[3,50] ΒΙΒΛΙΟΝ ΤΡΙΤΟΝ.
(783) "Καί μοι εἰπέ· αὐτὸς σὺ οὕτω διῄρησαι
ὡς λέγεις, χωρὶς μὲν εἴδη αὐτὰ
ἄττα, χωρὶς δὲ αὖ τὰ τούτων μετέχοντα;
καὶ τίς σοι δοκεῖ εἶναι αὐτὴ
ἡ ὁμοιότης, χωρὶς ἧς ἡμεῖς ὁμοιότητος
ἔχομεν, καὶ ἓν δὴ καὶ πολλὰ,
καὶ πάντα ὅσα νῦν δὴ Ζήνωνος ἤκουες;
Ἔμοι γε, φάναι τὸν Σωκράτη".
Πρῶτον αὐτὸν ἀνερωτᾷ περὶ τῆς ὑποστάσεως
τῶν εἰδῶν, εἰ οἴεται εἶναί τινα τῶν πολλῶν
χωριστὰ αἴτια αὐτῶν, καὶ εἰ αὐτὸς ἐπέβαλε
τῇ ὑποστάσει τούτων τῶν πραγμάτων ἢ καὶ
ἄλλου του ἤκουσεν, οὐ μάτην ποιούμενος τὴν
τοιαύτην ἐρώτησιν, ἀλλ´ ἐκεῖνο γνῶναι πάντως
βουλόμενος, εἴτε δοξαστικῶς ἔχει περὶ αὐτὰ ὁ
Σωκράτης ἐξ ἀλλοτρίων ναμάτων πεπληρωμένος, εἴτε νοερῶς αὐτὸς ἑαυτὸν ἐπὶ
τὴν τούτου θέαν ἀνεγείρας καὶ κατὰ νοῦν ἐνεργήσας καὶ
θεασάμενος πρὸ τῶν κατατεταγμένων μονάδων
τὰς ἐξῃρημένας καὶ πρὸ τῶν μετεχομένων τὰς
ἀμεθέκτους. Καὶ γὰρ εἰκὸς ἦν εἰς αὐτὸν ἥκειν
λόγον, ὡς οἱ ἀμφὶ Παρμενίδην τοιαύτην τινὰ
δόξαν ἔχουσι, καὶ τῇ δόξῃ πειθόμενον οὕτω
λέγειν, ἀλλὰ οὐχὶ κατὰ οἰκείαν ἐπιβολήν. Οὐδὲν οὖν ἄλλο πραγματεύεται διὰ
τῆς ἐρωτήσεως Παρμενίδης, ἢ ὅπως αὐτὸν τὸν νοῦν τὸν
Σωκρατικὸν ἀνεγείρῃ καὶ παρασκευάσῃ πρὸς
τὴν θέαν τῶν νοητῶν, αὐτὸν ἐκεῖνον προσκαλούμενος,
(784) ἀλλ´ οὐ τὴν δόξαν τὴν ἐν αὐτῷ· νοῦ
γάρ ἐστι θεάματα ἅπερ ὁ Παρμενίδης ἐκφαίνειν μέλλει διὰ τῶν ῥηθησομένων
λόγων. Καὶ δεῖ λαβεῖν ἐκ τούτων ἐχεγγυωτέρων ὄντων,
ὅτι ἄρα οὐ μόνον τῶν ὁριστῶν ἔσχεν ἔννοιαν ὁ
Σωκράτης, ἀλλὰ καὶ αὐτῶν τῶν χωριστῶν εἰδῶν· οὐδ´, ὡς Ἀριστοτέλης φησὶν,
ἐπήχθη ἂν εἰς τὴν ἐκείνων θέσιν ἐκ τῆς περὶ τοὺς ὁρισμοὺς
διατριβῆς, ἀλλ´ ὅτι διὰ θείαν ὄντως ὁρμὴν καὶ
ταῖς ἰδέαις αὐτὸς ἐπέβαλεν· ὅπου καὶ νεὸς ὢν
δῆλός ἐστιν ἐγηγερμένος εἰς τὴν ἐκείνων θεωρίαν αὐτὸς παρ´ ἑαυτοῦ, τοῦτο ὅπερ
αὐτὸν ὁ Παρμενίδης πρῶτον ἠρώτησεν.
| [3,50] LIVRE TROISIÈME.
§ 50. — « Et dis-moi, tu as, toi, dis-tu, divisé les choses comme il suit : tu as mis à part ce que tu appelles les Idées mêmes, et à part, les choses qui en participent. Et il te paraît que la ressemblance en soi est quelque chose par soi-même, séparément de la ressemblance que nous avons, nous, et qu'elle est un et plusieurs et tout le reste que tu as entendu dire à Zénon. — C'est bien ce que je pense, dit Socrate ».
Il l'interroge d'abord sur l'hypostase des Idées, s'il pense qu'il y a certaines choses séparables des plusieurs et qui en soient les causes, et si lui-même est partisan de l'hypostase de ces sortes de choses, ou s'il l'a entendu dire à quelque autre : interrogation qui n'est pas sans objet, mais par laquelle il veut savoir si, sur ce sujet, Socrate a une opinion purement conjecturale, et s'il s'est rempli à une fontaine étrangère, ou bien s'il s'est élevé par lui-même, par son entendement, à la vue de cette hypothèse, s'il a mis en acte sa propre raison, et s'il a conçu, avant les monades coordonnées aux choses, les monades élevées au-dessus d'elles, et avant les monades participées les monades imparticipables. Car il est rationnel que ce soit à lui d'exprimer l'opinion que professent les partisans de Parménide, et de s'exprimer comme persuadé par l'opinion des autres, et non d'après sa propre conviction. Parménide ne fait donc rien, par l'interrogation à laquelle il le soumet, que d'éveiller la raison même de Socrate, de la préparer a la contemplation des intelligibles, en faisant appel à lui-même et non à l'opinion qui est en lui. Car c'est à la raison qu'il appartient de voir ces vérités que Parménide doit exposer dans les discours qui vont suivre. Et de ces paroles, dignes de toute confiance, il faut conclure que Socrate a conçu non seulement les choses définissables, mais les espèces séparables elles-mêmes, et qu'il a été amené à poser ces espèces séparables, non pas, comme le dit Aristote, parce qu'il s'était beaucoup occupé de la définition, mais parce que, par suite d'un instinct réellement divin, il avait eu, lui aussi, la conception des Idées, puisque, même dans sa jeunesse, on voit son esprit s'éveiller de lui-même a la contemplation des Idées, ce qui est précisément le premier objet des questions de Parménide.
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