[4,200] δὴ τότε που Τεύκροιο μένος καὶ γυῖα πέδησαν
201 ἀθάνατοι· τὸν γάρ ῥα θεὸς βάλεν ἠέ τις ἄτη
202 ὄζον ἐς ἀλγινόεντα βαθυρρίζοιο μυρίκης.
203 Τῷ δ´ ἄρ´ ἐνιχριμφθεὶς χαμάδις πέσε· τοῦ δ´ ἀλεγεινῶς
204 ἄκρον ἀνεγνάμφθη λαιοῦ ποδός, αἳ δ´ ὑπανέσταν
205 οἰδαλέαι ἑκάτερθε περὶ φλέβες. Οἳ δ´ ἰάχησαν
206 Ἀργεῖοι κατ´ ἀγῶνα. Παρήιξεν δέ μιν Αἴας
207 γηθόσυνος· λαοὶ δὲ συνέδραμον, οἵ οἱ ἕποντο,
208 Λοκροί, αἶψα δὲ χάρμα περὶ φρένας ἤλυθε πάντων·
209 ἐκ δ´ ἔλασαν μετὰ νῆας ἄγειν βόας, ὄφρα νέμωνται.
210 Τεῦκρον δ´ ἐσσυμένως ἕταροι περιποιπνύοντες
211 ἦγον ἐπισκάζοντα. Θοῶς δέ οἱ ἰητῆρες
212 ἐκ ποδὸς αἷμ´ ἀφέλοντο· θέσαν δ´ ἐφύπερθε τομάων
213 εἴρια συνδεύσαντες ἀλείφασιν, ἀμφὶ δὲ μίτρῃ
214 δήσαντ´ ἐνδυκέως· ὀλοὰς δ´ ἐκέδασσαν ἀνίας.
215 Ἄλλοι δ´ αὖθ´ ἑτέρωθε παλαισμοσύνης ὑπερόπλου
216 καρπαλίμως μνώοντο δύω κρατερόφρονε φῶτε,
217 Τυδέος ἱπποδάμοιο πάις καὶ ὑπέρβιος Αἴας,
218 οἵ ῥ´ ἴσαν ἐς μέσσον. Θάμβος δ´ ἔχεν ἀθρήσαντας
219 Ἀργείους· ἄμφω γὰρ ἔσαν μακάρεσσιν ὁμοῖοι.
220 Σὺν δ´ ἔβαλον θήρεσσιν ἐοικότες, οἵ τ´ ἐν ὄρεσσιν
221 ἀμφ´ ἐλάφοιο μάχονται ἐδητύος ἰσχανόωντες,
222 ἶσον δ´ ἀμφοτέροισι πέλει σθένος, οὐδέ τις αὐτῶν
223 λείπεται οὐδ´ ἠβαιὸν ἀταρτηρῶν μάλ´ ἐόντων·
224 ὣς οἵ γ´ ἶσον ἔχον κρατερὸν μένος. Ὀψὲ δ´ ἄρ´ Αἴας
225 Τυδείδην συνέμαρψεν ὑπὸ στιβαρῇσι χέρεσσιν
226 ἆξαι ἐπειγόμενος· ὃ δ´ ἄρ´ ἰδρείῃ τε καὶ ἀλκῇ
227 πλευρὸν ὑποκλίνας Τελαμώνιον ὄβριμον υἷα
228 ἐσσυμένως ἀνάειρεν ὑπὸ μυῶνος ἐρείσας
229 ὦμον, καὶ ποδὶ μηρὸν ὑποπλήξας ἑτέρωσε
230 κάββαλεν ὄβριμον ἄνδρα κατὰ χθονός, ἀμφὶ δ´ ἄρ´ αὐτῷ
231 ἕζετο· τοὶ δ´ ὁμάδησαν. Ὃ δ´ ἀσχαλόων ἐνὶ θυμῷ
232 Αἴας ὀβριμόθυμος ἀνίστατο δεύτερον αὖτις
233 ὁρμαίνων ἐς δῆριν ἀμείλιχον· αἶψα δὲ χερσὶ
234 σμερδαλέῃσι κόνιν κατεχεύατο καὶ μέγα θύων
235 Τυδείδην ἐς μέσσον ἀύτεεν. Ὃς δέ μιν οὔ τι
236 ταρβήσας οἴμησε καταντίον· ἀμφὶ δὲ πολλὴ
237 ποσσὶν ὑπ´ ἀμφοτέρων κόνις ὤρνυτο. Τοὶ δ´ ἑκάτερθε
238 ταῦροι ὅπως συνόρουσαν ἀταρβέες, οἵ τ´ ἐν ὄρεσσι
239 θαρσαλέου μένεος πειρώμενοι εἰς ἓν ἵκωνται
240 ποσσὶ κονιόμενοι, περὶ δὲ βρομέουσι κολῶναι
241 βρυχμῇ ὑπ´ ἀμφοτέρων, τοὶ δ´ ἄσχετα μαιμώωντες
242 κράατα συμφορέουσιν ἀτειρέα καὶ μέγα κάρτος
243 δηρὸν ἐπ´ ἀλλήλοισι πονεύμενοι, ἐκ δὲ μόγοιο
244 λάβρον ἀνασθμαίνοντες ἀμείλιχα δηριόωνται,
245 πουλὺς δ´ ἐκ στομάτων χαμάδις καταχεύεται ἀφρός·
246 ὣς οἵ γε στιβαρῇσιν ἄδην πονέοντο χέρεσσιν·
247 ἀμφοτέρων δ´ ἄρα νῶτα καὶ αὐχένες ἀλκήεντες
248 χερσὶ περικτυπέοντο τετριγότες, εὖτ´ ἐν ὄρεσσι
249 δένδρε´ ἐπ´ ἀλλήλοισι βαλόντ´ ἐριθηλέας ὄζους.
| [4,200] les immortels réduisirent à néant la force et les membres de Teucer ; un dieu, ou peut-être un sort contraire, le poussa sur le tronc d'un tamaris aux racines profondes ; arrêté par cet obstacle, il tomba sur la terre ; le bout de son pied gauche fut foulé douloureusement et les veines se gonflèrent alentour. Alors les Argiens poussent de grands cris, Ajax plein de joie devance enfin son rival ; les Locriens qu'il commandait accoururent, et leur âme était transportée d'allégresse. Ils conduisirent près des navires les douze vaches et leur donnèrent de l'herbe. Pendant ce temps, les amis de Teucer l'entouraient et le conduisirent boiteux vers sa tente ; les médecins lavèrent son pied sanglant, le couvrirent de charpie imprégnée d'huile, l'entourèrent de bandes et apaisèrent ses cruelles souffrances.
215 Cependant l'exercice terrible de la lutte appelle deux guerriers vigoureux, le fils de Tydée, habile à dompter les chevaux, et le puissant Ajax ; tous deux s'avancent avec ardeur au milieu de la foule ; les Argiens à leur vue sont saisis d'un étonnement craintif ; car ils étaient semblables aux dieux. Ils s'élancèrent l'un contre l'autre, comme deux bêtes farouches qui, sur les montagnes, combattent autour d'un cerf, désireuses d'emporter la proie ; leurs forces sont égales, ni l'une ni l'autre ne cède, tant elles sont acharnées : ainsi les deux héros déployaient une force égale ; enfin pourtant Ajax saisit de ses mains vigoureuses le fils de Tydée, afin de l'étrangler ; mais celui-ci, habile et fort, se penche aussitôt et fait glisser sur son flanc le fils de Télamon, dont il saisit en même temps l'épaule au-dessus du biceps et dont il frappe la cuisse d'un coup de genou ; le guerrier redoutable tombe sur la terre, et Diomède s'assied sur lui. Les Argiens applaudissent ; mais le valeureux Ajax, irrité de son échec, se relève et s'élance une seconde fois pour lutter ; de ses mains redoutables il ramasse du sable dont il se frotte, et, enflammé de colère, il provoque le fils de Tydée ; celui-ci, sans s'effrayer, se précipite contre lui, et autour d'eux leurs pieds font voler un nuage de poussière. Ils luttent comme deux taureaux courageux qui, sur les montagnes, font l'essai de leurs forces et soulèvent au loin la poussière ; les rochers retentissent de leurs mugissements ; eux, dans leur terrible rage, heurtent leurs têtes puissantes et leurs membres énormes ; ils combattent avec vaillance, et, fatigués de leurs efforts, ils continuent tout haletants cette bataille effrayante ; l'écume de leur bouche blanchit la terre ; ainsi les guerriers combattaient d'un bras vaillant ; leurs dos et leurs cous vigoureux, frappés du plat de leurs mains, résonnaient comme les arbres dans les forêts lorsqu'ils entrechoquent leurs florissants rameaux.
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