[2,10] ιʹ
Περὶ σημείου.
Τῶν πραγμάτων τοίνυν κατὰ τοὺς δογματικοὺς τὰ μέν ἐστι πρόδηλα, τὰ δὲ
ἄδηλα, καὶ τῶν ἀδήλων τὰ μὲν καθάπαξ ἄδηλα, τὰ δὲ πρὸς καιρὸν ἄδηλα, τὰ δὲ
φύσει ἄδηλα. Καὶ πρόδηλα μὲν εἶναί φασι τὰ ἐξ ἑαυτῶν εἰς γνῶσιν ἡμῖν
ἐρχόμενα, οἷόν ἐστι τὸ ἡμέραν εἶναι, καθάπαξ δὲ ἄδηλα, ἃ μὴ πέφυκεν εἰς
τὴν ἡμετέραν πίπτειν κατάληψιν, ὡς τὸ ἀρτίους εἶναι τοὺς ἀστέρας, πρὸς
καιρὸν δὲ ἄδηλα ἅπερ τὴν φύσιν ἔχοντα ἐναργῆ παρά τινας ἔξωθεν περιστάσεις
κατὰ καιρὸν ἡμῖν ἀδηλεῖται, ὡς ἐμοὶ νῦν ἡ τῶν Ἀθηναίων πόλις, φύσει δὲ
ἄδηλα τὰ μὴ ἔχοντα φύσιν ὑπὸ τὴν ἡμετέραν πίπτειν ἐνάργειαν, ὡς οἱ νοητοὶ
πόροι· οὗτοι γὰρ οὐδέποτε ἐξ ἑαυτῶν φαίνονται, ἀλλ´ εἰ ἄρα, ἐξ ἑτέρων
καταλαμβάνεσθαι ἂν νομισθεῖεν, οἷον τῶν ἱδρώτων ἤ τινος παραπλησίου.
Τὰ μὲν οὖν πρόδηλα μὴ δεῖσθαι σημείου φασίν· ἐξ ἑαυτῶν γὰρ αὐτὰ
καταλαμβάνεσθαι. Ἀλλ´ οὐδὲ τὰ καθάπαξ ἄδηλα ἅτε δὴ μηδὲ τὴν ἀρχὴν
καταλαμβανόμενα. Τὰ δὲ πρὸς καιρὸν ἄδηλα καὶ τὰ φύσει ἄδηλα διὰ σημείων
μὲν καταλαμβάνεσθαι, οὐ μὴν διὰ τῶν αὐτῶν, ἀλλὰ τὰ μὲν πρὸς καιρὸν ἄδηλα
διὰ τῶν ὑπομνηστικῶν, τὰ δὲ φύσει ἄδηλα διὰ τῶν ἐνδεικτικῶν. Τῶν οὖν
σημείων τὰ μέν ἐστιν ὑπομνηστικὰ κατ´ αὐτοὺς, τὰ δ´ ἐνδεικτικά.
Καὶ ὑπομνηστικὸν μὲν σημεῖον καλοῦσιν ὃ συμπαρατηρηθὲν τῷ σημειωτῷ δι´
ἐναργείας ἅμα τῷ ὑποπεσεῖν, ἐκείνου ἀδηλουμένου, ἄγει ἡμᾶς εἰς ὑπόμνησιν
τοῦ συμπαρατηρηθέντος αὐτῷ καὶ νῦν ἐναργῶς μὴ ὑποπίπτοντος, ὡς ἔχει ἐπὶ
τοῦ καπνοῦ καὶ τοῦ πυρός.
Ἐνδεικτικὸν δέ ἐστι σημεῖον, ὥς φασιν, ὃ μὴ συμπαρατηρηθὲν τῷ σημειωτῷ δι´
ἐναργείας, ἀλλ´ ἐκ τῆς ἰδίας φύσεως καὶ κατασκευῆς σημαίνει τὸ οὗ ἐστι
σημεῖον, ὡσπεροῦν αἱ περὶ τὸ σῶμα κινήσεις σημεῖά εἰσι τῆς ψυχῆς. Ὅθεν καὶ
ὁρίζονται τοῦτο τὸ σημεῖον οὕτως « σημεῖόν ἐστιν ἐνδεικτικὸν ἀξίωμα ἐν
ὑγιεῖ συνημμένῳ προκαθηγούμενον, ἐκκαλυπτικὸν τοῦ λήγοντος. » Διττῆς οὖν
οὔσης τῶν σημείων διαφορᾶς, ὡς ἔφαμεν, οὐ πρὸς πᾶν σημεῖον ἀντιλέγομεν,
ἀλλὰ πρὸς μόνον τὸ ἐνδεικτικὸν ὡς ὑπὸ τῶν δογματικῶν πεπλάσθαι δοκοῦν. Τὸ
γὰρ ὑπομνηστικὸν πεπίστευται ὑπὸ τοῦ βίου, ἐπεὶ καπνὸν ἰδών τις σημειοῦται
πῦρ καὶ οὐλὴν θεασάμενος τραῦμα γεγενῆσθαι λέγει. Ὅθεν οὐ μόνον οὐ
μαχόμεθα τῷ βίῳ ἀλλὰ καὶ συναγωνιζόμεθα, τῷ μὲν ὑπ´ αὐτοῦ πεπιστευμένῳ
ἀδοξάστως συγκατατιθέμενοι, τοῖς δ´ ὑπὸ τῶν δογματικῶν ἰδίως
ἀναπλαττομένοις ἀν–
θιστάμενοι.
Ταῦτα μὲν οὖν ἥρμοζεν ἴσως προειπεῖν ὑπὲρ τῆς σαφηνείας τοῦ ζητουμένου·
λοιπὸν δὲ ἐπὶ τὴν ἀντίρρησιν χωρῶμεν, οὐκ ἀνύπαρκτον δεῖξαι τὸ ἐνδεικτικὸν
σημεῖον πάντως ἐσπουδακότες, ἀλλὰ τὴν φαινομένην ἰσοσθένειαν τῶν φερομένων
λόγων πρός τε τὴν ὕπαρξιν αὐτοῦ καὶ τὴν ἀνυπαρξίαν ὑπομιμνῄσκοντες.
| [2,10] Chap. X. Du Signe.
Toutes choses sont telles (selon les dogmatiques) que les unes sont évidentes, et les
autres obscures. Les choses obscures, selon ces philosophes, sont ou obscures tout à fait et
pour toujours, ou obscures pour quelque temps, ou obscures de leur nature. Ils disent que
les choses évidentes sont celles qui se font connaître à nous par elles mêmes ; comme, par
exemple, qu'il est jour. Ils ajoutent que les choses tout à fait obscures sont celles dont la
nature ne permet pas que nous les comprenions ; comme de savoir si le nombre des étoiles
est pair. Que celles; qui sont obscures pour un temps sont celles qui étant évidentes de leur
nature, nous sont néanmoins obscures pour quelque temps, à cause de certaines
circonstances extrinsèques ; comme la ville d'Athènes, où je n'ai pas encore été m'est
obscurément connue pour un temps. Que les choses obscures de leur nature sont celles
dont la nature ne permet pas qu'elles nous soient évidentes ; comme les pores du corps que
nous nous imaginons par la pensée, car on n'aperçoit jamais ces pores par eux mêmes,
mais on peut croire qu'on les connaît par d'autres choses, comme par les sueurs ou par
quelque autre chose semblable.
Les dogmatiques disent donc, que les choses évidentes n'ont pas besoin de signe,
parce qu'on les connaît par elles mêmes, et que les choses tout à fait obscures n'en ont pas
besoin non plus, parce qu'on ne peut aucunement les connaître. Mais que celles qui sont
incertaines pour quelque temps, et celles qui sont incertaines de leur nature, se connaissent
par des signes, non pas toutes par de mêmes signes, mais les incertaines, ou obscures pour
un temps par des signes d'avertissement, et celles qui sont obscures de leur nature, par des
signes d'indication ; il y a donc, selon eux, des signes d'avertissement et des signes
d'indication.
Ils appellent signe d'avertissement, celui qui s'étant présenté quelquefois évidemment
avec la chose signifiée, et ayant été observé clairement avec cette chose, nous en rappelle
le souvenir, dès qu'il tombe sous nos sens, quoique la chose alors soit cachée; parce qu'il a
été observé autrefois avec elle, et qu'il tombe sous les sens maintenant avec évidence :
comme on peut voir à l'égard de la fumée et du feu.
Mais le signe d'indication est, selon eux, celui qui n'ayant point été observé évidemment
avec la chose signifiée, signifie néanmoins par sa nature et par sa constitution, la chose dont
il est le signe : comme les mouvements spontanés, que l'on voit dans un corps sont des
signes de l'âme, que l'on n'a jamais vue par elle même avec ces mouvements. C'est
pourquoi ils définissent ainsi ce signe. Le signe (d'indication) est une énonciation
démonstrative et convaincante, qui est l'antécédent d'un bon Connexum, et par laquelle
quelle on découvre la vérité du conséquent du même Connexum. Or comme il y a deux
sortes de signes, ainsi que nous l'avons dit, nous ne les rejetons pas tous, et nous
n'attaquons que le signe démonstratif, (que j'ai appelé le signe d'indication) comme étant
une pure invention des dogmatiques. Car le signe d'avertissement mérite que l'on y ajoute foi
dans la conduite ordinaire et dans la pratique de la vie. Ainsi quiconque voit de la fumée,
conçoit en lui-même qu'il y a là du feu ; et en voyant une cicatrice, il dit qu'il y a eu là une
plaie. Notre sentiment n'est donc pas opposé à l'usage commun, mais au contraire il le
favorise; car nous approuvons, sans établir aucun dogme, les choses que l'on croit
conformément à cet usage ; mais nous attaquons les fictions et les assertions particulières
des dogmatiques.
Ce que je viens de dire était nécessaire, si je ne me trompe, pour exposer l'état de la
question. Venons maintenant à la réfutation des dogmatiques, non pas en tâchant de
montrer absolument qu'il n'y a aucun signe démonstratif, mais seulement en rapportant les
raisons égales de part et d'autre, soit celles par lesquelles on prétend qu'il y a un tel signe,
soit celles par lesquelles on prouve qu'il n'y en a point.
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