[2,7] ζʹ
Περὶ τοῦ καθ´ ὅ.
Ἴδωμεν οὖν ἑξῆς περὶ τοῦ κριτηρίου καθ´ ὃ κρίνεσθαι λέγουσι τὰ πράγματα.
Πρῶτον τοίνυν ἐκεῖνο ἔστιν εἰπεῖν περὶ αὐτοῦ, ὅτι ...... ἀνεπινόητός
ἐστιν ἡ φαντασία. Λέγουσι γὰρ φαντασίαν εἶναι τύπωσιν ἐν ἡγεμονικῷ. Ἐπεὶ
οὖν ἡ ψυχὴ καὶ τὸ ἡγεμονικὸν πνεῦμά ἐστιν ἢ λεπτομερέστερόν τι πνεύματος,
ὡς φασίν, οὐ δυνήσεταί τις τύπωσιν ἐπινοεῖν ἐν αὐτῷ οὔτε κατ´ εἰσοχὴν καὶ
ἐξοχήν, ὡς ἐπὶ τῶν σφραγίδων ὁρῶμεν, οὔτε κατὰ τὴν τερατολογουμένην
ἑτεροιωτικήν· οὐ γὰρ ἂν μνήμην τοσούτων ἀναδέξαιτο θεωρημάτων ὅσα
συνίστησι τέχνην, ἐν ταῖς ἐπιγινομέναις ἑτεροιώσεσι τῶν προϋποκειμένων
ἀπαλειφομένων. Εἰ μέντοι καὶ ἐπινοηθῆναι δύναιτο ἡ φαντασία, ἀκατάληπτος
ἔσται· ἐπεὶ γὰρ πάθος ἐστὶν ἡγεμονικοῦ, τὸ δὲ ἡγεμονικὸν οὐ
καταλαμβάνεται, ὡς ἐδείξαμεν, οὐδὲ τὸ πάθος αὐτοῦ καταληψόμεθα.
Εἶτα εἰ καὶ δοίημεν, ὅτι καταλαμβάνεται ἡ φαντασία, οὐ δύναται κρίνεσθαι
{καὶ} κατ´ αὐτὴν τὰ πράγματα· οὐ γὰρ δι´ ἑαυτῆς ἐπιβάλλει τοῖς ἐκτὸς καὶ
δι´ αὐτῆς φαντασιοῦται ἡ διάνοια, ὡς φασίν, ἀλλὰ διὰ τῶν αἰσθήσεων, αἱ
δὲ αἰσθήσεις τὰ μὲν ἐκτὸς ὑποκείμενα οὐ καταλαμβάνουσιν, μόνα δέ, εἰ ἄρα,
τὰ ἑαυτῶν πάθη. Καὶ ἡ φαντασία οὖν τοῦ πάθους τῆς αἰσθήσεως ἔσται, ὅπερ
διαφέρει τοῦ ἐκτὸς ὑποκειμένου· οὐ γὰρ τὸ αὐτό ἐστι τὸ μέλι τῷ γλυκάζεσθαί
με καὶ τὸ ἀψίνθιον τῷ πικράζεσθαι, ἀλλὰ διαφέρει. Εἰ δὲ διαφέρει τοῦτο τὸ
πάθος τοῦ ἐκτὸς ὑποκειμένου, ἡ φαντασία ἔσται οὐχὶ τοῦ ἐκτὸς ὑποκειμένου,
ἀλλ´ ἑτέρου τινὸς διαφέροντος αὐτοῦ. Εἰ οὖν κατὰ ταύτην κρίνει ἡ διάνοια,
φαύλως κρίνει καὶ οὐ κατὰ τὸ ὑποκείμενον. Διόπερ ἄτοπόν ἐστι τὸ κατὰ τὴν
φαντασίαν τὰ ἐκτὸς κρίνεσθαι λέγειν. Ἀλλ´ οὐδὲ τοῦτο ἔστιν εἰπεῖν, ὅτι ἡ
ψυχὴ καταλαμβάνει διὰ τῶν αἰσθητικῶν παθῶν τὰ ἐκτὸς ὑποκείμενα, διὰ τὸ
ὅμοια τὰ πάθη τῶν αἰσθήσεων εἶναι τοῖς ἐκτὸς ὑποκειμένοις. Πόθεν γὰρ
εἴσεται ἡ διάνοια, εἰ ὅμοιά ἐστι τὰ πάθη τῶν αἰσθήσεων τοῖς αἰσθητοῖς,
μήτε αὐτὴ τοῖς ἐκτὸς ἐντυγχάνουσα, μήτε τῶν αἰσθήσεων αὐτῇ τὴν φύσιν αὐτῶν
δηλουσῶν ἀλλὰ τὰ ἑαυτῶν πάθη, καθάπερ ἐκ τῶν τρόπων τῆς ἐποχῆς
ἐπελογισάμην. Ὥσπερ γὰρ ὁ ἀγνοῶν μὲν Σωκράτην, εἰκόνα δὲ τούτου θεασάμενος
οὐκ οἶδεν, εἰ ὁμοία ἐστὶν ἡ εἰκὼν τῷ Σωκράτει, οὕτω καὶ ἡ διάνοια τὰ μὲν
πάθη τῶν αἰσθήσεων ἐποπτεύουσα, τὰ δὲ ἐκτὸς μὴ θεωροῦσα, οὐδὲ εἰ ὅμοιά
ἐστι τὰ τῶν αἰσθήσεων πάθη τοῖς ἐκτὸς ὑποκειμένοις εἴσεται. Οὐδὲ καθ´
ὁμοίωσιν ἄρα δυνήσεται ταῦτα κρίνειν κατὰ τὴν φαντασίαν.
Ἀλλὰ δῶμεν κατὰ συγχώρησιν, πρὸς τῷ ἐπινοεῖσθαι τὴν φαντασίαν καὶ
καταλαμβάνεσθαι, ἔτι καὶ ἐπιδεκτικὴν εἶναι τοῦ κρίνεσθαι κατ´ αὐτὴν τὰ
πράγματα, καίτοι τοῦ λόγου πᾶν τὸ ἐναντίον ὑπομνήσαντος. Οὐκοῦν ἤτοι πάσῃ
φαντασίᾳ πιστεύσομεν καὶ κατ´ αὐτὴν ἐπικρινοῦμεν, ἤ τινι. Ἀλλ´ εἰ μὲν
πάσῃ, δῆλον ὅτι καὶ τῇ Ξενιάδου φαντασίᾳ πιστεύσομεν, καθ´ ἣν ἔλεγε πάσας
τὰς φαντασίας ἀπίστους εἶναι, καὶ περιτραπήσεται ὁ λόγος εἰς τὸ μὴ εἶναι
πάσας τὰς φαντασίας ὥστε καὶ κατ´ αὐτὰς κρίνεσθαι δύνασθαι τὰ πράγματα.
Εἰ δέ τισιν, πῶς ἐπικρινοῦμεν ὅτι ταῖσδε μὲν ταῖς φαντασίαις πιστεύειν
προσήκει, ταῖσδε δὲ ἀπιστεῖν; Εἰ μὲν γὰρ ἄνευ φαντασίας, δώσουσιν, ὅτι
παρέλκει ἡ φαντασία πρὸς τὸ κρίνειν, εἴγε χωρὶς αὐτῆς κρίνεσθαι δύνασθαι
{τὰ} πράγματά τινα λέξουσιν· εἰ δὲ μετὰ φαντασίας, πῶς λήψονται τὴν
φαντασίαν, ἣν παραλαμβάνουσι πρὸς τὴν τῶν ἄλλων φαντασιῶν κρίσιν; Ἢ πάλιν
αὐτοῖς ἄλλης φαντασίας δεήσει πρὸς τὴν κρίσιν τῆς ἑτέρας φαντασίας, καὶ
εἰς τὴν ἐκείνης κρίσιν ἄλλης, καὶ εἰς ἄπειρον. Ἀδύνατον δὲ ἄπειρα
ἐπικρῖναι· ἀδύνατον ἄρα εὑρεῖν, ποίαις μὲν φαντασίαις ὡς κριτηρίοις δεῖ
χρῆσθαι, ποίαις δὲ οὐδαμῶς.
Ἐπεὶ οὖν, κἂν δῶμεν ὅτι κατὰ τὰς φαντασίας δεῖ κρίνειν τὰ πράγματα,
ἑκατέρωθεν περιτρέπεται ὁ λόγος, καὶ ἐκ τοῦ πᾶσι πιστεύειν καὶ ἐκ τοῦ τισὶ
μὲν πιστεύειν ὡς κριτηρίοις, τισὶ δὲ ἀπιστεῖν, συνάγεται τὸ μὴ δεῖν τὰς
φαντασίας πρὸς τὴν κρίσιν τῶν πραγμάτων ὡς κριτήρια παραλαμβάνειν.
Ταῦτα μὲν ἀρκεῖ νῦν εἰπεῖν ὡς ἐν ὑποτυπώσει καὶ πρὸς τὸ κριτήριον καθ´ ὃ
κρίνεσθαι τὰ πράγματα ἐλέγετο. Εἰδέναι δὲ χρή, ὅτι οὐ πρόκειται ἡμῖν
ἀποφήνασθαι, ὅτι ἀνύπαρκτόν ἐστι τὸ κριτήριον {τὸ} τῆς ἀληθείας (τοῦτο γὰρ
δογματικόν)· ἀλλ´ ἐπεὶ οἱ δογματικοὶ πιθανῶς δοκοῦσι κατεσκευακέναι, ὅτι
ἔστι τι κριτήριον ἀληθείας, ἡμεῖς αὐτοῖς πιθανοὺς δοκοῦντας εἶναι λόγους
ἀντεθήκαμεν, οὔτε ὅτι ἀληθεῖς εἰσι διαβεβαιούμενοι οὔτε ὅτι πιθανώτεροι
τῶν ἐναντίων, ἀλλὰ διὰ τὴν φαινομένην ἴσην πιθανότητα τούτων τε τῶν λόγων
καὶ τῶν παρὰ τοῖς δογματικοῖς κειμένων τὴν ἐποχὴν συνάγοντες.
| [2,7] Chap. VII. Du Critérium secundum quod, c'est-à-dire, de l'exemplaire suivant lequel on
doit juger des choses.
Examinons maintenant l'exemplaire suivant lequel on prétend que l'on juge des choses.
Voici d'abord ce que nous en pouvons dire: c'est que nous ne pouvons pas avoir une
connaissance même légère et imparfaite de l'évidence, que quelques dogmatiques disent
être cet exemplaire. Les stoïciens disent que l'évidence est une impression dans la partie
principale de l'âme. Comme donc l'âme et la principale partie de l'âme sont, selon eux, une
espèce de souffle ou de respiration légère, ou quelque chose de plus subtil que ce souffle ou
que cette espèce d'air, on ne saurait s'imaginer qu'elle puisse être capable de recevoir
aucune impression fait par l'enfoncement, fait par l'élévation des parties, ou par une certaine
vertu altératrice qu'ils ont monstrueusement inventée. Car, si cela était, l'âme ne pourrait pas
conserver la mémoire de tant de préceptes qui composent une science ou un art, lorsque de
nouvelles altérations survenant, les premières seraient effacées par les secondes.
Mais, encore que l'on pût avoir quelque notion de l'évidence, elle serait néanmoins
incompréhensible. Car l'évidence étant une passion ou une impression passive dans la
principale partie de l'âme, et cette principauté de l'âme étant incompréhensible, comme nous
l'avons fait voir, nous ne comprendrons pas non plus cet état passif. Ensuite quand nous
accorderions que l'évidence est compréhensible, il ne s'ensuit pas que nous puissions juger
des choses par son moyen. Car l'âme ne s'applique pas par elle même aux objets de
dehors, et elle ne conçoit pas les images des choses, par elle même, mais par les sens; et
les sens ne conçoivent peut-être pas les objets extérieurs, mais seulement leurs propres
perceptions passives. Ainsi l'imagination sera seulement conforme à la perception passive
des sens, laquelle passion est différente de l'objet extérieur. Car le miel n'est pas la même
chose que la perception de douceur que j'ai en mangeant du miel : et l'absinthe est toute
différente de la perception d'amertume que ce breuvage me cause. Or si la perception
passive est différente de l'objet extérieur, l'imagination frappée ne sera pas une
représentation de cet objet, mais de quelque chose qui en sera toute différente. Si donc
l'entendement juge sur cette représentation, il jugera mal, et non conformément à l'objet réel
qui est présent aux sens. C'est pourquoi il est absurde de dire que l'on puisse juger des
objets de dehors, sur le rapport de l'évidence qui est l'impression de l'âme. Car d'où est-ce
que l'entendement saura si les perceptions passives des sens sont semblables aux choses
qui s'aperçoivent par les sens, n'ayant par lui-même aucun commerce avec les choses de
dehors, et les sens ne lui représentant point la nature de ces choses, mais seulement leurs
propres perceptions à eux-mêmes, comme on le peut voir par ce que nous avons dit en
parlant des moyens de l'Époque, au quatrième moyen ? Car comme celui qui ne connaît
point Socrate, mais qui a vu son portrait, ne sait pas si cette image ressemble à Socrate ;
ainsi l'entendement considérant les perceptions des sens, mais ne voyant pas les objets de
dehors, ne pourra pas savoir si les passions des sens sont semblables à ces objets ; et par
conséquent il ne pourra pas juger de ces objets sur le rapport de la faculté compréhensive
de l'âme, non pas même par voie de ressemblance.
Donnons néanmoins par concession non seulement, que nous puissions nous imaginer
et comprendre ce que c'est que l'imagination convaincue par l'évidence, mais encore, quelle
est capable de juger des choses; (quoique nous ayons fait voir le contraire:) il s'ensuivra de
là qu'il faudra ajouter foi à quelque imagination que ce fait, et aussi par conséquent à celle,
suivant laquelle quelqu'un assurera que toutes les imaginations sont indignes que l'on y
ajoute foi. Mais par là on s'exposera à cette rétorsion, qui consistera à dire, que toutes les
imaginations, évidentes tant qu'il vous plaira, ne méritent pas tellement d'être crues, que l'on
puisse juger des choses suivant leur rapport.
Que si l'on doit ajouter foi seulement à quelques imaginations évidentes, comment
connaîtrons nous que l'on doit ajouter foi à celles ci, et non pas à celles là ? Car si on juge
de cette difficulté sans le secours de l'imagination, on accordera tacitement, que cette faculté
compréhensive est superflue pour juger des choses ; puisque l'on avouera que l'on peut
juger de quelques choses sans son aide. Mais si on doit juger des choses avec le secours de
la faculté compréhensive, comment prendrons nous une faculté compréhensive particulière,
qui n'est ni jugée, ni prouvée, pour nous servir à juger des autres facultés compréhensives ?
Il faudra que ceux qui en agiront ainsi, se servent d'une imagination pour juger des autres, et
puis d'une seconde imagination pour juger de cette première, et ainsi de suite jusqu'à l'infini.
Mais on ne peut pas juger de cette enchaînure infinie de preuves. On ne peut donc trouver
en aucune manière quelles sont les facilités compréhensives, que l'on doit employer comme
des règles de vérité, et quelles sont celles dont on ne doit point se servir.
En un mot, si nous accordons que l'on doit juger des choses selon le rapport des
fantaisies ou des imaginations, nous rétorquerons toujours ; et soit que l'on veuille que l'on
ajoute foi à toutes, du bien à quelques unes seulement, et non pas à d'autres, nous en
conclurons toujours que l'on ne doit pas prendre les imaginations compréhensives comme
règles de vérité pour juger des choses.
En voilà allez pour ce court traité sur le Critérium secundum quod, ou sur la règle du vrai
et du faux, suivant laquelle on prétend que l'on doit juger des choses. Au reste il faut savoir
que nous ne prétendons pas prouver qu'il n'y a aucune règle de vérité, (car ce serait là une
assertion dogmatique) mais, parce que les dogmatiques assurent sur des raisons qui ne sont
que probables, qu'il y a quelque règle de vérité, nous leur avons opposé des raisons
probables. Nous ne voulons pas assurer néanmoins que nos raisons soient vraies, ou plus
probables que celles qui leur sont contraires ; mais à cause de leur probabilité, qui nous
paraît être égale à celle des raisons que les dogmatiques établissent, nous concluons que
nous devons nous abstenir de prendre parti, et de juger.
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