Eh bien, thésaurisez, achetez l'alliage de Sardes et l'or de l'Inde : à votre
aise, mais vous n'ensevelirez pas ce mort. Jamais, pas même s'il prend fantaisie aux
aigles de Zeus d'en porter des lambeaux jusqu'au trône de leur maître, jamais je ne
tremblerai au point de laisser ensevelir cette chair souillée, car je sais que rien d'humain
n'a le pouvoir de souiller une divinité. La chute, vénérable Tirésias guette les plus
adroits, et ils en sont pour leur courte honte, lorsqu'ils mettent leur honteuse faconde au
service de leur cupidité.
TIRÉSIAS. Hélas ! est-il un homme pénétré de cette vérité.
CRÉON Eh bien, qu'y a-t-il ? Encore un lieu commun?
[1050] (Τειρεσίας)
ὅσῳ κράτιστον κτημάτων εὐβουλία;
(Κρέων)
ὅσῳπερ, οἶμαι, μὴ φρονεῖν πλείστη βλάβη.
(Τειρεσίας)
ταύτης σὺ μέντοι τῆς νόσου πλήρης ἔφυς.
(Κρέων)
οὐ βούλομαι τὸν μάντιν ἀντειπεῖν κακῶς.
(Τειρεσίας)
καὶ μὴν λέγεις, ψευδῆ με θεσπίζειν λέγων.
1055 (Κρέων)
τὸ μαντικὸν γὰρ πᾶν φιλάργυρον γένος.
(Τειρεσίας)
τὸ δἐκ τυράννων αἰσχροκέρδειαν φιλεῖ.
(Κρέων)
ἆροἶσθα ταγοὺς ὄντας ἃν λέγῃς λέγων;
(Τειρεσίας)
οἶδ᾽· ἐξ ἐμοῦ γὰρ τήνδἔχεις σώσας πόλιν.
(Κρέων)
σοφὸς σὺ μάντις, ἀλλὰ τἀδικεῖν φιλῶν.
1060 (Τειρεσίας)
ὄρσεις με τἀκίνητα διὰ φρενῶν φράσαι.
(Κρέων)
κίνει, μόνον δὲ μὴπὶ κέρδεσιν λέγων.
(Τειρεσίας)
οὕτω γὰρ ἤδη καὶ δοκῶ τὸ σὸν μέρος.
(Κρέων)
ὡς μὴμπολήσων ἴσθι τὴν ἐμὴν φρένα.
(Τειρεσίας)
ἀλλεὖ γέ τοι κάτισθι μὴ πολλοὺς ἔτι
1065 τρόχους ἁμιλλητῆρας ἡλίου τελεῖν,
ἐν οἷσι τῶν σῶν αὐτὸς ἐκ σπλάγχνων ἕνα
νέκυν νεκρῶν ἀμοιβὸν ἀντιδοὺς ἔσει,
ἀνθὧν ἔχεις μὲν τῶν ἄνω βαλὼν κάτω
ψυχήν τἀτίμως ἐν τάφῳ κατῴκισας,
1070 ἔχεις δὲ τῶν κάτωθεν ἐνθάδαὖ θεῶν
ἄμοιρον, ἀκτέριστον, ἀνόσιον νέκυν.
ὧν οὔτε σοὶ μέτεστιν οὔτε τοῖς ἄνω
θεοῖσιν, ἀλλἐκ σοῦ βιάζονται τάδε.
τούτων σε λωβητῆρες ὑστεροφθόροι
1075 λοχῶσιν Ἅιδου καὶ θεῶν Ἐρινύες,
ἐν τοῖσιν αὐτοῖς τοῖσδε ληφθῆναι κακοῖς.
καὶ ταῦτἄθρησον εἰ κατηργυρωμένος
λέγω· φανεῖ γὰρ οὐ μακροῦ χρόνου τριβὴ
ἀνδρῶν γυναικῶν σοῖς δόμοις κωκύματα.
1080 ἐχθραὶ δὲ πᾶσαι συνταράσσονται πόλεις,
ὅσων σπαράγματ κύνες καθήγνισαν
θῆρες τις πτηνὸς οἰωνός, φέρων
ἀνόσιον ὀσμὴν ἑστιοῦχον ἐς πόλιν.
τοιαῦτά σου, λυπεῖς γάρ, ὥστε τοξότης
1085 ἀφῆκα θυμῷ, καρδίας τοξεύματα
βέβαια, τῶν σὺ θάλπος οὐχ ὑπεκδραμεῖ.
παῖ, σὺ δἡμᾶς ἄπαγε πρὸς δόμους, ἵνα
τὸν θυμὸν οὗτος ἐς νεωτέρους ἀφῇ,
καὶ γνῷ τρέφειν τὴν γλῶσσαν ἡσυχαιτέραν
1090 τὸν νοῦν τἀμείνω τῶν φρενῶν νῦν φέρει.
(Χορός)
ἁνήρ, ἄναξ, βέβηκε δεινὰ θεσπίσας·
ἐπιστάμεσθα δ᾽, ἐξ ὅτου λευκὴν ἐγὼ
τήνδἐκ μελαίνης ἀμφιβάλλομαι τρίχα,
μή πώ ποταὐτὸν ψεῦδος ἐς πόλιν λακεῖν.
1095 (Κρέων)
ἔγνωκα καὐτὸς καὶ ταράσσομαι φρένας.
τό τεἰκαθεῖν γὰρ δεινόν, ἀντιστάντα δὲ
ἄτῃ πατάξαι θυμὸν ἐν δεινῷ πάρα.
(Χορός)
εὐβουλίας δεῖ, παῖ Μενοικέως, λαβεῖν.
(Κρέων)
τί δῆτα χρὴ δρᾶν; φράζε. πείσομαι δἐγώ.
[1050] TIRÉSIAS ... que la sagesse vaut tous les biens du monde ?
CRÉON. - Et non moins, je pense, que l'imprudence est la pire des pestes ?
TIRÉSIAS Tu es justement sujet à cette maladie-là.
CRÉON Je m'abstiendrai de rendre au devin ses injures.
TIRÉSIAS. Et cependant tu m'injuries, quand tu m'accuses de prédire des mensonges.
CRÉON. Que toute cette race devineresse aime donc l'argent !
TIRÉSIAS. Celle des rois ne dédaigne pas les plus honteux profits.
CRÉON. Oublies-tu que c'est de tes maîtres que tu parles ?
TIRÉSIAS. Je n'oublie rien : si tu règnes sur ce peuple après l'avoir sauvé, c'est bien
grâce à moi.
CRÉON Oh! tu es habile en ton art; seulement un peu trop enclin à nuire.
TIRÉSIAS. Tu feras tant que je ne retiendrai plus les secrets dont je suis dépositaire.
CRÉON. Eh, donne-leur l'essor, si du moins ce n'est pas l'intérêt qui t'inspire.
TIRÉSIAS. L'intérêt qui m'inspire aujourd'hui, il me semble que c'est le tien.
CRÉON. Sois-en bien averti : aucun marchandage ne me fera revenir sur mes décisions.
TIRÉSIAS. Soit. Je t'avertis donc à mon tour que plusieurs soleils n'accompliront pas
leur course que tu ne donnes à la mort un enfant de tes entrailles en expiation des
victimes dont tu as à répondre : en premier lieu, cette jeune vie que tu as soustraite à la
lumière du jour pour la murer indignement dans un cachot souterrain; en second
lieu, ce mort que tu retiens, lui, en peine à la surface de la terre, loin des dieux d'en bas,
privé des honneurs funèbres et des purifications. Tu n'as pas de droits sur eux ; ils ne
sont plus du ressort des divinités d'en haut; donc, tu leur fais violence. C'est pourquoi,
préparant sans hâte leur embuscade funeste, les Érinyes, exécutrices de la vindicte
infernale, t'impliqueront dans les malheurs mêmes que tu as provoqués. Examine
maintenant si l'appât du gain me dicte mes prophéties : je déclare que le moment est
proche où ta maison résonnera des cris rituels poussés sur des morts et des mortes. Déjà
des villes se soulèvent, où les chiens, les bêtes sauvages, les oiseaux, colportant
l'impure puanteur, ont consacré sur les autels domestiques des lambeaux décomposés.
J'ai dit. Tu m'as poussé à bout, je t'ai lancé mes traits d'une main sûre, dans l'amertume
de mon coeur, et tu n'échapperas pas à la douleur cuisante. Allons-nous-en, mon enfant,
reconduis-moi chez nous. Laissons-le passer sa fureur sur de plus jeunes. Qu'il apprenne
à faire entrer plus de sérénité dans son langage et plus de raison dans ses sentiments.
(Il sort.)
LE CORYPHÉE. Prince, le devin nous quitte sur des prédictions effrayantes. Or depuis le
temps de mes cheveux noirs qui sont blancs aujourd'hui de tout ce que sa voix nous
a prophétisé, je sais que rien n'a menti.
CRÉON. Je le sais aussi et mon esprit se trouble ... Il est terrible de céder; mais, si je
résiste, je m'expose aux plus terribles coups du sort.
LE CORYPHÉE. De la prudence, Créon, fils de Ménécée!
CRÉON. Que faire ? Donne-moi un conseil : je le suivrai.


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Dernière mise à jour : 1/06/2005