[4,22] λοιπὸν δὲ καὶ κατὰ ἄνδρα ὀλίγας
μαρτυρίας τῆς ἀποχῆς παραφέρωμεν· ἓν γὰρ καὶ τοῦτ´
ἦν τῶν ἐγκλημάτων. τῶν τοίνυν Ἀθήνησι νομοθετῶν
Τριπτόλεμον παλαιότατον παρειλήφαμεν· περὶ οὗ
Ἕρμιππος ἐν δευτέρῳ περὶ τῶν νομοθετῶν γράφει
ταῦτα· φασὶ δὲ καὶ Τριπτόλεμον Ἀθηναίοις νομοθετῆσαι,
καὶ τῶν νόμων αὐτοῦ τρεῖς ἔτι Ξενοκράτης ὁ
φιλόσοφος λέγει διαμένειν Ἐλευσῖνι τούσδε· γονεῖς
τιμᾶν, θεοὺς καρποῖς ἀγάλλειν, ζῷα μὴ σίνεσθαι.
τοὺς μὲν οὖν δύο καλῶς παραδοθῆναι· δεῖ γὰρ τοὺς
μὲν γονεῖς εὐεργέτας ἡμῶν γεγενημένους ἀντ´ εὖ
ποιεῖν ἐφ´ ὅσον ἐνδέχεται, τοῖς θεοῖς δὲ ἀφ´ ὧν ἔδωκαν
ἡμῖν {ὠφελίμων} εἰς τὸν βίον ἀπαρχὰς ποιεῖσθαι·
περὶ δὲ τοῦ τρίτου διαπορεῖ, τί ποτε διανοηθεὶς ὁ
Τριπτόλεμος παρήγγειλεν ἀπέχεσθαι τῶν ζῴων.
πότερον γάρ, φησίν, ὅλως οἰόμενος εἶναι δεινὸν τὸ
ὁμογενὲς κτείνειν ἢ συνιδὼν ὅτι συνέβαινεν ὑπὸ τῶν
ἀνθρώπων τὰ χρησιμώτατα τῶν ζῴων εἰς τροφὴν
ἀναιρεῖσθαι; βουλόμενον οὖν ἥμερον ποιῆσαι τὸν βίον
πειραθῆναι καὶ τὰ συνανθρωπεύοντα καὶ μάλιστα τῶν
ζῴων ἥμερα διασῴζειν. εἰ μὴ ἄρα διὰ τὸ προστάξαι
τοῖς καρποῖς τοὺς θεοὺς τιμᾶν ὑπολαβὼν μᾶλλον ἂν
διαμεῖναι τὴν τιμὴν ταύτην, εἰ μὴ γίγνοιντο τοῖς
θεοῖς διὰ τῶν ζῴων θυσίαι. πολλὰς δὲ αἰτίας τοῦ
Ξενοκράτους καὶ ἄλλας οὐ πάνυ ἀκριβεῖς ἀποδιδόντος
ἡμῖν αὔταρκες τοσοῦτον ἐκ τῶν εἰρημένων, ὅτι τοῦτο
νενομοθέτητο ἐκ τοῦ Τριπτολέμου. ὅθεν ὕστερον
παρανομοῦντες, ὅτε ἥψαντο τῶν ζῴων μετὰ πολλῆς
ἀνάγκης καὶ ἁμαρτημάτων ἀκουσίων, ὥσπερ ἐπεδείξαμεν,
ἐπὶ τοῦτο πεπτώκασιν. ἐπεὶ καὶ Δράκοντος νόμος
μνημονεύεται τοιοῦτος, θεσμὸς αἰώνιος τοῖς Ἀτθίδα
νεμομένοις, {κύριος τὸν ἅπαντα χρόνον,} θεοὺς τιμᾶν
καὶ ἥρωας ἐγχωρίους ἐν κοινῷ ἑπομένοις νόμοις πατρίοις,
ἰδίᾳ κατὰ δύναμιν, σὺν εὐφημίᾳ καὶ ἀπαρχαῖς
καρπῶν πελάνους ἐπετείους· τοῦ νόμου ἀπαρχαῖς καρπῶν,
οἷς χρῆται ὁ ἄνθρωπος, τιμᾶν τὸ θεῖον προστάττοντος
καὶ πελάνοις ---.
| [4,22] XXII. Il nous reste à rapporter encore quelques
témoignages d'hommes célèbres en faveur de
l'abstinence. Car un des reproches que l'on nous
fait, est que nous en manquons. Nous savons que
Triptolème est le plus ancien législateur des
Athéniens. Voici ce qu'en dit Hermippe dans le
second livre des législateurs. On prétend que
Triptolème fit des lois pour les Athéniens. Le
philosophe Xénocrate assure qu'il y en a encore
trois qui subsistent à Eleusine. Les voici :
respectez vos parents, honorez les dieux par
l'offrande des fruits, ne faites point de mal aux
animaux. Les deux premières sont fondées en
bonnes raisons. Il faut faire tout le bien dont nous
sommes capables, à nos pères et mères. C'est
leur rendre ce qui leur est dû : ils sont nos
bienfaiteurs. C'est aussi un devoir de rendre aux
dieux les prémices des biens qu'ils nous ont
donnés. Quant au troisième, Xénocrate est en
doute de ce que pensait Triptolème lorsqu'il
ordonnait de s'abstenir des animaux. Est-ce, dit il,
qu'il croyait que c'était une chose trop cruelle, de
tuer ce qui est de même espèce que nous ? Ou
voyant que les hommes faisaient mourir, pour
servir à leur nourriture, les animaux les plus utiles,
voulait-il adoucir leurs moeurs, en essayant de les
engager à ne faire aucun mal aux animaux qui
vivent avec eux et surtout à ceux qui sont d'un
caractère doux ? Peut-être aussi qu'après avoir
ordonné d'offrir aux dieux les fruits de la terre, il
s'est imaginé que cette loi serait mieux observée,
si l'on ne sacrifiait pas des animaux aux dieux.
Xénocrate rapporte plusieurs autres raisons de
cette loi, qui ne sont pas trop vraisemblables. Il
nous suffit qu'il en résulte, que Triptolème a
défendu de toucher aux animaux. Ceux qui dans
la suite violèrent cette loi, ne le firent que par une
grande nécessité et ne commirent ce péché que
comme malgré eux, ainsi que nous l'avons déjà
remarqué. Parmi les lois de Dracon, il y en a une
conçue en ces termes. Règlement qui doit être
éternellement observé par ceux qui habiteront à
jamais l'Attique : on respectera les dieux et les
héros du pays suivant les lois reçues, chacun
selon son pouvoir ; on publiera leurs louanges ; on
leur offrira les prémices des fruits et des gâteaux
de toutes les saisons.
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