HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Porphyre, De l'abstinence, livre IV

Chapitre 2

  Chapitre 2

[4,2] ἀρξώμεθα δ´ ἀπὸ τῆς κατὰ ἔθνη τινῶν ἀποχῆς, ὧν ἡγήσονται τοῦ λόγου οἱ Ἕλληνες, ὡς ἂν τῶν μαρτυρούντων ὄντες οἰκειότατοι. τῶν τοίνυν συντόμως τε ὁμοῦ καὶ ἀκριβῶς τὰ Ἑλληνικὰ συναγαγόντων ἐστὶν καὶ περιπατητικὸς Δικαίαρχος, ὃς τὸν ἀρχαῖον βίον τῆς Ἑλλάδος ἀφηγούμενος, τοὺς παλαιοὺς καὶ ἐγγὺς θεῶν φησὶ γεγονότας, βελτίστους τε ὄντας φύσει καὶ τὸν ἄριστον ἐζηκότας βίον, ὡς χρυσοῦν γένος νομίζεσθαι µ παραβαλλομένους πρὸς τοὺς νῦν, κιβδήλου καὶ φαυλοτάτης ὑπάρχοντας ὕλης, μηδὲν φονεύειν ἔμψυχον. δὴ καὶ τοὺς ποιητὰς παριστάντας χρυσοῦν μὲν ἐπονομάζειν γένος, ἐσθλὰ δὲ πάντα, λέγειν, τοῖσιν ἔην· καρπὸν δ´ ἔφερεν ζείδωρος ἄρουρα αὐτομάτη πολλόν τε καὶ ἄφθονον· οἳ δ´ ἐθελημοὶ ἥσυχοι ἔργ´ ἐνέμοντο σὺν ἐσθλοῖσιν πολέεσσιν. δὴ καὶ ἐξηγούμενος Δικαίαρχος τὸν ἐπὶ Κρόνου βίον τοιοῦτον εἶναι φησίν· εἰ δεῖ λαμβάνειν μὲν αὐτὸν ὡς γεγονότα καὶ μὴ μάτην ἐπιπεφημισμένον, τὸ δὲ λίαν μυθικὸν ἀφέντας, εἰς τὸ διὰ τοῦ λόγου φυσικὸν ἀνάγειν. αὐτόματα μὲν γὰρ πάντα ἐφύετο, εἰκότως· οὐ γὰρ αὐτοί γε κατεσκεύαζον οὐθὲν διὰ τὸ μήτε τὴν γεωργικὴν ἔχειν πω τέχνην μήθ´ ἑτέραν μηδεμίαν ἁπλῶς. τὸ δ´ αὐτὸ καὶ τοῦ σχολὴν ἄγειν αἴτιον ἐγίγνετο αὐτοῖς καὶ τοῦ διάγειν ἄνευ πόνων καὶ μερίμνης, εἰ δὲ τῇ τῶν γλαφυρωτάτων ἰατρῶν ἐπακολουθῆσαι δεῖ διανοίᾳ, καὶ τοῦ μὴ νοσεῖν. οὐθὲν γὰρ εἰς ὑγίειαν αὐτῶν μεῖζον παράγγελμα εὕροι τις ἂν τὸ μὴ ποιεῖν περιττώματα, ὧν διὰ παντὸς ἐκεῖνοι καθαρὰ τὰ σώματα ἐφύλαττον. οὔτε γὰρ τῆς φύσεως ἰσχυροτέραν τροφὴν {ἀλλ´ ἧς φύσις ἰσχυροτέρα} προσεφέροντο, οὔτε τὴν πλείω τῆς μετρίας διὰ τὴν ἑτοιμότητα, ἀλλ´ ὡς τὰ πολλὰ τὴν ἐλάττω {τῆς ἱκανῆς} διὰ τὴν σπάνιν. ἀλλὰ μὴν οὐδὲ πόλεμοι αὐτοῖς ἦσαν οὐδὲ στάσεις πρὸς ἀλλήλους· ἆθλον γὰρ οὐθὲν ἀξιόλογον ἐν τῷ μέσῳ προκείμενον ὑπῆρχεν, ὑπὲρ ὅτου τις ἂν διαφορὰν τοσαύτην ἐνεστήσατο. ὥστε τὸ κεφάλαιον εἶναι τοῦ βίου συνέβαινεν σχολήν, ῥᾳθυμίαν ἀπὸ τῶν ἀναγκαίων, ὑγίειαν, εἰρήνην, φιλίαν. τοῖς δὲ ὑστέροις ἐφιεμένοις μεγάλων καὶ πολλοῖς περιπίπτουσι κακοῖς ποθεινὸς εἰκότως ἐκεῖνος βίος ἐφαίνετο. δηλοῖ δὲ τὸ λιτὸν τῶν πρώτων καὶ αὐτοσχέδιον τῆς τροφῆς τὸ μεθύστερον ῥηθὲν ἅλις δρυός, τοῦ μεταβάλλοντος πρώτου, οἷα εἰκός, τοῦτο φθεγξαμένου. ὕστερον νομαδικὸς εἰσῆλθεν βίος, καθ´ ὃν περιττοτέραν ἤδη κτῆσιν προσπεριεβάλοντο καὶ ζῴων ἥψαντο, κατανοήσαντες ὅτι τὰ μὲν ἀσινῆ ἐτύγχανεν ὄντα, τὰ δὲ κακοῦργα καὶ χαλεπά· καὶ οὕτω δὴ τὰ μὲν ἐτιθάσευσαν, τοῖς δὲ ἐπέθεντο, καὶ ἅμα τῷ αὐτῷ βίῳ συνεισῆλθεν πόλεμος. καὶ ταῦτα, φησίν, οὐχ ἡμεῖς, ἀλλ´ οἱ τὰ παλαιὰ ἱστορίᾳ διεξελθόντες εἰρήκασιν. ἤδη γὰρ ἀξιόλογα κτήματα ἦν ὑπάρχοντα, οἳ μὲν ἐπὶ τὸ παρελέσθαι φιλοτιμίαν ἐποιοῦντο, ἀθροιζόμενοί τε καὶ παρακαλοῦντες ἀλλήλους, οἳ δ´ ἐπὶ τὸ διαφυλάξαι. προϊόντος δὲ κατὰ μικρὸν οὕτω τοῦ χρόνου, κατανοοῦντες ἀεὶ τῶν χρησίμων εἶναι δοκούντων, εἰς τὸ τρίτον τε καὶ γεωργικὸν ἐνέπεσον εἶδος. ταυτὶ μὲν Δικαιάρχου τὰ παλαιὰ τῶν Ἑλληνικῶν διεξιόντος μακάριόν τε τὸν βίον ἀφηγουμένου τῶν παλαιοτάτων, ὃν οὐχ ἧττον τῶν ἄλλων καὶ ἀποχὴ τῶν ἐμψύχων συνεπλήρου. διὸ πόλεμος οὐκ ἦν, ὡς ἂν ἀδικίας ἐξεληλαμένης· συνεισῆλθεν δὲ ὕστερον καὶ πόλεμος καὶ εἰς ἀλλήλους πλεονεξία ἅμα τῇ τῶν ζῴων ἀδικίᾳ. καὶ θαυμαστὸν τῶν τολμησάντων τὴν ἀποχὴν τῶν ζῴων ἀδικίας μητέρα εἰπεῖν, τῆς ἱστορίας καὶ τῆς πείρας ἅμα τῷ φόνῳ αὐτῶν τρυφήν τε καὶ πόλεμον καὶ ἀδικίαν συνεισελθεῖν μηνυούσης. [4,2] II. Nous commencerons par parler de quelques peuples qui se sont abstenus de la nourriture des animaux. Les Grecs seront les premiers, parce que nous connaissons mieux ceux qui nous ont appris leurs usages. Dicéarque le Péripatéticien, qui est un de ceux qui a fait l'abrégé le plus exact des moeurs des Grecs, assure que les anciens qui étaient plus près des dieux que nous étaient aussi meilleurs que nous, qu'ils travaillaient à se rendre parfaits, de sorte qu'on les regarde comme faisant l'âge d'or, comparés aux hommes d'à présent, qui sont formés d'une matière corrompue. Ils ne tuaient rien d'animé. C'est pour cela que les poètes ont appelé ce siècle l'âge d'or. La terre d'elle-même leur produisait des fruits en abondance. Tranquilles et menant une vie pacifique, ils travaillaient avec leurs compagnons qui étaient tous gens de bien. Dicéarque raisonnant à ce sujet, prétend que c'est ainsi que l'on vivait du temps de Saturne, si l'on doit croire qu'il ait existé, et que ce qu'on dit de lui, ne soit pas fabuleux ni allégorique. La terre produisait sans être cultivée. Les hommes n'étaient point obligés d'user de précaution pour se procurer des vivres. Les arts étaient inconnus, et on ne savait encore ce que c'était que labourer la terre. Il arrivait de là que les hommes menaient une vie tranquille, sans travail, sans inquiétude, et même sans maladie, s'il faut s'en rapporter à ce que disent les plus habiles médecins. Car quelle meilleure recette pour la santé que d'éviter les plénitudes auxquelles il n'étaient nullement sujets, n'usant jamais que des aliments moins forts que leur nature, toujours avec modération malgré l'abondance, comme s'ils en avaient eu disette ? C'est pourquoi l'on ne voyait chez eux ni guerre, ni sédition. Il n'y avait aucune raison qui pût occasionner chez eux des différends ; de sorte que toute leur vie se passait dans le repos et dans la tranquillité. Ils se portaient bien, ils vivaient en paix et s'aimaient. Leurs descendants étant devenus ambitieux, éprouvèrent de grands malheurs et regrettèrent avec raison le genre de vie de leurs ancêtres. Le proverbe, assez de gland, qui fut en usage dans la suite, prouve la frugalité des premiers temps et la facilité de se procurer des vivres sur le champ car il y a apparence que c'est celui qui a donné l'origine à ce proverbe, qui a changé la première façon de vivre. Vint ensuite la vie pastorale, pendant laquelle on fit plus d'acquisition que l'on n'avait de besoins, et l'on toucha aux animaux. On remarqua qu'il y en avait qui ne faisaient point de mal, que d'autres étaient méchants et dangereux. On chercha à apprivoiser les premiers et à se défaire des autres. Ce fut pendant ce siècle que la guerre s'introduisit chez les hommes. Ce n'est pas moi qui avance ces faits : on peut les voir dans les historiens. Il y avait déjà des richesses, dont on faisait beaucoup d'estime; on chercha à se les enlever et pour y réussir on s'attroupait. Les uns attaquaient et les autres se défendaient, pour conserver ce qu'ils avaient. Peu de temps après les hommes faisant réflexion sur ce qu'ils croyaient être de leur utilité, en vinrent au troisième genre de vie, c'est-à-dire à l'agriculture. Voilà ce que nous apprend Dicéarque, lorsqu'il traite des moeurs des anciens Grecs, et qu'il fait l'histoire de l'heureuse vie des premiers temps, à laquelle contribuait beaucoup l'abstinence des viandes. Il n'y avait point de guerre, parce que l'injustice était bannie de dessus la terre. Ensuite parut la guerre avec l'avidité, et l'on commença à faire violence aux animaux. C'est pourquoi on ne peut être trop surpris de la hardiesse de ceux qui ont osé avancer, que l'abstinence des animaux est la mère de l'injustice, puisque l'histoire et l'expérience nous apprennent que dès qu'on eut commencé à les tuer, le luxe, la guerre et l'injustice s'introduisirent dans le monde.


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Dernière mise à jour : 16/10/2008