HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

PROCLUS, Commentaire sur le Parménide, livre III

Paragraphes 56a

 Paragraphes 56a

[3,56a] Ἕκτον δὴ οὖν ἄλλον τρόπον ἀνασκεψώμεθα περὶ τῆς ὑποστάσεως τῶν εἰδῶν ἀπ´ αὐτῶν ὁρμηθέντες τῶν ἀποδείξεων· τὰς γὰρ ἀποδείξεις ἅπαντες ἐκ προτέρων καὶ τιμιωτέρων γίγνεσθαι πάσας ὁμολογοῦμεν, καὶ οὕτω τισὶ μέγα καὶ σεμνὸν ἀπόδειξις ἔδοξεν εἶναι, ὥστε καὶ τῆς διαιρετικῆς αὐτὴν μεθόδου κρείττονα θέσθαι. Κείσθω τοίνυν ὁμολόγημα κοινὸν, τὴν ἀπόδειξιν ἐξ αἰτιῶν εἶναι καὶ φύσει τιμιωτέρων. Ἀλλ´ ἐξ ὧν αἱ ἀποδείξεις, ταῦτά ἐστι τὰ καθόλου· πᾶσα γὰρ ἀπόδειξις ἐκ τούτων· ταῦτα ἄρα αἴτια τοῖς ἐξ αὐτῶν δεικνυμένοις. Ὅταν οὖν ἀστρονόμος λέγῃ τοὺς ἐν οὐρανῷ κύκλους δίχα τέμνειν ἀλλήλους, ἐπειδὴ πᾶς μέγιστος κύκλος τὸν ὅμοιον διχοτομεῖ, πότερον ἀποδείκνυσιν οὔ; καίτοι ἀπὸ τοῦ καθόλου πεποίηται τὴν ἐπιβολήν. Ποῦ δὴ εὑρήσομεν τὰ αἴτια ταῦτα τῆς ἐν οὐρανῷ τῶν κύκλων τομῆς καθολικώτερα αὐτῶν; ἐν σώμασι μὲν γὰρ οὐκ ἔσται· πᾶν γὰρ τὸ ἐν σώματι ὂν μερικόν ἐστι, δεῖ δὲ ἐν ἀσωμάτῳ πάντως οὐσίᾳ· ἀνάγκη ἄρα τῶν φαινομένων προϋπάρχειν τὰ εἴδη, καὶ τούτοις αἴτια τοῦ εἶναι καθολικώτερα αὐτῶν ὄντα καὶ δυνατώτερα. Ἔστι μὲν οὖν καὶ αὐτόθεν δῆλον, ὅπερ εἴπομεν, τῆς ἐπιστήμης ἀναγκαζούσης τὰ καθόλου τιθέναι καὶ οὐσιώτερα καὶ (797) αἰτιώτερα τῶν καθ´ ἕκαστα, προϋπάρχειν τὰ εἴδη, καὶ ἀπ´ ἐκείνων εἶναι τὴν ὑπόστασιν τούτοις χωριστῶν ὄντων. Εἰ δὲ βούλει, καὶ καθ´ αὑτὸ σκέψαι πόθεν καὶ εἴ τις ἄλλος ἐπέβαλε τοῖς εἴδεσι, καὶ αὐτὸς Σωκράτης πόθεν εἰς ἔννοιαν ἀφίκετο τῆς οὐσίας ταύτης. Ἔστι δὴ οὖν ἀνδρὸς εἰς νοῦν ἐπιστρέψαντος ἤδη, καὶ χωρίσαντος ἑαυτὸν ἀπὸ τοῦ συνθέτου, καὶ θεασαμένου τήν τε ψυχικὴν ζωὴν καὶ τὴν σωματικὴν διακεκριμένως, καὶ ὡς οὐδὲν θαυμαστὸν ἄλλο μὲν εἶναι τὸ ὑποκείμενον, ἄλλο δὲ τὸ μετεχόμενον ἐν τῷ ὑποκειμένῳ ὂν, ἄλλο δὲ τὸ ἐξῃρημένον καὶ ἀμέθεκτον εἶδος, τοιαύτη πτοία περὶ τὴν τῶν θείων τούτων μονάδων ὑπόθεσιν. μὲν γὰρ πολὺς, καὶ τὴν ἑαυτοῦ ζωὴν ἀναμίξας τῇ τοῦ συνθέτου ζωῇ, διακρῖναι τὸ μετεχόμενον καὶ τὸ ἀμέθεκτον ἀδυνατεῖ· τὸν γὰρ τὸ χωριστὸν θεασάμενον καὶ αὐτὸν εἰς δύναμιν προσήκει γενέσθαι τοιοῦτον, οἷον ἐξαναστάντα τοῦ σώματος καὶ εἰς τὸ ἐν ἑαυτῷ χωριστὸν ἀποβλέψαντα· δέ γε σπουδαῖος τὸ ἦθος ἀφ´ ἑαυτοῦ τὴν διάκρισιν τούτων θεασάμενος μέτεισιν ἐπὶ τὰ ὅλα, καὶ πάντων τῶν μετεχομένων εἰδῶν προτέρας ἐπινοεῖ τὰς ἐξῃρημένας καὶ ἀΰλους μονάδας. Καὶ οὐκ ἐπὶ τούτων μόνων οὕτως, ἀλλὰ καὶ ἐπὶ τῆς κινήσεως τὸν αὐτὸν ἄνεισι τρόπον, ὁρῶν τὸ μὲν σῶμα τοῦτο πᾶν κατὰ τὴν οἰκείαν αὑτοῦ φύσιν ἑτεροκίνητον ὂν καὶ δεόμενον κινήσεως ἀλλαχόθεν εἰς ταῦτα καθηκούσης, τὴν δὲ πρώτην καὶ κυριωτάτην κίνησιν ἐν τῷ κινητικῷ τῶν ὅλων· ἔχει γὰρ καὶ ἐκεῖνο τὴν τοῦ κινοῦντος κίνησιν, καὶ τὸ σῶμα τὴν τοῦ κινητοῦ, καὶ εἴδωλον ἐν τούτῳ κίνησις τῆς ἐν ἐκείνῳ προϋπαρχούσης· ἐκείνη μὲν γὰρ τελεία κίνησις, ἐνέργεια γάρ· δὲ ἐν τούτῳ ἀτελὴς ἐνέργεια, τὸ δὲ ἀτελὲς ἐκ τοῦ τελείου τήν τε ὑπόστασιν ἔχει καὶ τὸ τέλειον. Καὶ μὴν καὶ ἐπὶ τῆς γνώσεώς ἐστιν ἰδεῖν ἐσχάτην μὲν γνῶσιν τὴν τῶν σωμάτων, εἴτε αἰσθητικὴν αὐτὴν, εἴτε (798) φανταστικὴν ἐθέλει τις προσαγορεύειν. Πᾶσα γὰρ τοιαύτη γνῶσις ἀληθείας ἐστὶν ἄμοιρος, καὶ τῆς οὐσίας τῶν πραγμάτων οὐκ ἐφάπτεται, καὶ οὐδὲν θεωρεῖ καθόλου καὶ κοινὸν, ἀλλὰ πάντα ἐσχηματισμένα, πάντα μεμορφωμένα, πάντα μερικά· τελειοτέρα δὲ γνῶσίς ἐστιν ἀμόρφωτος, ἀσχημάτιστος, ἄϋλος, καθ´ αὑτὴν οὖσα καὶ ἑαυτῆς, ἧς εἴδωλον αἴσθησις, ἀτελὴς οὖσα γνῶσις καὶ ἐν ἄλλῳ καὶ οὐχ ἑαυτῆς. Εἰ τοίνυν ἐπὶ τῶν κινήσεων οὕτω καὶ ἐπὶ τῶν γνώσεων καὶ ἐπὶ τῆς ζωῆς ἄλλο μὲν τὸ μέτεχον, ἄλλο δὲ τὸ μετεχόμενον, ἄλλο δὲ τὸ ἀμέθεκτον, αὐτὸς λόγος καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων εἰδῶν, ἄλλο μὲν εἶναι τὴν ὕλην, ἄλλο δὲ τὸ ἐν αὐτῇ εἶδος, ἄλλο δὲ τὸ χωριστόν. Οὐ γάρ που τὰ μὲν ἀτελῆ καὶ ἐν ἄλλῳ ὄντα καὶ ἀμυδρῶς ὄντα πεποίηκεν τε θεὸς καὶ φύσις, τὰ δὲ τέλεια καὶ τελείως ὄντα καὶ ἑαυτῶν ὄντα οὐ παρήγαγεν· ἀλλὰ πολλῷ πρότερον ταῦτα ὑπέστησε, καὶ ἐκ τούτων τὰ ἀμυδρότερα καὶ μετεχόμενα καὶ ἐν τῇ ὕλῃ ὄντα. Διὰ ταύτας μὲν οὖν τὰς ἐννοίας καὶ Σωκράτης, καὶ εἰ δή τις ἄλλος, εἰς τὴν τῶν ἰδεῶν ἀνήγετο θέσιν, καὶ τὰ μὲν μετεχόμενα ὑπὸ τῶν καθ´ ἕκαστα ἔλεγε, τὰ δὲ αὐτὰ καθ´ αὑτὰ χωρὶς ὑφεστηκότα· μάλιστα γὰρ τοῦτο προσήκει τοῖς εἴδεσι τὸ χωρίς. [3,56a] Sixièmement, et sous un autre point de vue, nous traiterons de l'hypostase des espèces, en nous appuyant sur les démonstrations elles-mêmes ; car tous nous reconnaissons que toutes les démonstrations viennent de principes antérieurs et plus élevés, et c'est pour cela que la démonstration a paru à quelques-uns chose si grande et si grave, qu'ils la placent comme supérieure à la méthode de division. Admettons donc ce principe commun, que la démonstration vient de causes et de causes par nature plus élevées. Or les choses d'où proviennent les démonstrations, ce sont les universaux, g-ta g-katholou. Car toute démonstration naît des universaux. Donc les universaux sont les causes des choses qui sont démontrées par eux. Lors donc que l'astronome dit que les cercles dans le ciel se coupent l'un l'autre en deux, parce que tout plus grand cercle coupe en deux son semblable, fait il une démonstration ou non ? Or il tire sa proposition du général. Où donc trouverons-nous ces causes de la section des cercles dans le ciel, qui soient plus universelles qu'eux mêmes? Car elles ne seront pas dans les corps, puisque tout ce qui est dans un corps est particulier : et il faut qu'elles soient nécessairement dans une substance incorporelle. Il est donc nécessaire que les espèces aient leur hyparxis antérieure aux phénomènes et qu'elles soient la cause de leur être, parce qu'elles sont plus universelles et plus puissantes qu'eux. Il est donc, et par soi-même évident, comme nous le disions, que la science exigeant qu'on pose les universaux et plus substantiels et possédant une causalité plus grande que les choses individuelles, il est évident que l'hyparxis des espèces est antérieure, et que c'est d'elles que les choses individuelles prennent leur hypostase, parce qu'elles sont séparables. Et si tu veux, examine par elle même la question de savoir d'où vient que Socrate, et tous ceux qui admettent la théorie des Idées, sont arrivés à la conception de leur substance réelle ? Ce transport de l'âme qui s'élève vers l'hypostase de ces monades divines, c'est vraiment le fait d'un homme qui s'est déjà replié et retourné vers la raison, qui s'est séparé lui-même du composé, qui a vu dans leur distinction et la vie psychique et la vie corporelle, et compris qu'il n'y a rien d'étonnant que le substrat soit une chose, que le participé qui est dans le Substrat en soit une autre, que l'espèce séparée et imparticipable en soit une autre. La foule, qui mêle sa propre vie à la vie du composé, est impuissante à discerner et a distinguer le participable de l'imparticipable ; c'est à celui qui a vu le séparable, qu'il appartient d'arriver à une puissance qui le rende capable de sortir pour ainsi dire du corps et de regarder le séparable qui est en lui-même. C'est l'homme d'une nature supérieure qui, ayant vu par lui-même la distinction de ces moments, atteint aux universaux, et conçoit les monades séparées et immatérielles comme antérieures à toutes les espèces participées. Et par là il remonte non seulement à ces monades ; mais par le même processus, il remonte au mouvement lui-même, en voyant que tout ce corps, d'après sa nature propre, est mu par un autre, et a besoin d'un mouvement venu d'ailleurs, qui conduit à ces espèces, et que le mouvement premier, le mouvement véritable est dans le moteur du Tout. Car celui-là a le mouvement du mouvant, le corps le mouvement du mu, et le mouvement dans celui-ci est l'image de celui qui présubsiste dans celui là : car celui-là est mouvement parfait, puisqu'il est acte. Or l'acte est imparfait dans celui-ci, et l'imparfait tire son hypostase et sa perfection du parfait. En outre, dans la connaissance, on peut voir que le dernier degré est la connaissance des corps, qu'on l'appelle connaissance sensible, ou si l'on veut imaginative. Toutes les connaissances de cette sorte sont privées de la vérité ; elles n'atteignent pas la substance des choses, ne voient ni l'universel ni le général, voient tout revêtu de figures, de formes, divisé en parties, tandis que la connaissance plus parfaite est sans forme, sans figure, sans matière: elle existe par elle-même, s'appartient à elle-même : la sensation qui est une connaissance imparfaite, qui est dans un autre et ne s'appartient pas à elle-même, n'en est que l'image. S'il en est ainsi dans les mouvements et dans les connaissances, dans la vie aussi, autre chose est le participant, autre le participé, autre l'imparticipable. Le même raisonnement s'appliquera aux autres espèces : autre est la matière, autre l'espèce qui est en elle, autre l'espèce séparable. Car on ne dira pas que les espèces imparfaites, qui sont dans un autre, qui ont un être faible et incertain, ont été créées par Dieu et la Nature, et que ce ne sont pas eux qui ont créé les espèces parfaites, dont l'être est parfait et qui s'appartiennent à elles-mêmes : celles-là ont une hypostase de beaucoup antérieure, et c'est d'elles que deviennent celles qui sont plus obscures, participées et qui existent dans la matière. Voilà par quelles pensées Socrate et tous les autres ont été amenés à poser les Idées, à dire que les unes sont participées par les choses individuelles, et gué les autres existent à part et par elles-mêmes : car cette propriété d'exister à part est la propriété la plus essentielle aux espèces.


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Dernière mise à jour : 15/04/2010