[2,3] γʹ
Περὶ κριτηρίου.
ἐκεῖνο προειπόντες, ὅτι κριτήριον μὲν λέγεται τό τε ᾧ κρίνεσθαί φασιν
ὕπαρξιν καὶ ἀνυπαρξίαν καὶ τὸ ᾧ προσέχοντες βιοῦμεν, πρόκειται δὲ ἡμῖν νῦν
περὶ τοῦ κριτηρίου τῆς ἀληθείας εἶναι λεγομένου διαλαβεῖν· περὶ γὰρ τοῦ
κατὰ τὸ ἕτερον σημαινόμενον ἐν τῷ περὶ τῆς
σκέψεως λόγῳ διεξήλθομεν.
Τὸ κριτήριον τοίνυν περὶ οὗ ὁ λόγος ἐστὶν λέγεται τριχῶς, κοινῶς ἰδίως
ἰδιαίτατα, κοινῶς μὲν πᾶν μέτρον καταλήψεως, καθ´ ὃ σημαινόμενον καὶ τὰ
φυσικὰ οὕτω προσαγορεύεται κριτήρια, ὡς ὅρασις· ἰδίως δὲ πᾶν μέτρον
καταλήψεως τεχνικὸν ὡς κανὼν καὶ διαβήτης· ἰδιαίτατα δὲ πᾶν μέτρον
καταλήψεως ἀδήλου πράγματος, καθ´ ὃ τὰ μὲν βιωτικὰ οὐ λέγεται κριτήρια,
μόνα δὲ τὰ λογικὰ καὶ ἅπερ οἱ δογματικοὶ φέρουσι πρὸς τὴν τῆς ἀληθείας
κρίσιν.
Φαμὲν οὖν προηγουμένως περὶ τοῦ λογικοῦ κριτηρίου διεξιέναι. Ἀλλὰ καὶ τὸ
λογικὸν κριτήριον λέγοιτ´ ἂν τριχῶς, τὸ ὑφ´ οὗ καὶ τὸ δι´ οὗ καὶ τὸ καθ´
ὅ, οἷον ὑφ´ οὗ μὲν ἄνθρωπος, δι´ οὗ δὲ ἤτοι αἴσθησις ἢ διάνοια, καθ´ ὃ δὲ
ἡ προσβολὴ τῆς φαντασίας, καθ´ ἣν ὁ ἄνθρωπος ἐπιβάλλει κρίνειν διά τινος
τῶν προειρημένων.
Ταῦτα μὲν οὖν ἁρμόζον ἦν ἴσως προειπεῖν, ἵνα ἐννοήσωμεν, περὶ οὗ ἡμῖν
ἐστιν ὁ λόγος· λοιπὸν δὲ ἐπὶ τὴν ἀντίρρησιν χωρῶμεν τὴν πρὸς τοὺς λέγοντας
προπετῶς κατειληφέναι τὸ κριτήριον τῆς ἀληθείας, ἀπὸ τῆς διαφωνίας
ἀρξάμενοι.
| [2,3] Chap. III. Du Critérium, c'est-à-dire, de la règle du vrai et du faux.
Il faut savoir avant toutes choses que l'on appelle Critérium, ou bien ce par quoi
quelques uns prétendent que l'on juge si une chose est, ou n'est pas ; ou bien ce qui est la
règle de notre conduite dans la vie. Mon dessein est pour le présent de traiter de ce qu'on
appelle la règle du vrai et du faux : car à l'égard du Critérium pris dans la seconde
signification, j'en ai parlé assez dans le premier livre, où j'ai traité de la sceptique en général.
Le Critérium, dont il s'agit ici, se peut entendre de trois manières. D'une manière
commune, d'une manière particulière, et d'une manière très particulière. Il se prend
communément pour toute mesure de compréhension ; et suivant cette signification les
facultés naturelles sont des régles, ou des mesures de compréhension, ou de perception, Il
se prend particulièrement, pour toute mesure artificielle de compréhension ; comme sont une
règle, un compas. Il se prend très particulièrement pour toute mesure artificielle qui sert à
comprendre une chose obscure ; suivant laquelle signification l'on n'appelle point règles de
vérité, les choses qui appartiennent à la conduite de la vie commune, mais seulement celles
qui appartiennent à la raison ou à la Logique, et que les dogmatiques nous donnent comme
des règles pour discerner la vérité.
J'entreprends donc de discourir ici principalement de cette règle logique ou rationnelle
du vrai et du faux. Or à l'égard de cette règle des jugements, on peut considérer trois choses
: le juge, l'instrument dont on prétend se servir pour juger; et l'exemplaire sur lequel on veut
juger. Le juge, qui est l'homme; l'instrument, qui est l'entendement ou les sens ; et
l'exemplaire, qui est l'idée, l'imagination, ou la faculté compréhensive de l'âme, sur le modèle
de laquelle Idée, l'homme entreprend de juger par l'entendement ou par les sens, comme
nous avons dit.
Voilà ce que nous avons jugé à propos d'expliquer avant toutes choses, afin que l'on
connaisse de quoi il est question. Il nous reste maintenant de passer à la réfutation de ceux
qui disent témérairement qu'ils possèdent une règle de vérité. Commençons par la vérité.
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