[2b,53]
"Ταῦτα δὲ ἀνδρείως μὲν πάνυ ἡγοῦμαι πεπραγματεῦσθαι· πολὺ μέντ´ ἂν
ὧδε μᾶλλον, ὡς λέγω, ἀγασθείην, εἴ τις
ἔχοι τὴν αὐτὴν ταύτην ἀπορίαν ἐν αὐτοῖς τοῖς εἴδεσι παντοδαπῶς πλεκομένην,
ὥσπερ ἐν τοῖς ὁρωμένοις διήλθετε,
οὕτω καὶ ἐν τοῖς λογισμῷ λαμβανομένοις ἐπιδεῖξαι".
Πᾶν τὸ βούλημα τοῦ Σωκράτους καὶ πᾶς ὁ
(778) σκοπὸς τῶν εἰρημένων λόγων ἐν τούτοις περιείληπται
τοῖς ῥήμασιν· ἐν γὰρ τούτοις ἐπαινεῖ
μὲν τὸν Ζήνωνος λόγον ὡς ἀνδρείως πεπραγματευμένον, οὐ μόνον ὅτι τὴν τῶν
πολλῶν ἄνοιαν
ἀπαρακαλύπτως διήλεγξε, καὶ ὅτι τοῦτον ἔχει
λόγον πρὸς τὸν Παρμενίδην ὃν τὸ ἐπικουρικὸν
πρὸς τὸ φυλακικὸν, ἀλλὰ καὶ ὅτι ὑπὸ φιλονεικίας αὑτῷ γεγράφθαι τὸν λόγον
εἴρηκε· μετέλαβε γὰρ τὸ φιλονείκως εἰς τὸ "ἀνδρείως", ἀπὸ
τοῦ πάθους εἰς τὴν ἀρετὴν ποιησάμενος τὴν μετάληψιν. Ἢ πῶς ἄλλως ἥρμοζε
νέῳ πρὸς τὸν
ἑαυτοῦ διαλέγεσθαι κρείττονα; Ἐπαινεῖ μὲν
οὖν, ὅπερ εἶπον, τὴν Ζήνωνος πραγματείαν μετὰ
δή τινος λαμπρᾶς ἐπιστάσεως· μετάγει δὲ τὴν
θεωρίαν ἀπὸ τῶν ὁρωμένων ἐπὶ τὰ ἀφανῆ. Δεδείχθω γὰρ ὅτι ἐν τούτοις τοῖς
ὁρωμένοις εἰσί
τινες μονάδες. Εἰ γὰρ καὶ ὁ Ζήνων περὶ παντὸς
πλήθους ἔλεγεν ὡς οὐκ ἔστιν ἔρημον ἑνὸς, εἴτε
νοητόν τις ὑποθῇ τὸ πλῆθος, εἴτε διανοητὸν,
εἴτε καὶ αἰσθητόν· οὐ γὰρ προσετίθη ποιότητα
τοῖς πολλοῖς, ἀλλὰ πολλὰ μᾶλλον ὑποθέμενος
ἐδείκνυ τῶν ἀτόπων ἕκαστον· ἀλλ´ οἵ γε πολλοὶ, πρὸς οὓς ὁ λόγος, περὶ τῶν
ὁρωμένων μόνον ἑκάστων ἐδόκουν γίγνεσθαι τὸν λόγον. Δεδείχθω οὖν τοῖς
πολλοῖς ὅτι ἐν τοῖς ὁρωμένοις
εἰσί τινες μονάδες καὶ σύνδεσμοι τοῦ πλήθους·
οὕτω δή μοι δείξατε, φησὶν ὁ Σωκράτης, καὶ
ἐν τοῖς νοητοῖς τὴν κοινωνίαν τῶν εἰδῶν· ἵνα,
ὥσπερ τὰ ὁρώμενα καὶ πολλὰ καὶ ἓν ἐδείξατε
τοῖς πολλοῖς, τὸν αὐτὸν τρόπον ἐπιδείξητε
κἀκεῖ συγκρινόμενα ἀλλήλοις καὶ διακρινόμενα
πάντα ἀπ´ ἀλλήλων· καὶ εἴποι ἂν ὁ Σωκράτης
πεπεῖσθαι μὲν ὅτι κἀκεῖνα τὰ πολλὰ πάντως
ἥνωται ἀλλήλοις ὡς ἀόριστα ταῦτα, πῶς δὲ
ἥνωται, ζητεῖ· διὰ γὰρ τὴν ἁπλότητα αὐτῶν
ἀπορεῖ, εἰ ἅμα καὶ ἥνωται καὶ διῄρηται, τῶν
ὁρατῶν ὡς συνθέτων εὐκόλως γιγνωσκομένων
ὅτι ἄμφω πέπονθεν. Οὐχὶ εἰ ἥνωται οὖν καὶ
διακέκριται, εἴποι ἂν, ἀλλὰ πῶς ταῦτα ἐν
(779) ἐκείνοις εὐπαράδεκτα ἔσται, καθάπερ ἐν τοῖς
ὁρατοῖς; πολλὰ γὰρ εἰδότες ὅτι δυνατὰ, ζητοῦμεν τὸ πῶς· οἷον, ὅτι προνοοῦσιν οἱ
θεοὶ
καὶ τῶν ἐνδεχομένων εἰδότες ὅλως, ζητοῦμεν πῶς προνοοῦσιν· οὕτως οὖν εἰδότες
εἶναι
καὶ ἕνωσιν καὶ διάκρισιν ἐν τοῖς εἴδεσι, ζητοῦμεν πῶς ἐστίν· οὕτω γὰρ ἡμῖν
ζητοῦσιν ὑπάρξει τὸ ἑνοποιὸν αἴτιον ἀνευρεῖν τῶν νοητῶν·
δεῖ γὰρ τῆς μίξεως εἶναι μίαν αἰτίαν, ὥσπερ
τῆς κοινωνίας τῶν αἰσθητῶν τὰ νοητὰ αἴτιά
ἐστιν· αἱ γὰρ ἐν τούτοις κοινωνίαι μονάδες ἀπ´
ἐκείνων ἥκουσι. Καὶ οὗτος μὲν ὁ σύμπας τῶν
λέξεων νοῦς· περὶ δὲ τῆς παντοδαποῦς διαπλοκῆς εἴρηται πρότερον καὶ ὅτι τὰ
σύστοιχα ἀλλήλοις μίγνυται, καὶ τὰ καταδεέστερα τοῖς
ὑψηλοτέροις κοινωνεῖ, καὶ τὰ κρείττω μεταδίδωσιν ἑαυτῶν τοῖς ὑφειμένοις, καὶ
ἕκαστον διακρίνεται ἀφ´ ἑαυτοῦ καὶ συγκρίνεται πρὸς ἑαυτό·
καὶ ταῦτα φιλοσόφως μὲν διαπλοκὰς ὀνομάσεις,
θεολογικῶς δὲ γάμους ἱεροὺς, καὶ τὰς κοινὰς
αὐτῶν ἀπογεννήσεις τόκους· οὕτω δὲ καὶ αὐτὸς
ἐν Σοφιστῇ, ταὐτὰ δὲ καὶ ὁ ἐν Φιλήβῳ Σωκράτης ἔλεγε θαυμάσασθαι, εἴ τις ἀπὸ
τῶν αἰσθητῶν ἐπὶ τὰς μονάδας ἀναδράμοι τῶν εἰδῶν, καὶ
ἐπιδείξοι ἓν οὖσαν ἐκείνων ἑκάστην καὶ πλῆθος.
| [2b,53] § 53. « Je suis très fermement d'avis que toutes les raisons que tu viens d'exposer, sont graves et fortes, et cependant je n'en serais que plus charmé, si quelqu'un pouvait montrer cette même difficulté: pénétrant de toutes sortes de manières dans le tissu des espèces elles-mêmes, dans les choses que la raison seule perçoit, comme vous l'avez fait voir dans les choses sensibles ».
Toute l'intention de Socrate et tout le but des discours qui ont été précédemment tenus, sont contenus dans ces mots : car dans ces mots il loue Zénon, comme ayant traité avec une grande énergie son sujet, non seulement parce qu'il a réfuté, sans déguisement, l'absurdité de ceux qui soutiennent la thèse de la pluralité, mais par ce qu'il prend vis-à-vis de Parménide le rôle d'un auxiliaire vis-à-vis du soldat de garde et encore parce qu'il dit qu'il n'a écrit son ouvrage que par émulation ; car il a changé le mot : par émulation en celui de gravement et fortement ; c'est-à-dire qu'il est passé d'une impression toute passive, à une qualité et une vertu. Et comment autrement aurait-il convenu à un jeune homme d'entreprendre une discussion avec un homme si supérieur ? Il loue donc, comme je le disais, le traité de Zénon avec une certaine insistance qui éclate, à tous les yeux. Ensuite il transporte l'examen des choses visibles aux choses invisibles : car il a été démontré que même dans les choses visibles, il y a une sorte de monades. Car si Zénon a soutenu de toute pluralité qu'elle n'est pas, séparée de l'un, soit qu'on pose la pluralité intelligible, ou la pluralité objet de l'entendement réfléchissant, ou la pluralité sensible ; il n'a pas en effet ajouté aux plusieurs de détermination qualitative ; mais en se bornant à poser les plusieurs, il a montré chacune des absurdités qui en résultent, — cependant le grand public auquel son traité s'adresse, a cru que la discussion portait exclusivement sur les choses visibles individuelles. Admettons donc qu'il a été démontré au grand public que, dans les choses visibles il y a une sorte de monades qui forment les liens qui rattachent ensemble la pluralité : Eh bien ! dit Socrate, montrez-moi donc de même dans les intelligibles aussi la communauté des espèces afin que de même que vous avez montré au grand public, que les espèces visibles sont un et plusieurs, de même vous nous montriez que là-haut elles sont toutes mêlées les unes avec les autres et toutes distinguées les unes des autres. Socrate est donc prêt à dire qu'il est persuadé que les plusieurs intelligibles sont nécessairement unifiés les uns aux autres, en tant qu'ils sont indéfinis et indéterminés ; mais comment a lieu cette unification, c'est là ce qu'il cherche. Car leur simplicité soulève la question embarrassante, de savoir s'ils sont à la fois unifiés et séparés, les choses visibles, en tant que composées, étant manifestement connues comme admettant les deux à la fois. Ce n'est donc pas la question s'ils sont unifiés et distingués, qu'il pose, mais comment ces genres peuvent être rationnellement admis dans les intelligibles comme ils le sont dans les visibles. Car tout en sachant que beaucoup de choses sont possibles, nous en recherchons le comment : par exemple, nous savons que les dieux sont doués de la providence et qu'ils connaissent en général ce qui peut arriver ; mais nous nous demandons comment ils peuvent avoir cette providence. De même donc, sachant qu'il y a dans les espèces union et distinction, nous nous demandons comment cela est; car c'est en le recherchant que nous trouverons la cause qui fait l'unité des espèces. Il faut en effet qu'il y ait une cause une du mélange, comme les intelligibles sont causes de la communauté des sensibles. Car les communautés dans ceux-ci sont des monades qui viennent de ceux-là. Tel est donc le sens dé tout le contexte. En ce qui concerne la diversité des modes de cette connexion, il a été dit antérieurement que les espèces placées au même rang se mêlent les unes aux autres : que les plus pauvres ont quelque communauté avec les plus élevées, que les meilleures communiquent a leurs inférieures quelque chose d'elles-mêmes ; que chacune est distincte d'elle-même et mêlée avec elle-même. Dans la langue philosophique tu pourras appeler cela des connexions ; dans la langue théologique, des Saints mariages et les générations communes qui en résultent, des Fruits, g-tokous. Et c'est ainsi que lui-même dans le Sophiste, et Socrate dans le Philèbe dit qu'il admirerait également celui qui remonterait des choses sensibles aux monades des espèces, et prouverait que chacune de celles-ci est un et pluralité.
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