[4,18] αὐτοὶ δὲ οὕτω πρὸς θάνατον διάκεινται, ὡς τὸν μὲν
τοῦ ζῆν χρόνον ὥσπερ ἀναγκαίαν τινὰ τῇ φύσει λειτουργίαν
ἀκουσίως ὑπομένειν, σπεύδειν δὲ τὰς ψυχὰς ἀπολῦσαι τῶν
σωμάτων. καὶ πολλάκις, ὅταν εὖ ἔχειν σκήψωνται,
μηδενὸς αὐτοὺς ἐπείγοντος κακοῦ {μηδὲ ἐξελαύνοντος}
ἐξίασι τοῦ βίου, προειπόντες μέντοι τοῖς ἄλλοις· καὶ
ἔστιν οὐδεὶς ὁ κωλύσων, ἀλλὰ πάντες αὐτοὺς εὐδαιμονίζοντες
πρὸς τοὺς οἰκείους τῶν τεθνηκότων ἐπισκήπτουσί
τινα. οὕτως βεβαίαν καὶ ἀληθεστάτην αὐτοί
τε καὶ οἱ πολλοὶ ταῖς ψυχαῖς τὴν μετ´ ἀλλήλων εἶναι
δίαιταν πεπιστεύκασιν. οἳ δ´ ἐπειδὰν ὑπακούσωσι τῶν
ἐντεταλμένων αὐτοῖς, πυρὶ τὸ σῶμα παραδόντες, ὅπως
δὴ καθαρωτάτην ἀποκρίνωσι τοῦ σώματος τὴν ψυχήν,
ὑμνούμενοι τελευτῶσιν· ῥᾷον γὰρ ἐκείνους εἰς τὸν
θάνατον οἱ φίλτατοι ἀποπέμπουσιν ἢ τῶν ἄλλων ἀνθρώπων
ἕκαστοι τοὺς πολίτας εἰς μηκίστας ἀποδημίας.
καὶ σφᾶς μὲν αὐτοὺς δακρύουσιν ἐν τῷ ζῆν διαμένοντας,
ἐκείνους δὲ μακαρίζουσιν τὴν ἀθάνατον λῆξιν
ἀπολαμβάνοντας, καὶ οὐδεὶς οὔτε παρὰ τούτοις οὔτε
παρὰ τοῖς ἄλλοις τοῖς εἰρημένοις σοφιστὴς προελθών,
οἷοι βροτοὶ νῦν παρ´ Ἕλλησιν, ἀπορεῖν ἔδοξε λέγων,
ἐὰν ὑμᾶς πάντες μιμήσωνται, τί ἡμῖν ἔσται; οὐδὲ διὰ
τούτους συνεχύθη τὰ τῶν ἀνθρώπων· οὔτε γὰρ ἐμιμήσαντο
πάντες, οἵ τε μιμούμενοι εὐνομίας μᾶλλον,
οὐ συγχύσεως τοῖς ἔθνεσι γεγόνασιν αἴτιοι. καὶ μὴν
οὐδὲ ὁ νόμος τούτους ἠνάγκασεν, ἀλλὰ τοῖς ἄλλοις
ἐπιτρέψας σιτεῖσθαι κρέασι τούτους αὐτονόμους εἴασε
καὶ ἐσέφθη ὡς αὑτοῦ κρείττονας, οὐ μὴν ὡς ἀδικίας
κατάρχοντας ὑπήγαγε τῇ παρ´ αὑτοῦ δίκῃ {ἀλλὰ τοὺς
ἑτέρους}. πρὸς μέντοι τοὺς ἐρωτῶντας ‘τί ἔσται μιμησαμένων
πάντων τοὺς τοιούτους;’ ῥητέον τὸ τοῦ
Πυθαγόρου· καὶ γὰρ βασιλέων πάντων γενομένων
δυσδιέξακτος ὁ βίος, φησίν, ἔσται, καὶ οὐ δήπου
φευκτέον τὸ τῆς βασιλείας· καὶ σπουδαίων ἁπάντων
ὄντων οὐκ ἔστιν εὑρεῖν πολιτείας διέξοδον τηροῦντας
τὴν ἀξίαν τῇ σπουδαιότητι, καὶ οὐ δήπου τοσοῦτον
ἄν τις μανείη, ὡς μὴ πᾶσιν ἐπιβάλλειν ἡγεῖσθαι σπουδαίοις
εἶναι προθυμεῖσθαι. πολλὰ μέντοι καὶ ἄλλα ὁ
νόμος τῷ μὲν χυδαίῳ συνεχώρησεν, οὐχ ὅτι δὲ φιλοσόφῳ,
ἀλλ´ οὐδὲ τῷ καλῶς πολιτευομένῳ ἐπέτρεψεν.
οὐδὲ γὰρ ἐκ πάσης τέχνης παραδέξαιτ´ ἂν εἰς τὸ
πολίτευμα, καίτοι οὐκ ἐκώλυσε μετιέναι τὰς τέχνας,
οὐδ´ ἐκ παντὸς ἐπιτηδεύματος, καὶ ὅμως τοὺς ἐκ τῶν
βαναύσων ἄρχειν ἀπείργει, ὅλως τε ἐν οἷς δικαιοσύνης
χρεία καὶ τῆς ἄλλης ἀρετῆς, τῆς προστατείας
κωλύει. ἐπεὶ οὐδ´ ἑταίραις ὁμιλεῖν ἀπαγορεύει τοῖς
πολλοῖς, ἀλλὰ καὶ πραττόμενος τὰς ἑταίρας τὸ μίσθωμα,
ἐπονείδιστον ἡγεῖται μετρίοις ἀνδράσι καὶ αἰσχρὰν τὴν
πρὸς ταύτας ὁμιλίαν· τό τ´ ἐν καπηλείοις διαζῆν οὐ
κεκώλυκεν ὁ νόμος, καὶ ὅμως ἐπονείδιστον τῷ μετρίῳ.
τοιοῦτον οὖν τι καὶ τὸ ἐπὶ τῆς διαίτης φαίνεται· καὶ
οὐχ ἥτις τοῖς πολλοῖς συγκεχώρηται, ταύτην ἄν τις
καὶ τοῖς βελτίστοις συγχωρήσειεν. φιλοσοφῶν δὲ ἀνὴρ
μάλιστ´ ἂν τοὺς ἱεροὺς ἑαυτῷ ὑπογράψειε νόμους,
οὓς θεοί τε καὶ ἄνθρωποι ἀφώρισαν θεοῖς ἑπόμενοι.
οἱ δ´ ἱεροὶ πεφήνασι νόμοι κατὰ ἔθνη καὶ κατὰ πόλεις
ἁγνείαν μὲν προστάττοντες, ἐμψύχων δὲ βρῶσιν
ἀπαγορεύοντες τοῖς ἱερεῦσιν, ἤδη δὲ καὶ εἰς πλῆθος πίνειν
κωλύοντες, ἢ δι´ εὐσέβειαν ἢ διά τινας βλάβας ἐκ τῆς
τροφῆς· ὥστε ἢ τοὺς ἱερέας μιμητέον ἢ πᾶσι πειστέον
τοῖς νομοθέταις. ἑκατέρως γὰρ πάντων ἀφεκτέον τὸν
νόμιμόν τε τελείως καὶ εὐσεβῆ· εἰ γὰρ κατὰ μέρος
τινὲς δι´ εὐσέβειάν τινων ἀπέχονται, ὁ πρὸς πάντα
εὐσεβὴς πάντων ἀφέξεται.
| [4,18] XVIII. Ils sont disposés à l'égard de la mort de
façon qu'ils regardent le temps de la vie comme
une malheureuse nécessité à laquelle il faut se
prêter malgré soi pour se conformer à l'intention
de la nature. Ils souhaitent avec empressement
que leurs âmes soient délivrées de leurs corps. Il
arrive souvent, que lorsqu'ils paraissent se bien
porter et n'avoir aucun sujet de chagrin, ils sortent
de la vie : ils en avertissent les autres ; personne
ne les en empêche. Au contraire on les regarde
comme très heureux, et on leur donne quelque
commission pour les amis qui sont morts: tant ils
sont persuadés que les âmes subsistent, toujours
et conservent entre elles un commerce continuel.
Après qu'ils ont reçu les commissions qu'on leur a
données, ils livrent leurs corps pour être brûlés,
parce qu'ils croient que c'est la façon la plus pure
de séparer l'âme du corps. Ils finissent en louant
Dieu. Leurs amis ont moins de peine à les
conduire à la mort, que les autres hommes n'en
ont à voir partir leurs concitoyens pour de grands
voyages. Ils pleurent d'être réduits à vivre encore
et ils envient le sort de ceux qui ont préféré à cette
vie-ci la demeure éternelle. Nul de ceux que l'on
appelle sophistes, et dont il y a un si grand
nombre chez les Grecs ne leur vient dire : que
deviendrions-nous si tous les hommes nous
imitaient ? On ne peut pas les accuser d'avoir
introduit le désordre dans le monde par ce mépris
de la mort ; car outre que tout le monde ne suit
pas leur exemple, ceux qui les imitent ont plus
donné de preuves de leur amour pour la justice,
qu'ils n'ont introduit de confusion chez les
hommes. La loi ne leur a imposé aucune
nécessité : en permettant aux autres de manger
de la viande, elle a laissé à ceux-ci la liberté de
faire ce qu'ils voudraient. Elle les a respectés,
comme étant plus parfaits. Les punitions ne sont
pas faites pour eux, parce qu'ils ne connaissent
pas l'injustice. Quant à ceux qui demandent :
qu'arriverait-il si tous les hommes imitaient ces
philosophes ? Il faut répondre ce que disait
Pythagore: si tous les hommes devenaient rois,
qu'en arriverait-il ? Ce n'est pas cependant une
raison de fuir la royauté. Si tout le monde était
vertueux, les magistrats et les lois seraient inutiles
dans l'état. Personne n'est cependant venu encore
à cet excès de folie, de soutenir que chaque
particulier ne doit pas travailler à se rendre
vertueux. La loi tolère plusieurs choses dans le
vulgaire, qu'elle interdit au philosophe et au
citoyen vertueux. Elle n'admet point dans la
magistrature certains artisans, dont elle permet
cependant la profession. Tels font les arts serviles,
et ceux qui ne se concilient pas facilement avec la
justice et les autres vertus. Elle ne défend pas au
commun des hommes d'avoir commerce avec les
courtisanes: mais en exigeant d'elles une amende,
elle fait assez voir qu'elle regarde ce commerce
honteux pour les honnêtes gens. Elle ne défend
point de passer sa vie dans les cabarets ;
cependant un homme qui aurait médiocrement
soin de sa réputation, se le reprocherait. On doit
raisonner de même à l'égard de l'abstinence de la
chair. Ce qui est accordé par tolérance au
vulgaire, n'est pas permis pour cela à celui qui
aspire à la perfection de la vertu. Le vrai
philosophe doit se conformer aux lois que les
dieux, et les hommes qui se sont proposés les
dieux pour modèles, ont établies. Or les lois
sacrées des nations et des villes ont recommandé
la sainteté, et interdit l'usage de toutes les viandes
aux prêtres et de quelques-unes au peuple, ou par
piété, ou à cause des inconvénients qui résultaient
de cette nourriture. On ne peut donc rien faire de
mieux que d'imiter les prêtres, et d'obéir aux
législateurs ; et si l'on veut aspirer à la plus grande
perfection, on s'abstiendra de manger de tous les
animaux.
|