[2,8] ηʹ
περὶ ἀληθοῦς καὶ ἀληθείας.
Εἰ μέντοι καὶ δοίημεν καθ´ ὑπόθεσιν εἶναί τι τῆς ἀληθείας κριτήριον,
ἄχρηστον εὑρίσκεται καὶ μάταιον, ἐὰν ὑπομνήσωμεν ὅτι, ὅσον ἐπὶ τοῖς
λεγομένοις ὑπὸ τῶν δογματικῶν, ἀνύπαρκτος μέν ἐστιν ἡ ἀλήθεια, ἀνυπόστατον
δὲ τὸ ἀληθές. Ὑπομιμνῄσκομεν δὲ οὕτως.
Λέγεται διαφέρειν τῆς ἀληθείας τὸ ἀληθὲς τριχῶς, οὐσίᾳ συστάσει δυνάμει·
οὐσίᾳ μέν, ἐπεὶ τὸ μὲν ἀληθὲς ἀσώματόν ἐστιν (ἀξίωμα γάρ ἐστι καὶ λεκτόν),
ἡ δὲ ἀλήθεια σῶμα (ἔστι γὰρ ἐπιστήμη πάντων ἀληθῶν ἀποφαντική, ἡ δὲ
ἐπιστήμη πὼς ἔχον ἡγεμονικὸν ὥσπερ καὶ ἡ πὼς ἔχουσα χεὶρ πυγμή, τὸ δὲ
ἡγεμονικὸν σῶμα· ἔστι γὰρ κατ´ αὐτοὺς πνεῦμα)·
συστάσει δέ, ἐπεὶ τὸ μὲν ἀληθὲς ἁπλοῦν τί ἐστιν, οἷον « ἐγὼ διαλέγομαι »,
ἡ δὲ ἀλήθεια ἀπὸ πολλῶν ἀληθῶν γνώσεων συνίσταται· δυνάμει δέ, ἐπεὶ ἡ μὲν
ἀλήθεια ἐπιστήμης ἔχεται, τὸ δὲ ἀληθὲς οὐ πάντως. Διόπερ τὴν μὲν ἀλήθειαν
ἐν μόνῳ σπουδαίῳ φασὶν εἶναι, τὸ δὲ ἀληθὲς καὶ ἐν φαύλῳ· ἐνδέχεται γὰρ τὸν
φαῦλον ἀληθές τι εἰπεῖν.
Ταῦτα μὲν οἱ δογματικοί. Ἡμεῖς δὲ πάλιν τῆς κατὰ τὴν συγγραφὴν προαιρέσεως
στοχαζόμενοι πρὸς μόνον τὸ ἀληθὲς νῦν τοὺς λόγους ποιησόμεθα, ἐπεὶ
συμπεριγράφεται τούτῳ καὶ ἡ ἀλήθεια, σύστημα τῆς τῶν ἀληθῶν γνώσεως εἶναι
λεγομένη. Πάλιν δέ, ἐπεὶ τῶν λόγων οἱ μέν εἰσι καθολικώτεροι, δι´ ὧν αὐτὴν
τὴν ὑπόστασιν τοῦ ἀληθοῦς κινοῦμεν, οἱ δὲ εἰδικοί, δι´ ὧν δείκνυμεν, ὅτι
οὐκ ἔστιν ἐν φωνῇ τὸ ἀληθὲς ἢ ἐν λεκτῷ ἢ ἐν τῇ κινήσει τῆς διανοίας, τοὺς
καθολικωτέρους ἐκθέσθαι μόνους ὡς πρὸς τὸ παρὸν ἀρκεῖν ἡγούμεθα. Ὥσπερ γὰρ
τείχους θεμελίῳ κατενεχθέντι καὶ τὰ ὑπερκείμενα πάντα συγκαταφέρεται, οὕτω
τῇ τοῦ ἀληθοῦς ὑποστάσει διατρεπομένῃ καὶ αἱ κατὰ μέρος τῶν δογματικῶν
εὑρεσιλογίαι συμπεριγράφονται.
| [2,8] Chap. VIII. Du Vrai et de la Vérité.
Quand nous accorderions par supposition qu'il y a quelque règle de vérité, il se trouvera
qu'elle sera inutile et vaine, si nous montrons par les dogmatiques eux-mêmes, que la Vérité
n'existe point, et que le Vrai ne peut subsister. Voici comme nous montrons cela.
On dit que le Vrai est différent de la Vérité en trois manières, par sa substance, par sa
constitution et par sa puissance. Par sa substance parce que le vrai est incorporel, le Vrai
n'étant ou qu'une énonciation proprement dite, ou que quelque dit en général ; mais la Vérité
est un corps, étant une science par laquelle on prononce ou on énonce tout ce qui est vrai.
Car la science est l'âme elle même disposée d'une certaine manière, comme le poing est
une certaine disposition de la main : mais l'âme est un corps, ou un souffle léger et subtil
selon les dogmatiques.
On dit que le Vrai est différent de la Vérité par sa constitution, parce que le Vrai est
quelque chose de simple; comme, je dispute: mais la Vérité consiste dans la connaissance
de plusieurs choses vraies. On dit que le Vrai est différent de la Vérité en puissance ou en
vertu, parce que la Vérité est accompagnée nécessairement de science, ce qui n'est pas
nécessaire pour le Vrai. D'où vient que les dogmatiques disent que la Vérité ne se trouve
que dans le sage, et que le Vrai se trouve dans le fou : car il peut arriver qu'un fou dise
quelque chose de vrai.
Voilà ce que disent les dogmatiques. Mais nous, eu égard au dessein que nous nous
sommes proposé d'être courts, nous ne parlerons que du Vrai : parce que le Vrai renferme
ou suppose la Vérité, qui est un amas de connaissances ou de choses vraies. Derechef,
comme il y a des raisons générales par lesquelles nous attaquons l'existence du Vrai, et des
raisons particulières, par lesquelles nous prouvons que le Vrai n'existe pas dans le discours
extérieur, ni dans l'idée ou la notion de l'entendement, nous nous contenterons d'expliquer
pour le présent les raisons les plus générales. Car, comme le fondement d'un mur étant
ruiné, tout ce qui était appuyé dessus est renversé ; de même aussi en renversant l'opinion
de l'existence du Vrai, toutes les subtiles inventions des dogmatiques se trouveront
enveloppées dans cette réfutation.
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