[3,16] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ ΙϚ'.
<1> Τῇ δὲ ὑστεραίᾳ, ἐπειδὴ τῶν στρατιωτῶν τινες ἐς τοὺς ἀγροὺς ἀναβαίνοντες τῶν ὡραίων ἥπτοντο, αὐτῶν τε τὰ σώματα ὁ στρατηγὸς οὐ παρέργως ᾐκίσατο καὶ ξυγκαλέσας ἅπαντας ἔλεξε τοιάδε
„Τὸ μὲν βιάζεσθαι καὶ τοῖς ἀλλοτρίοις σιτίζεσθαι ταύτῃ μόνον ἔν γε τοῖς ἄλλοις καιροῖς μοχθηρὸν πεφυκέναι δοκεῖ, ὅτι τὸ ἄδικον ἐν αὑτῷ φέρεται· νῦν δὲ τοσοῦτον αὐτῷ τῆς δυσκολίας περίεστιν ὥστε, εἰ μὴ πικρὸν εἰπεῖν, τὸν τοῦ δικαίου λόγον περὶ ἐλάσσονος ποιησαμένους τὸν ἐντεῦθεν κίνδυνον ἡμᾶς ἡλίκος ποτέ ἐστιν ἐκλογίζεσθαι χρή. Ἐγὼ γὰρ ἐκείνῳ μόνῳ τὸ θαρρεῖν ἔχων εἰς τὴν γῆν ὑμᾶς ἀπεβίβασα ταύτην, ὅτι τοῖς Βανδίλοις οἱ Λίβυες, Ῥωμαῖοι τὸ ἀνέκαθεν ὄντες, ἄπιστοί τέ εἰσι καὶ χαλεπῶς ἔχουσι, καὶ διὰ τοῦτο ᾤμην ὡς οὔτ´ ἄν τι τῶν ἀναγκαίων ἡμᾶς ἐπιλείποι οὔτε τι ἐξ ἐπιδρομῆς κακὸν ἐργάσονται ἡμᾶς οἱ πολέμιοι. Ἀλλὰ νῦν αὕτη ὑμῶν ἡ ἀκράτεια ταῦτα εἰς τοὐναντίον ἡμῖν μεταβέβληκε. Τοὺς γὰρ Λίβυας δήπου κατηλλάξατε τοῖς Βανδίλοις, εἰς ὑμᾶς αὐτοὺς ἤδη τὴν τούτων περιαγαγόντες δυσμένειαν. Φύσει γὰρ πρόσεστι τοῖς ἀδικουμένοις ἡ πρὸς τοὺς βιαζομένους ἔχθρα, καὶ περιέστηκεν ὑμῖν τῆς τε ὑμῶν αὐτῶν ἀσφαλείας καὶ τῆς τῶν ἀγαθῶν ἀφθονίας ὀλίγα ἄττα ἀργύρια ἀνταλλάξασθαι, παρὸν ὑμῖν παρ´ ἑκόντων ὠνουμένοις τὰ ἐπιτήδεια τῶν κυρίων μήτε ἀδίκοις εἶναι δοκεῖν καὶ φίλοις ἐκείνοις ἐς τὰ μάλιστα χρῆσθαι. Νῦν οὖν πρός τε Βανδίλους ὑμῖν καὶ Λίβυας ὁ πόλεμος ἔσται, λέγω δὲ ἔγωγε καὶ τὸν θεὸν αὐτὸν, ὃν οὐδεὶς ἀδικῶν ἐς ἐπικουρίαν παρακαλεῖ. Ἀλλὰ παύσασθε μὲν τοῖς ἀλλοτρίοις ἐπιπηδῶντες, κέρδος δὲ ἀποσείσασθε κινδύνων μεστόν. Οὗτος γὰρ ἐκεῖνος ὁ καιρός ἐστιν ἐν ᾧ μάλιστα σωφροσύνη μὲν οἵα τε σώζειν, ἀκοσμία δὲ ἐς θάνατον φέρει. Τούτων γὰρ ἐπιμελομένοις ὑμῖν ἵλεως μὲν ὁ θεὸς, εὔνους δὲ ὁ τῶν Λιβύων λεὼς, καὶ τὸ τῶν Βανδίλων γένος εὐέφοδον ἔσται.“
<2> Τοσαῦτα εἰπὼν Βελισάριος καὶ τὸν ξύλλογον διαλύσας, ἐπεὶ ἤκουσε Σύλλεκτον πόλιν ἡμέρας ὁδὸν τοῦ στρατοπέδου διέχουσαν ἐπὶ θαλάσσῃ εἶναι ἐν τῇ ἐπὶ Καρχηδόνα φερούσῃ, ἧς τὸ μὲν τεῖχος ἐκ παλαιοῦ καθῃρημένον ἐτύγχανεν, οἱ δὲ ταύτῃ ᾠκημένοι τοὺς τῶν οἰκιῶν τοίχους πανταχόθεν ἀποφράξαντες διὰ τὰς τῶν Μαυρουσίων ἐπιδρομὰς περιβόλου ἐφύλασσον σχῆμα, τῶν δορυφόρων ἕνα Βοριάδην ἅμα τῶν ὑπασπιστῶν τισιν ἔστελλεν, ἐπαγγείλας αὐτοῖς τῆς τε πόλεως ἀποπειρᾶσθαι καὶ, ἢν ἕλωσι, κακὸν μὲν μηδὲν ἐν αὐτῇ δρᾶσαι, ἐπαγγείλασθαι δὲ ἀγαθὰ μυρία, καὶ ὡς ἐπὶ τῇ αὐτῶν ἐλευθερίᾳ ἥκοιεν, ὥστε εἰσιτητὰ τῷ στρατῷ ἐς αὐτὴν γενέσθαι. Οἱ δὲ περὶ λύχνων ἁφὰς ἀγχοῦ τῆς πόλεως γενόμενοι ἐν φάραγγί τε λαθόντες διενυκτέρευσαν. Ἕωθεν δὲ ἀγροίκων σὺν ἁμάξαις ἐς αὐτὴν εἰσιόντων ἐπιτυχόντες συνεισῆλθόν τε σιωπῇ καὶ οὐδενὶ πόνῳ τὴν πόλιν ἔσχον. Καὶ ἐπεὶ ἡμέρα ἐγένετο, οὐδενὸς θορύβου ἡγησαμένου, τόν τε ἱερέα καὶ εἴ τι δόκιμον ἦν ξυγκαλέσαντες τάς τε τοῦ στρατηγοῦ ἐντολὰς ἀπήγγελλον, καὶ τὰς κλεῖς τῶν εἰσόδων παρ´ ἑκόντων λαβόντες τῷ στρατηγῷ ἔπεμψαν.
<3> Τῇ δὲ αὐτῇ ἡμέρᾳ καὶ ὁ τοῦ δημοσίου δρόμου ἐπιμελούμενος ηὐτομόλησε παραδοὺς τοὺς δημοσίους ξύμπαντας ἵππους. Ξυλληφθέντα δὲ καί τινα τῶν ἐς τὰς βασιλικὰς ἀποκρίσεις ἀεὶ στελλομένων, οὓς δὴ βεριδαρίους καλοῦσι, κακὸν μὲν οὐδὲν ὁ στρατηγὸς ἔδρασε, χρυσῷ δὲ πολλῷ δωρησάμενος καὶ πιστὰ λαβὼν τὰς ἐπιστολὰς ἐνεχείρισεν, ἅσπερ Ἰουστινιανὸς βασιλεὺς πρὸς Βανδίλους ἔγραψεν ἐφ´ ᾧ τοῖς Βανδίλων ἄρχουσι δοῦναι. Ἐδήλου δὲ ἡ γραφὴ τάδε
„Οὔτε Βανδίλοις πολεμεῖν ἔγνωμεν οὔτε τὰς Γιζερίχου σπονδὰς λύομεν, ἀλλὰ τὸν ὑμέτερον τύραννον καθελεῖν ἐγχειροῦμεν, ὃς τῶν Γιζερίχου διαθηκῶν ὀλιγωρήσας τὸν μὲν βασιλέα ὑμῶν καθείρξας τηρεῖ, τῶν δὲ αὐτοῦ συγγενῶν οὓς μὲν σφόδρα ἐμίσει κατ´ ἀρχὰς ἔκτεινε, τοὺς δὲ λοιποὺς τὰς ὄψεις ἀφελόμενος ἐν φυλακῇ ἔχει, οὐκ ἐῶν θανάτῳ καταλῦσαι τὰς συμφοράς. Συλλάβεσθε τοίνυν ἡμῖν καὶ συνελευθεροῦτε ὑμᾶς αὐτοὺς οὕτω μοχθηρᾶς τυραννίδος, ὅπως ἂν δύνησθε τῆς τε εἰρήνης καὶ τῆς ἐλευθερίας ἀπόνασθαι. Ταῦτα γὰρ ὑμῖν παρ´ ἡμῶν ἔσεσθαι πρὸς τοῦ θεοῦ τὰ πιστὰ δίδομεν.“
Τοσαῦτα μὲν τὰ βασιλέως γράμματα ἐδήλου. Ὁ δὲ ταῦτα παρὰ Βελισαρίου λαβὼν ἐξενεγκεῖν μὲν εἰς τὸ φανερὸν οὐκ ἐτόλμησε, λάθρα δὲ τοῖς φίλοις ἐπιδείξας οὐδὲν ὅ τι καὶ λόγου ἄξιον διεπράξατο.
| [3,16] CHAPITRE XVI.
1. Le lendemain, quelques soldats s'étant écartés dans la campagne pour y piller des fruits murs, le général les fit battre de verges, et prit cette occasion de représenter à son armée
{« que le pillage, criminel en lui-même, était encore contraire à leurs intérêts que c'était soulever contre eux tous les habitants de l'Afrique, Romains d'origine, et ennemis naturels des Vandales. Quelle folie de compromettre leur rareté et leurs espérances par une misérable avidité ! Que leur en coûterait-il pour acheter ces fruits que les possesseurs étaient prêts à leur donner presque pour rien ? Vous allez donc avoir pour ennemis les Vandales et les naturels du pays, et Dieu même, toujours armé contre l'injustice. Votre salut dépend de votre modération: celle-ci vous rendra Dieu propice, les Africains affectionnés, et les Vandales faciles à vaincre. »}
puis ayant assemblé toute l'armée, il parla en ces termes.
Il n'y a point de temps où il soit permis d'exercer des violences, de ravir et de consumer le bien d'autrui, parce que cela est toujours contraire à la justice ; mais dans le temps ou nous sommes, cela est encore plus insupportable que dans un autre, à cause des suites fâcheuses qui en peuvent naître. Quand je vous ai amené dans ce pays, j'ai fondé principalement mon espérance sur l'antipathie qui est entre les Africains et les Vandales. Votre intempérance renverse cet état des choses. Elle concilie aux Vandales l'amitié des Africains, et elle vous attire leur haine. Puisque ceux qui souffrent une injustice, en haïssent sans doute naturellement les auteurs. Un peu d'argent suffisait pour établir votre sûreté, et pour acheter des vivres. Vous pouviez demander aux marchands ce qui vous était nécessaire, sans commettre d'injustice, et sans perdre l'amitié de ceux du pays. Maintenant vous aurez pour ennemis les Vandales, les Africains et Dieu même, qui n'a pas accoutumé d'assister les injustes. Abstenez-vous donc du bien d'autrui, et ne cherchez point un gain si périlleux. Vous êtes en un temps où vous avez besoin de retenue pour vous conserver, et où vous vous perdriez infailliblement par la licence. Si vous déférez à l'avis que je vous donne, Dieu vous sera favorable, les Africains ne vous seront pas contraires, et les Vandales vous seront assujettis.
2. Bélisaire, après ce discours, rompit l'assemblée. Apprenant ensuite qu'il y avait à une journée de son camp, sur la route de Carthage, une ville maritime nommée Syllecte, dont les remparts avaient été autrefois ruinés, mais dont les habitants avaient fortifié les maisons pour se défendre contre les incursions des Maures, il y envoya un de ses gardes nomme Moraïde, avec quelques soldats. Il lui ordonne d'essayer de surprendre cette ville, et s'il y réussissait, de ne faire aucun mal aux habitants; de leur donner au contraire de magnifiques promesses, et, pour ménager à l'armée romaine un favorable accueil, de déclarer qu'elle n'est venue que pour protéger contre les barbares la liberté de l'Afrique. Cette troupe arriva le soir dans un vallon voisin de la ville, où elle se tint cachée pendant toute la nuit. Au point du jour, ils se mêlèrent sans bruit aux paysans qui conduisaient leurs chariots vers la ville, y entrèrent avec eux, et s'en rendirent maîtres sans aucune difficulté. Quand le jour fut plus avancé, sans commettre aucun désordre, ils convoquèrent l'évêque et les principaux habitants, leur exposèrent les intentions de Bélisaire; et les clefs des portes leur ayant été remises, d'un consentement unanime ils les envoyèrent à leur général.
3. Ce même jour, le directeur des postes livra volontairement tous les chevaux qui appartenaient au gouvernement. Un des courriers qui portent les ordres du prince (les Romains les nomment veredarii) fut arrêté, présenté à Bélisaire, qui le reçut avec bonté, lui fit un riche présent, et lui conta une lettre de Justinien aux Vandales, après avoir reçu de lui le serment qu'il la remettrait aux officiers civils et militaires du pays. Voici le contenu de cette lettre:
« Nous ne prétendons pas faire la guerre aux Vandales, ni rompre le traité de paix conclu avec Genséric. Nous n'attaquons que votre tyran, qui, au mépris du testament de Genséric, tient dans les fers votre roi légitime, et qui, après avoir massacré une partie de la famille royale, a fait crever les yeux à ses autres parents qu'il retient en prison, et dont il ne diffère la mort que pour prolonger leur torture. Aidez-nous donc à vous délivrer d'une si cruelle tyrannie. Nous prenons Dieu à témoin que notre dessein est de vous rendre la paix et la liberté. »
Ces lettres ne produisirent aucun effet, parce que le courrier, n'osant pas les rendre publiques, se contenta de les communiquer à ses amis.
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