[3,55] Πέμπτον τοίνυν κἀκεῖνον σκεπτέον τὸν λόγον·
πάντα, φασὶ, τὰ ἐξ ἀκινήτου γενόμενα
αἰτίας ἀκίνητα καὶ ἀμετάβλητα, τὰ δὲ ἐκ
κινουμένης ἔμπαλιν κινητὰ καὶ μεταβλητὰ καὶ
ἄλλοτε ἄλλως ἔχοντα. Εἰ δὲ τοῦτο, καὶ πάντα
ὅσα ἀΐδια κατὰ τὴν οὐσίαν ἐστὶ καὶ ἀμετάβλητα,
ταῦτα ἐξ ἀκινήτου γέγονεν αἰτίας· εἰ
γὰρ ἐκ κινουμένης, ἔσται μεταβλητὰ, ὅπερ
ἀδύνατον· πάντα οὖν τὰ ἀκίνητα ἐξ ἀκινήτου
αἰτίας γέγονεν, εἴπερ καὶ γέγονε δηλαδή.
Τὸν οὖν ἄνθρωπον ἁπλῶς, τὸ εἶδος αὐτὸ λέγω, καὶ
τὸν ἵππον, αὐτὸ τὸ εἶδος, ἆρ´ οὐκ ἐξ αἰτίας
φήσομεν, εἴπερ καὶ ὁ σύμπας κόσμος ἐξ αἰτίας
ὑφέστηκεν; Ἐκ ποίας οὖν αἰτίας; ἆρα ἀκινήτου τινὸς
ἢ κινουμένης; εἰ μὲν δὴ κινουμένης,
ἐκλείψει ποτὲ τὸ ἀνθρώπειον εἶδος· πᾶν γὰρ τὸ
ἐκ κινουμένης αἰτίας ὑποστὰν τῶν ἐκλείπειν
πεφυκότων ἐστίν. Ἐρήσομαι δὲ τὸ αὐτὸ περί τε
ἡλίου καὶ περὶ σελήνης καὶ περὶ ἑκάστου τῶν
ἀστέρων, ἆρα καὶ ταῦτα ἐξ ἀκινήτου γέγονεν
αἰτίας ἢ κινουμένης; εἰ γὰρ ἐκ κινουμένης,
ἔσται μεταβολὴ τῆς οὐσίας καὶ ἐν τούτοις· εἰ
δὲ ἐξ ἀκινήτου καὶ ταῦτα καὶ πάντα ὅσα ἀϊδίως
ἐστὶν ἐν τῷ κόσμῳ εἴδη, ποῦ τὰ ἀκίνητα τούτων αἴτια;
δῆλον γὰρ ὡς οὐκ ἐν σώμασι· πᾶν
γὰρ σῶμα φυσικὸν κινεῖσθαι πέφυκεν· ἐν φύσει
ἄρα προσεχῶς· ἀλλ´ ἡ φύσις ἄλογος, δεῖ δὲ τὰ
κυρίως αἴτια νοερὰ εἶναι καὶ θεῖα. Τὰ ἄρα ἀκίνητα αἴτια
τῶν εἰδῶν τούτων ἐν νῷ πρώτως
ἐστί· δευτέρως γὰρ ἐν ψυχῇ, καὶ τρίτως ἐν φύσει,
καὶ ἐσχάτως ἐν τοῖς σώμασι· πάντα γὰρ ἢ φαινομένως
(796) ἐστὶν ἢ ἀφανῶς, ἢ ἀχωρίστως τῶν
σωμάτων ἢ χωριστῶς· καὶ εἰ χωριστῶς, ἢ
κατ´ οὔσιαν καὶ κατ´ ἐνέργειαν ἀκινήτως, ἢ
κατὰ μὲν οὐσίαν ἀκινήτως, κατ´ ἐνέργειαν δὲ
κινητῶς. Ἀκίνητα οὖν ἐκεῖνα κυρίως, ἃ καὶ
κατ´ οὐσίαν ἐστὶν ἀμετάβλητα καὶ κατ´ ἐνέργειαν,
οἷα τὰ νοερά· δεύτερα δὲ τὰ ἀκίνητα
μὲν κατ´ οὐσίαν, κινητὰ δὲ κατ´ ἐνέργειαν, οἷα
τὰ ψυχικά· τρίτα δὲ τὰ ἀφανῆ μὲν, ἀχώριστα
δὲ τῶν ἐμφανῶν, οἷα τὰ φυσικά· τελευταῖα
δὲ τὰ ἐμφανῆ καὶ ἐν τοῖς αἰσθητοῖς ὄντα καὶ
μεριστά· μέχρι γὰρ τούτων προϊοῦσα κατέληξεν
ἡ τῶν εἰδῶν ὕφεσις.
| [3,55] Cinquièmement, il nous faut examiner aussi cet argument: Toutes les choses qui deviennent d'une cause immobile sont, dit on, immobiles et immuables, et inversement les choses qui deviennent d'une cause mue, sont mobiles, changeantes et se comportent tantôt d'une façon, tantôt d'une autre. S'il en est ainsi et si toutes les choses qui sont éternelles selon la substance sont aussi immuables, elles sont devenues d'une cause immobile ; car si elles étaient devenues d'une cause mue, elle seraient changeantes, ce qui est impossible. Donc toutes les choses immobiles sont devenues d'une cause immobile, si toutefois elles sont devenues.
L'homme donc, l'homme purement homme, je veux dire l'espèce même, et le cheval, l'espèce en soi, dirons nous qu'ils ne deviennent pas d'une cause, quand le monde tout entier tient son hypostase d'une cause ? De quelle cause donc ? d'une certaine cause immobile, ou mue ? Si elle est mue. l'espèce humaine fera parfois défaut, car tout ce qui subsiste par une cause mue est de l'ordre des choses qui par essence sont sujettes à disparaître. Je ferai la même question au sujet du Soleil et de la Lune et de chacun des astres ; sont-ils devenus d'une cause immobile ou mue ? Car si leur cause est mue, il y aura, même en eux changement de la substance : si c'est d'une cause immobile que ces astres et toutes les espèces qui sont éternellement dans le monde sont devenus, où sont les causes immobiles de ces phénomènes? Il est évident que ce n'est pas dans leurs corps ; car il est dans la nature de tout corps physique d'être mu: donc, logiquement, c'est dans la Nature. Mais la Nature est sans raison, et il faut que les véritables causes soient intellectuelles et divines. Donc les causes immobiles de ces espèces sont premièrement, éminemment, dans la raison ; car elles ne sont dans l'âme que secondairement ; dans la nature, en troisième lieu, et en dernier lieu dans les corps ; car toutes les espèces sont ou phénoménalement ou invisiblement, inséparablement des corps ou séparablement. Si elles sont séparablement, ou elles sont immuablement selon la substance, mais muablement selon l'acte. Donc sont proprement immobiles, les espèces qui sont aussi immuables selon la substance et selon l'acte, telles que les intellectuelles ; les deuxièmes seront les immobiles selon la substance, mais mobiles selon l'acte, telles que les psychiques ; les troisièmes sont les espèces, il est vrai, invisibles, mais inséparables des visibles, telles que les espèces physiques ; les dernières enfin sont les visibles, qui sont dans les sensibles et qui sont divisibles ; c'est jusque là que procède et là que s'arrête l'abaissement des espèces.
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