HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Sophocle, Antigone

Vers 900-999

  Vers 900-999

[900] ἐπεὶ θανόντας αὐτόχειρ ὑμᾶς ἐγὼ
ἔλουσα κἀκόσμησα κἀπιτυμβίους
χοὰς ἔδωκα. νῦν δέ Πολύνεικες, τὸ σὸν
δέμας περιστέλλουσα τοιάδἄρνυμαι.
καίτοι σἐγὼτίμησα τοῖς φρονοῦσιν εὖ.
905 οὐ γάρ ποτοὔτἄν, εἰ τέκνων μήτηρ ἔφυν,
οὔτεἰ πόσις μοι κατθανὼν ἐτήκετο,
βίᾳ πολιτῶν τόνδἂν ᾐρόμην πόνον.
τίνος νόμου δὴ ταῦτα πρὸς χάριν λέγω;
πόσις μὲν ἄν μοι κατθανόντος ἄλλος ἦν,
910 καὶ παῖς ἀπἄλλου φωτός, εἰ τοῦδἤμπλακον,
μητρὸς δἐν Ἅιδου καὶ πατρὸς κεκευθότοιν
οὐκ ἔστἀδελφὸς ὅστις ἂν βλάστοι ποτέ.
τοιῷδε μέντοι σἐκπροτιμήσασἐγὼ
νόμῳ Κρέοντι ταῦτἔδοξἁμαρτάνειν
915 καὶ δεινὰ τολμᾶν, κασίγνητον κάρα.
καὶ νῦν ἄγει με διὰ χερῶν οὕτω λαβὼν
ἄλεκτρον, ἀνυμέναιον, οὔτε του γάμου
μέρος λαχοῦσαν οὔτε παιδείου τροφῆς,
ἀλλὧδἔρημος πρὸς φίλων δύσμορος
920 ζῶσεἰς θανόντων ἔρχομαι κατασκαφάς.
ποίαν παρεξελθοῦσα δαιμόνων δίκην;
τί χρή με τὴν δύστηνον ἐς θεοὺς ἔτι
βλέπειν; τίναὐδᾶν ξυμμάχων; ἐπεί γε δὴ
τὴν δυσσέβειαν εὐσεβοῦσ᾽, ἐκτησάμην.
925 ἀλλεἰ μὲν οὖν τάδἐστὶν ἐν θεοῖς καλά,
παθόντες ἂν ξυγγνοῖμεν ἡμαρτηκότες·
εἰ δοἵδἁμαρτάνουσι, μὴ πλείω κακὰ
πάθοιεν καὶ δρῶσιν ἐκδίκως ἐμέ.
(Χορός)
ἔτι τῶν αὐτῶν ἀνέμων αὑταὶ
930 ψυχῆς ῥιπαὶ τήνδε γἔχουσιν.
(Κρέων)
τοιγὰρ τούτων τοῖσιν ἄγουσιν
κλαύμαθὑπάρξει βραδυτῆτος ὕπερ.
(Ἀντιγόνη)
οἴμοι, θανάτου τοῦτἐγγυτάτω
τοὔπος ἀφῖκται.
(Χορός)
935 θαρσεῖν οὐδὲν παραμυθοῦμαι
μὴ οὐ τάδε ταύτῃ κατακυροῦσθαι.
(Ἀντιγόνη)
γῆς Θήβης ἄστυ πατρῷον
καὶ θεοὶ προγενεῖς,
ἄγομαι δὴ κοὐκέτι μέλλω.
940 λεύσσετε, Θήβης οἱ κοιρανίδαι
τὴν βασιλειδᾶν μούνην λοιπήν,
οἷα πρὸς οἵων ἀνδρῶν πάσχω,
τὴν εὐσεβίαν σεβίσασα.
(Χορός)
ἔτλα καὶ Δανάας οὐράνιον φῶς
945 ἀλλάξαι δέμας ἐν χαλκοδέτοις αὐλαῖς·
κρυπτομένα δἐν τυμβήρει θαλάμῳ κατεζεύχθη·
καίτοι καὶ γενεᾷ τίμιος, παῖ παῖ,
[900] Quand vous êtes morts,
je vous ai lavés de mes mains, je vous ai parés, j'ai versé sur votre tombe les libations.
Et aujourd'hui, Polynice, pour avoir pris soin de ta dépouille, tu vois mon salaire. Pourtant
j'avais raison. Si j'étais mère et qu'il s'agît de mes enfants, ou si c'était mon mari qui fût
mort, je n'aurais pas violé la loi pour leur rendre ces devoirs. Quel raisonnement me
suis-je donc tenu? Je me suis dit que, veuve, je me remarierais et que, si je perdais mon
fils, mon second époux me rendrait mère à nouveau, mais un frère, maintenant que mes
parents ne sont plus sur la terre, je n'ai plus d'espoir qu'il m'en naisse un autre. Je
n'ai pas considéré autre chose quand je t'ai honorée particulièrement, ô chère tête
fraternelle! Cependant Créon prononce que j'ai commis un crime d'une audace
effroyable. Il me fait arrêter, il m'emmène, il me prive de mon fiancé, de mes noces, de
ma part d'épouse et de mère; sans amis, seule en mon infortune, je descends vivante au
caveau des morts : quel décret divin ai-je donc violé? Mais à quoi bon, hélas! lever
encore mes regards vers les dieux? Qui appellerais-je au secours, quand ma piété ne m'a
valu que le renom d'impie ? Si les dieux trouvent bon qu'on m'ait traitée de la sorte,
alors, au milieu de mon supplice, je confesserai que j'étais criminelle; mais si le crime
est de l'autre côté, puissent mes persécuteurs n'avoir point à souffrir plus de maux qu'ils
ne m'en font souffrir injustement!
LE CORYPHÉE. Toujours le même souffle de passion la secoue.
CRÉON. Attention ! les gardes pourraient pâtir de leur lenteur...
ANTIGONE. Ah! voilà qui m'annonce ma mort toute proche!
CRÉON. N'espère pas en être quitte pour la peur.
ANTIGONE. Capitale du pays thébain, cité de mon père et vous, dieux, mes ancêtres,
c'en est fait; on m'emmène. Regardez, notables de Thèbes, la dernière de vos
princesses. Voyez quel traitement je subis et du fait de quelles gens! à cause de ma piété.
(On l'emmène.)
CHANT DU CHŒUR
De Danaé aussi ce fut le sort
d'échanger la clarté du ciel
contre la nuit d'une prison d'airain :
ensevelie en sa chambre tombale,
elle a subi le joug. Cependant, elle aussi
était d'illustre race, ô mon enfant !
[950] καὶ Ζηνὸς ταμιεύεσκε γονὰς χρυσορύτους.
ἀλλ μοιριδία τις δύνασις δεινά·
οὔτἄν νιν ὄλβος οὔτἌρης, οὐ πύργος, οὐχ ἁλίκτυποι
κελαιναὶ νᾶες ἐκφύγοιεν.
955 ζεύχθη δὀξύχολος παῖς Δρύαντος,
Ἠδωνῶν βασιλεύς, κερτομίοις ὀργαῖς
ἐκ Διονύσου πετρώδει κατάφαρκτος ἐν δεσμῷ.
οὕτω τᾶς μανίας δεινὸν ἀποστάζει
960 ἀνθηρόν τε μένος. κεῖνος ἐπέγνω μανίαις
ψαύων τὸν θεὸν ἐν κερτομίοις γλώσσαις.
παύεσκε μὲν γὰρ ἐνθέους γυναῖκας εὔιόν τε πῦρ,
965 φιλαύλους τἠρέθιζε Μούσας.
παρὰ δὲ κυανεᾶν πελάγει διδύμας ἁλὸς
ἀκταὶ Βοσπόριαι ἥδ Θρῃκῶν ἄξενος
970 Σαλμυδησσός, ἵνἀγχίπτολις Ἄρης
δισσοῖσι Φινείδαις
εἶδεν ἀρατὸν ἕλκος
τυφλωθὲν ἐξ ἀγρίας δάμαρτος
ἀλαὸν ἀλαστόροισιν ὀμμάτων κύκλοις
975 ἀραχθέντων, ὑφαἱματηραῖς
χείρεσσι καὶ κερκίδων ἀκμαῖσιν.
κατὰ δὲ τακόμενοι μέλεοι μελέαν πάθαν
980 κλαῖον, ματρὸς ἔχοντες ἀνύμφευτον γονάν·
δὲ σπέρμα μὲν ἀρχαιογόνων
ἄντασἘρεχθειδᾶν,
τηλεπόροις δἐν ἄντροις
τράφη θυέλλαισιν ἐν πατρῴαις
985 Βορεὰς ἅμιππος ὀρθόποδος ὑπὲρ πάγου
θεῶν παῖς. ἀλλὰ κἀπἐκείνᾳ
Μοῖραι μακραίωνες ἔσχον, παῖ.
(Τειρεσίας)
Θήβης ἄνακτες, ἥκομεν κοινὴν ὁδὸν
δύἐξ ἑνὸς βλέποντε· τοῖς τυφλοῖσι γὰρ
990 αὕτη κέλευθος ἐκ προηγητοῦ πέλει.
(Κρέων)
τί δἔστιν, γεραιὲ Τειρεσία, νέον;
(Τειρεσίας)
ἐγὼ διδάξω, καὶ σὺ τῷ μάντει πιθοῦ.
(Κρέων)
οὔκουν πάρος γε σῆς ἀπεστάτουν φρενός.
(Τειρεσίας)
τοιγὰρ διὀρθῆς τήνδἐναυκλήρεις πόλιν.
995 (Κρέων)
ἔχω πεπονθὼς μαρτυρεῖν ὀνήσιμα.
(Τειρεσίας)
φρόνει βεβὼς αὖ νῦν ἐπὶ ξυροῦ τύχης.
(Κρέων)
τί δἔστιν; ὡς ἐγὼ τὸ σὸν φρίσσω στόμα.
(Τειρεσίας)
γνώσει, τέχνης σημεῖα τῆς ἐμῆς κλύων.
εἰς γὰρ παλαιὸν θᾶκον ὀρνιθοσκόπον
[950] et elle choyait dans son sein la pluie de Zeus, les germes d'or ...
Mais la puissance du destin est une terrible puissance :
ni la prospérité, ni Arès, ni les tours,
ni les vaisseaux fouettés des vagues ne l'évitent.
Au joug encor, le fils trop bouillant de Dryas,
le roi des Edoniens ! Cet insolent, ce fou,
Dionysos le rive aux pierres d'un cachot :
ainsi s'épuise goutte à goutte cette audace
incroyable, captée au vif de sa fureur.
L'insensé (il le voit maintenant) qui blessait
le dieu de sa langue insolente, se vantant
d'éteindre l'ardeur des ménades
et le feu des torches mystiques,
et provoquant les Soeurs musiciennes!
En revenant des Rochers Noirs, on trouve, entre deux mers jumelles,
les promontoires du Bosphore et la sinistre Salmydesse :
c'est là qu'Arès en Thrace révéré
a vu les deux fils de Phinée
déchirés d'une plaie atroce :
leur marâtre cruelle et qu'un dieu excitait
avait percé les globes de leurs yeux,
sans autre glaive que ses doigts ensanglantés,
et la pointe de ses navettes !
Les malheureux, se consumant dans la douleur,
pleuraient sur le destin qui les avait fait naître
d'une indésirable union.
Et pourtant leur mère tenait
aux antiques Erechthéides,
et, parmi les rocs solitaires
nourrie au milieu des orages,
l'enfant des dieux, la fille de Borée,
galopait avec les chevaux dans les gorges de la montagne.
Tu vois qu'elle aussi fut la proie
des vieilles Parques éternelles, mon enfant!
CINQUIÈME ÉPISODE
(Entre Tirésias, guidé par un petit garçon.)
TIRÉSIAS. Notables de Thèbes, me voici avec mon guide; il a des yeux pour nous
deux, car l'aveugle ne pourrait marcher autrement.
CRÉON. Qu'y a-t-il de nouveau, vénérable Tirésias ?
TIRÉSIAS. Je te l'apprendrai, mais il faut écouter le devin.
CRÉON. Je ne me suis jamais écarté de tes avis.
TIRÉSIAS. Aussi as-tu gouverné dans la bonne direction.
CRÉON. Je reconnais hautement tes bons offices.
TIRÉSIAS. Sache donc que tu frôles, cette fois encore, le tranchant de la fortune (63).
CRÉON. Qu'y a-t-il? Je frissonne à tes paroles.
TIRÉSIAS. Écoute ce que mon art m'a révélé. J'avais pris place sur l'antique siège augural,


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Dernière mise à jour : 1/06/2005