| [4,21] οἱ γὰρ δὴ
πρὸς τὰ ἐκ τῶν ἐθνῶν ἡμῖν παρατεθέντα νόμιμα
ἀντιπαράγοντες Νομάδας ἢ Τρωγλοδύτας ἢ Ἰχθυοφάγους 
ἀγνοοῦσιν ὡς δι´ ἀνάγκην, τῆς χώρας ἀκάρπου
οὔσης ἐπὶ τοσοῦτον ὡς μηδὲ βοτάνας φέρειν, θῖνας
δὲ μόνον καὶ ψάμμον, ἐπὶ τοῦτο περιέστησαν τῆς
τροφῆς {τὸ ἀναγκαῖον}. τεκμηριοῖ δὲ τὸ τῆς ἀνάγκης
τὸ μηδὲ τῷ πυρὶ χρῆσθαι δύνασθαι ἀπορίᾳ καυσίμου
ὕλης, ἐπὶ δὲ τῶν πετρῶν ἀφαυαίνειν ἢ τῆς θινὸς
τοὺς ἰχθῦς. καὶ οὗτοι μὲν δι´ ἀνάγκην· τινὰ δὲ τῶν
ἐθνῶν ἐξηγρίωται καὶ ἔστι φύσει θηριώδη, ἐξ ὧν οὐ
προσήκει τοὺς εὐγνώμονας τῆς ἀνθρωπίνης καταψεύδεσθαι 
φύσεως· ἐπεὶ οὕτω γε ἀμφισβητήσιμον ἔσται 
οὐ μόνον τὸ τῆς ζῳοφαγίας, ἀλλὰ καὶ τὸ τῆς ἀνθρωποφαγίας 
καὶ τῆς ἄλλης ἡμερότητος. ἱστοροῦνται γοῦν
Μασσαγέται καὶ Δέρβικες ἀθλιωτάτους ἡγεῖσθαι τῶν
οἰκείων τοὺς αὐτομάτως τελευτήσαντας. διὸ καὶ φθάσαντες 
καταθύουσιν καὶ ἑστιῶνται τῶν φιλτάτων τοὺς γεγηρακότας. 
Τιβαρηνοὶ δὲ ζῶντας κατακρημνίζουσι τοὺς
ἐγγυτάτω γέροντας· Ὑρκάνιοι δὲ καὶ Κάσπιοι οἳ μὲν
οἰωνοῖς καὶ κυσὶ παραβάλλουσι ζῶντας, οἳ δὲ τεθνεῶτας· 
Σκύθαι δὲ συγκατορύττουσι ζῶντας καὶ ἐπισφάττουσι 
ταῖς πυραῖς οὓς ἠγάπων οἱ τεθνεῶτες μάλιστα·
καὶ Βάκτριοι μέντοι κυσὶ παραβάλλουσι ζῶντας τοὺς
γεγηρακότας. καὶ τοῦτ´ ἐπιχειρήσας καταλῦσαι Στασάνωρ 
ὁ Ἀλεξάνδρου ὕπαρχος μικροῦ τὴν ἀρχὴν ἀπέβαλεν. 
ἀλλ´ ὥσπερ οὐ διὰ τούτους τὴν πρὸς τοὺς
ἀνθρώπους ἡμερότητα κατελύσαμεν, οὕτως οὐδὲ τὰ
δι´ ἀνάγκην σαρκοφαγοῦντα ἔθνη μιμησόμεθα, τὰ δὲ
εὐσεβῆ καὶ θεοῖς μᾶλλον ἀνακείμενα. τὸ γὰρ κακῶς
ζῆν καὶ μὴ φρονίμως καὶ σωφρόνως καὶ ὁσίως Δημοκράτης 
ἔλεγεν οὐ κακῶς ζῆν εἶναι, ἀλλὰ πολὺν χρόνον ἀποθνῄσκειν. 
 | [4,21] XXI. Ceux qui pour répondre aux exemples tirés 
de diverses nations que nous avons rapportés 
nous opposent les Nomades, les Troglodytes les 
Ichtyophages, ne savent pas que c'est par 
nécessité que ces peuples en sont venus à 
manger de la chair : leur pays ne produisait aucun 
fruit et était si stérile qu'on n'y voyait pas même de 
l'herbe, ce n'était que des fables. Une preuve 
sensible de la méchanceté de leur terrain, c'est 
qu'ils ne pouvaient pas faire de feu, faute de 
matière combustible. Ils mettaient leurs poissons 
sécher sur des pierres et sur le rivage. Ce fut donc 
par nécessité qu'ils mangèrent des animaux. Il y a 
outre cela des nations naturellement si féroces 
que ce n'est point par elles que les gens sensés 
doivent juger de la nature humaine. Autrement on 
mettrait en question non seulement si l'on peut 
manger des animaux, mais aussi si l'on peut 
manger des hommes, et faire plusieurs autres 
actes de cruauté. On rapporte que les Massagètes 
et les Derbices regardent comme très malheureux 
ceux de leurs parents qui meurent d'une mort 
naturelle ; et pour prévenir ce malheur, lorsque 
leurs meilleurs amis deviennent vieux, ils les tuent 
et les mangent. Les Tibaréniens précipitent ceux 
qui sont prêts d'entrer dans la vieillesse. Les 
Hyrcaniens et les Caspiens les exposent aux 
oiseaux et aux chiens. Les Hyrcaniens n'attendent 
pas même qu'ils soient morts : mais les Caspiens 
leur laissent rendre le dernier soupir. Les Scythes 
les enterrent vivants; et ils égorgent sur le bûcher 
ceux que les morts ont aimés davantage. Les 
Bactriens jettent aux chiens les vieillards vivants. 
Stasanor qu'Alexandre avait nommé gouverneur 
de cette province, fut sur le point de perdre son 
gouvernement, parce qu'il voulut abolir cette 
coutume. Comme ces mauvais exemples ne 
doivent pas nous faire renoncer aux devoirs de 
l'humanité, aussi ne devons-nous pas suivre les 
exemples des nations, que la nécessité a 
déterminées à manger de la chair. Nous ferions 
bien mieux d'imiter les peuples vertueux, qui n'ont 
cherché qu'à plaire aux dieux ; car de vivre sans 
suivre les principes de la prudence, de la sagesse 
et de la piété, c'est plutôt mourir pendant 
longtemps que mal vivre, ainsi que disait Démocharès.
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